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Essai A. Memmi- Colonisation

Date de création: 10-06-2018 12:12
Dernière mise à jour: 10-06-2018 12:12
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’AL MANACH- ESSAI A.MEMMI- COLONISATION

Portrait du colonisé. Essai de Albert Memmi (Préface de Abdelaziz Bouteflika), Editions Anep, Alger 2006, 152 pages, 280 dinars Juif de Tunisie en contact avec les colonisateurs aussi bien qu'avec les colonisés, proche des seconds bien polus que des premiers Albert Memmi entreprend, démontre qu'ils sont dans une perpétuelle interdépendance, liée au système colonial, qu'ils ne peuvent se définir que les uns par rapport aux autres. Deux parties, étroitement reliées, deux faces d'une même réalité. Pour Memmi, tout colonisateur, ne peut être qu'un privilégié, fût-ce relativement, par rapport aux indigènes ; et il est toujours un « usurpateur », puisque ses privilèges ne sont pas légitimes, et il le sait. D'où, d'une part, une mauvaise conscience, qui atteint son paroxysme chez l'homme de gauche. Et, d'autre part, un mépris de soi, du fait de sa médiocrité, consubstantielle au système colonial, qui incite le colonialiste à s'appuyer sur son prétendu patriotisme et sur le prestige de la métropole pour essayer de se justifier à ses propres yeux ; conformément à ce que Memmi appelle le « complexe de Néron », il recourt aussi à tous les stéréotypes racistes, qui sont autant de mystifications visant à naturaliser l'oppression et à dresser des barrières inamovibles entre les races. Ce faisant, il manifeste des tendances fascisantes, Le colonialiste fait du colonisé un portrait mystificateur. Mais le colonisé, dépourvu de tout droit, constamment soumis et humilié, et en état permanent de carence, est souvent amené à se conformer au miroir qu'on lui tend. J-P Sartre écriavit dans la préface de la première édition : « Une impitoyable réciprocité rive le colonisateur au colonisé, son produit et son destin » . Certains (colonisés) tentent bien de s'assimiler, et donc de s'aliéner culturellement, mais l'assimilation, refusée par le colonisateur, n'est qu'un mirage. La révolte est donc inévitable. Pour assurer la cohésion du mouvement de révolte, l'élite des colonisés en arrive souvent à la dépasser – avec qu’il est devenu basculer dans la révolution pour tuer totalement « le colonisé » . Nationaliste, « parce qu’il devait lutter pour l’émergence et la dignité de sa nation », il ira jusqu’à affirmer les « valeurs refuges », régressives, que sont la tradition, la famille et, plus encore, la religion, ce qui est lourd de dangers, une fois l'indépendance obtenue. L’Auteur : Ecrivain et philosophe franco-tunisien. Né en décembre 1920 à Tunis de père juif italien et de mère juive sépharade d’ascendance locale. Langue maternelle : l’arabe . Etudes universitaires à Alger puis à la Sorbonne.Enseignant. Une grande œuvre tournant autour de la difficulté de trouver un équilibre entre Orient et Occident.Fondateur du concept de judéité au début des années 70, comme base de son travail d'exploration de l'être juif. Ce concept, dont il jeta les bases, sera ensuite utilisé par de nombreux philosophes. Plusieurs œuvres dont un premier roman (largement autobiographique) , en 1953, avec une préface de .....Albert Camus....... Le « Portrait du colonisé (précédé) du Portrait du colonisateur » a été publié en 1957 (Buchet-Chastel) , avec une préface de .....Jean-Paul Sartre .Il est apparu ,à l’époque, comme un soutien aux mouvements indépendantistes. Extraits : « Je ne peux m’empêcher de penser à ce que serait devenu le Maghreb si les communautés juives, qui, par leur histoire et leur culture, étaient une composante entièrement endogène de nos sociétés, n’avaient pas été prises dans la spirale de l’identification au colonisateur, n’avaient pas été mises en position d’étrangeté vois-à-vis de leurs propres peuples par les pratiques de stratification raciste qui étaient l’une des modalités de la reproduction de la domination coloniale. A coup sûr, un Maghreb plus divers, plus dynamique. Ce n’est pas le moindre des crimes du colonialisme que d ’avoir décervelé , puis amputé nos sociétés d’une partie d’elles-mêmes, au moment de son reflux, rendant ainsi plus difficile notre renaissance » (Abdelaziz Bouteflika, préface, p 9) , « Il n’y a pas de problème dont l‘usure de l’histoire ne puisse venir à bout. C’est affaire de temps et de générations. A condition toutefois qu’il ne contienne pas de données contradictoires « (A. Memmi, p 127), Avis : « Une grande voix singulière de l’anticolonialisme »....un texte étincelant de vérités, peut-être incompréhensible pour les nouvelles générations car , avec la mondialisation –globalisation (même des pouvoirs politiques) et les Tic, d’autres formes de « colonialisme » sont nées. Il peut, aussi, être mal interprété, par les « anciens », pqui vont, peut-être, le mettre (ou mettre certains extraits )au service de leur (s) cause(s). Citations : « Le dépaysement colonial, si dépaysement il y a, doit être d’abord, d’un bon rapport....La meilleure définition qui soit de la colonie : on y gagne plus, on y dépense moins » (p 12), « N’être pas seul coupable peut rassurer, mais non absoudre » (p 17), « L’histoire de la pyramide des tyranneaux : chacun, socialement opprimé par un plus puissant que lui, trouve toujours un moins puissant pour se reposer sur lui et se faire tyran à son tour » (p 24), « La promotion des médiocres n’est pas une erreur provisoire, mais une catastrophe définitive » (p 58), « Qu’est-ce que le fascisme, sinon un régime d’oppression au profit de quelques-uns ? » (p 70) , « La révolte contre le père et la famille est un acte sain et indispensable à l’ach-èvement de soi......Le conflit des générations peut et doit se résoudre dans le confilt social ;inversement, il est ainsi facteur de mouvement et de progrès » (p 102), « Un homme à cheval sur deux cultures est rarement bien assis » (p 128) ,« Celui qui n’a jamais quitté son pays et les siens ne saura jamais à quel point il leur ést attaché « (p 139), » Mais quels privilèges, quels avantages matériels méritent que l’on perde son âme ? »(p 148).