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Essai Mohamed Mebtoul- "La citoyenneté impossible"

Date de création: 11-06-2018 16:47
Dernière mise à jour: 11-06-2018 16:47
Lu: 1158 fois


ADMINISTRATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI M.MEBTOUL- « LA CITOYENNETE IMPOSSIBLE ? »

Algérie. La citoyenneté impossible ? Essai de Mohamed Mebtoul. Koukou Editions, Alger/Cheraga, 2018, 800 dinars, 216 pages

Un fil conducteur central, en partant des pratiques sociales des individus : la difficulté d’être citoyen en Algérie.

Jusqu’ici, en Algérie, on croit, encore, en haut lieu et ailleurs, que l’ on naît citoyen...... alors qu’on le devient. La citoyenneté est une construction socio-politique. Elle est de l’ordre d’un « contrat » reconnu et respecté par les diférents pouvoirs à l’égard de la population . Et, selon moi, aussi, par ceux-là mêmes qui sont et se sentent et se disent  « citoyens ». Donc, pour suivre l’auteur, loin d’être une notion abstraite et spéculative, la citoyenneté se donne à lire à partir de situations précises déployées par le citoyen.C’est ce que fait l’auteur tout au long d’une trentaine de chapitres distribués en cinq parties . A travers différents pans de la société (sport, éducation, université, recherche, hygiène publique,   santé, travail, argent, vie politique, jeunesse, harga, hogra.....)   . En référence aux multiples expériences sociales des différents acteurs sociaux, il montre son absence, sa non-production, sa perversion (la citoyenneté) par les différents pouvoirs. Pourquoi ? Car, normalisée dans un système socio-politique producteur de satu-quo : « Celui-ci reproduit à l’identique un populisme simplificateur et uniforme qui opère par déni du réel, faisant peu cas de la complexité et de la diversité de la société » . Un système (au sein duquel le pouvoir va privilégier, depuis 1962, de façon récurrente, la violence politique comme mode d’appropriation de l’Etat......et où le « père » est institué et désigné par la force)   orphelin de toute « épaisseur » intellectuelle et politique prônant un égalitarisme de facade ;  des acteurs politiques évoquant sans cesse « le peuple », lui promettant le bonheur, mais sans lui demander son avis.Réactions : « La société n’étant pas une cruche vide ou une machine sociale qu’il importe de remplir de connaissances et d’attitudes, les personnes  contournent en permanence les règles prescrites par les pouvoirs, sachant pertinemment qu’elles ne sont pas respectées par ceux –là même qui les ont produits . Elles élaborent leurs propres normes pratiques, en se retirant du jeu politique officiel, privilégiant l’indifférence ou l’indocilité » (A. Mbembe, 1998).  Résultat des courses (sic !)  : une citoyenneté en « creux » qui n’accède pas à la reconnaisance sociale et politique de la personne,un statu quo  favorisant la société du « ventre », antithèse de la citoyenneté.  Déprimant, non  !

 

 

L’Auteur :  Fondateur de l’anthropologie de la santé en Algérie. Professeur de sociologie à l’Université Oran 2. Chercheur associé au G.r.a.s (Unité de recherche en Sciences sociales et santé)

Extraits « En réfutant ,depuis 1962, toute légitimité populaire qui suppose la reconnaissance et le respect de l’Autre, et donc du citoyen, le pouvoir va privilégier de façon récurrente la violence politique comme mode d’appropriation de l’Etat. En effet, le « père » est institué et désigné par la force, la rhétorique populiste et la mise en scène électorale. Ce processus politique lui permet d’accéder au statut de responsable de la Nation » (p 13) , «Les régimes arabes ont « réussi » le seul pari, celui de construire dans l’opacité et le secret une élite politique à sens unique, composée de cercles sociaux strictement dépendants du zaïm » (p 31), « Ce ne sont pas les personnes qui sont dépolitisées ou « inconscientes » du fait politique , mais plutôt la pratique politique actuelle en total déphasage avec la société qui semble exiger plus de transparence, de justice et d’exemplarité de la part des responsables politiques, produits d’appareils fermés sur eux-mêmes , sans enracinement et proximité avec les populations » (p 39).  

Avis : Une analyse  sans complaisance (assez engagée ?) du système politique algérien et de la société. A (très bien) lire.... absolument......pour enfin se réveiller du  statu-quo, ce « si doux cauchemar »......tout en sachant que ce n’est pas « demain la veille » que nos « maladies » disparaîtront. Trop tard ? De plus,  nous manquent des issues....au moins  de « secours »

Citations : « La dignité est une forme sociale d’existence qui redonne sens à la personne pouvant exprime, dans l’espace public, sa joie, ses frustrations et ses espoirs » (p 27) , « L’incorporation du culte du secret est un élément invariant et structurel , indissociable du fonctionnement du politique en Algérie » (p 48), « La force des savoirs , c’est-à-dire leur ancrage profond dans la société , est intrinsèquement liée à la liberté de penser, qui représente la valeur centrale devant être inculquée dès le plus jeune âge, pour se prémunir de l’enfermement, de l’instrumentalisation et de l’endoctrinement » (p 68) , « L’usage inconsidéré du verbe permet de s’inscrire dans l’inversion. User du verbe permet de s’approprier le pouvoir de dire.....La magie du verbe devient une inversion de la compétence de fait, qui consiste à montrer discrètement sur le terrain ses capacités , son savoir-faire et son savoir-être » (p 148), « Faire semblant » n’est pas seulement une tactique ou une simple stratégie d’acteurs en mal d’ambitions, mais imprègne profondément le mode de fonctionnement de la société  »  (p 151) , « La non-citoyenneté se traduit pat une auto-culpabilisation collective face à des situations d’incivisme, d’hygiène publique ou de retrait de l’espace dit « public » (p 201)