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Haddad Malek

Date de création: 19-06-2018 12:16
Dernière mise à jour: 19-06-2018 12:16
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CULTURE – LITTERATURE – HADDAD MALEK


Malek Haddad naquît à Constantine, le 7 juillet 1927,. Il était le fils de l’instituteur Slimane Haddad, un instituteur kabyle qui lui avait inculqué l’amour des livres et la soif de la connaissance, et c’est dans cette ville, qui l’inspire déjà, que le jeune Malek a fait ses études. Ce dernier a très tôt conscience de la culture coloniale à travers l’utilisation de la langue de Voltaire bien qu’il l’apprécie, il sait qu’il parle à la maison la langue de ses parents, tout à fait différente de celle qu’on lui apprend au lycée. Il vit la langue française à l’école comme un exil plus fort encore que l’exil en question : «L’école coloniale colonise l’âme… Chez nous, c’est vrai, chaque fois qu’on a fait un bachelier, on a fait un Français», affirmait-il, en ajoutant : «Il y a toujours eu une école entre mon passé et moi», et toujours sur le même sujet : «Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française.» En fait, Malek Haddad est l’un de nos écrivains qui a vécu le plus dans sa chair cette ambiguïté d’écrire dans la langue du colonisateur, alors qu’il défendait avec le plus de véhémence possible la liberté que réclamaient les siens pendant la guerre de Libération nationale. Pendant un court temps, il a exercé à Constantine le même métier que son père avant de s’inscrire à la faculté de droit d’Aix-en-Provence et abandonner ses études après le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954 pour travailler comme ouvrier agricole, avec son ami et frère Kateb Yacine, en Camargue. C’est l’époque où il collabore à plusieurs revues de gauche, parmi lesquelles Entretiens, Progrès et Confluents pour faire entendre la voix de l’Algérie combattante. L’homme se découvre une passion pour l’écriture et surtout la culture sous toutes ses expressions. Il travaille à la radio française et commence à écrire les plus beaux livres de sa carrière d’écrivain, un bon nombre de romans qui paraissent, entre 1958 et 1961, aux éditions Julliard et Maspero, et publie une série d’articles parus dans le journal An Nasr entre le 4 et 14 janvier 1966, dont on retiendra «Si Constantine m’était contée…». À l’Indépendance justement, il s’installe dans sa ville natale et collabore à l’hebdomadaire Atlas et à la revue Novembre, et dirige, de 1965 à 1968, la page culturelle d’An Nasr. Retourné dans son pays, il a de grands projets dans le domaine de la culture et ambitionne de donner un nouvel essor à ce secteur, c’est ainsi qu’on le retrouve à Alger, en tant que directeur de la culture au ministère de l’Information, un poste qu’il occupera de 1968 à 1972. Il fonde la revue littéraire Promesses, un espace pour les jeunes créateurs en herbe. Il est nommé, en 1974, secrétaire de l’Union des écrivains algériens. Contrairement à Kateb Yacine qui conçoit la langue française comme «un butin de guerre» qu’il faut conserver et exploiter, Malek Haddad, après avoir dit : «Nous écrivons le français, nous n’écrivons pas en français», pour souligner que la langue n’est qu’un instrument qui exclut toute aliénation culturelle, avait, sans crier gare, mis fin à ses ambitions littéraires en rompant ses liens avec la langue de l’Autre. Cette langue, qui a pourtant été son arme et sa voix, avait été surtout la langue de sa douleur, de son exil, une part de lui-même qui avait exprimé ses plus ardentes pensées et ses plus belles idées, était, pour lui, étrangère à son identité spécifique. Malek Haddad a laissé, après sa mort, des inédits et des manuscrits inachevés qu’on serait heureux de découvrir et qui méritent une publication posthume. Ce sont, entre autres, Les Premiers froids (poèmes), La Fin des majuscules (essai), Un Wagon sur une île (roman inachevé) et Les Propos de la quarantaine (Chronique).