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Date de création: 05-08-2014 14:22
Dernière mise à jour: 05-08-2014 14:22
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SOCIETE - ETRANGER - FRAGILITE DES ETATS - RAPPORT 2014 FUND FOR PEACE - LE SOIR D'ALGERIE/AMMAR BELHIMER

«Les prémices d'un effondrement du pays sont là», avertit Mouloud Hamrouche. A-t-il raison de mettre en garde contre «le risque d’implosion et d’effondrement qui guette la société», comme il l’a fait à Constantine jeudi dernier ?
La réponse est «oui» si l’on croit le think tank américain, Fund For Peace qui vient de publier, ce mardi 24 juin 2014, son rapport annuel sur la fragilité des Etats qui couvre 178 pays.
Le document qui paraît depuis 2005 change de nom cette année pour se décliner non plus sous l’appellation d’Etats en faillite mais d’Etats fragiles.
Comme auparavant, le classement des États fragiles utilise 12 indicateurs sociaux, économiques, politiques et de sécurité, eux-mêmes construits sur plus de 100 sous-indicateurs. Chaque indicateur est évalué sur une échelle de 1 à 10, un score élevé indiquant une forte pression sur l'Etat et donc un risque plus élevé d'instabilité.
Le Sud-Soudan est considéré comme l’État le plus «fragile» du classement. Après la République centrafricaine, la Syrie est le pays qui perd le plus de place dans ce classement. Positionné 48e en 2011 puis 21e en 2013, ce pays rétrograde à la 15e place des pays les plus fragilisés par un risque de faillite. La Libye (54e en 2013 à 41e en 2014) suit la Syrie, en terme de dégradation, avec, récemment, un «rebond» de la violence.
La Tunisie (78e), bien qu'ayant mieux résisté au «printemps arabe» que la plupart de ses pays voisins, connaît néanmoins «une grande turbulence» souligne le rapport. Elle se hisse à la huitième place en termes d'aggravation du risque faillite depuis dix ans, après la Libye.
Quid de l’Algérie ?
Notre pays figure à la 71e place, parmi les pays dits de «haute alerte» (High Warning). Il totaliserait un gros handicap de 78,8 points sur 120. Cette note est la somme de 12 indicateurs qui se déclinent de manière plus ou moins désavantageuse.
Premier indicateur : la pression démographique. Il mesure les pressions exercées sur la population, comme les maladies, les catastrophes naturelles, la malnutrition, la pollution, la qualité de l’eau, la mortalité infantile, etc. de même que les difficultés pour les autorités de protéger leurs citoyens, par incapacité ou manque de volonté. Cet indice, pour lequel nous enregistrons toutefois une performance médiocre, n’exerce qu’une pression relativement faible : 5,7 sur 10.
Second indicateur : les réfugiés et les personnes déplacées. Il mesure les pressions associées à des déplacements de population et susceptibles de constituer une menace pour la sécurité. Il est calculé sur la base du nombre de personnes déplacées par habitant, des camps de déplacés, des maladies liées aux déplacements, etc.
Le poids des réfugiés et de l’immigration subsaharienne pèse lourd : 6,7 sur 10.
Troisième indicateur : tensions internes (Group Grievance). Il mesure le niveau de tensions et de violence entre les groupes, lorsque la capacité de l'État à assurer la sécurité est compromise, avec ce que cela comporte comme crainte de nouvelles violences. A ce titre, sont recensées les discriminations, les violences ethniques, communautaires, sectaires ou religieuses. Cet indicateur est élevé : 7,9 sur 10.
Quatrième indicateur : la fuite des cerveaux. Il recense les facteurs qui alimentent ce phénomène : absence d’opportunités, faiblesse du capital humain, migrations de populations instruites, etc. La note est moyenne : 5 sur 10.
Cinquième facteur : développement économique inégal. Il évalue les disparités ethniques, religieuses ou régionales et les tendances officielles au favoritisme. Il inclut le Coefficient de Gini(**), les parts respectives revenant aux 10% les plus pauvres et les plus aisés de la population, l’accès aux services, les disparités villes-campagnes.
La note est de 5,9 sur 10.
Sixième indice : la pauvreté et le déclin économique. Il évalue les carences en matière de satisfaction des besoins élémentaires des populations et les pressions provenant de la dette publique, le taux de chômage, l'emploi des jeunes, le pouvoir d'achat, le PIB par habitant, l’inflation. La note est de 6,1.
Septième indicateur : la légitimité de l’Etat. Il est construit sur le postulat que la corruption et le manque de représentativité des gouvernants sapent directement le contrat social censé assurer le «vivre-ensemble».
Il comprend les pressions et les mesures relatives à la corruption, l’efficacité de la gouvernance, la participation, le processus électoral, l’économie informelle, le trafic de drogue, les luttes de clans, les émeutes, etc. La note est ici proche de la catastrophe : 7,5 sur 10.
Huitième indicateur : les services publics. Il réunit l’accès aux soins, à l'éducation, aux infrastructures, à l’eau et à l'assainissement, considérés comme des missions «clés» de l'Etat. La note est, là encore, élevée : 6,1 sur 10.
Neuvième indicateur : droits de l’Homme et place de la loi. Il cible les violations des droits de l’Homme et la responsabilité de l’Etat. Il comprend les pressions et les mesures relatives à la liberté de la presse, les libertés civiles, les libertés politiques, la traite des êtres humains, les prisonniers politiques, les conditions de détention, les persécutions religieuses, la torture, etc.
Le niveau des manquements est salée : 7,4 sur 10.
Dixième indicateur : l’appareil de sécurité. Ce dernier doit avoir un monopole sur l'utilisation légitime de la violence car le contrat social est jugé affaibli lorsque des «groupes concurrents» se disputent ou se partagent ce monopole. Interviennent ici nombre de paramètres comme les conflits internes, la prolifération des armes légères, les émeutes et les manifestations, les décès consécutifs à des conflits, les coups d’Etat, les attentats, la rébellion.
La note est lourde : 7,5 sur 10.
Onzième indicateur : éclatement ou dispersion des élites. Il témoigne de situations dans lesquelles les dirigeants locaux et nationaux s'engagent dans une impasse et sapent le contrat social. Sont particulièrement ciblées ici les luttes de clans et la fraude électorale.
La note est également corsée : 7,3 sur 10.
Douzième et dernier indicateur : les ingérences étrangères. Lorsque l'État ne respecte pas ses obligations internationales ou nationales, des acteurs extérieurs peuvent intervenir dans les affaires intérieures.
Note : 5,7 sur 10.
A. B.

(*) Fund for Peace, The Fragile States Index 2014.
Disponible en langue anglaise sur : www.fragilestatesindex.org
(**) Le Coefficient de Gini est un indice global d’inégalité, pour apprécier la répartition des revenus (par comparaison avec une situation théorique d’égalité parfaite). En sens inverse, plus cet indice est proche de zéro, plus on s’approche de l’égalité (tous les individus ont le même revenu). Plus il est proche de un, plus on est proche de l’inégalité totale (un seul individu reçoit tous les revenus).