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Télévision - Succès - Djornane El Gosto - Maghreb Emergent

Date de création: 06-08-2013 16:22
Dernière mise à jour: 06-08-2013 16:23
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COMMUNICATION – ENQUÊTES ET REPORTAGES - TELEVISION – SUCCÉS - DJORNANE EL GOSTO – MAGHREB EMERGENT

© par Younès Djama ,in Maghreb Emergent, mardi 6 août 2013 13:22

 

 Le Ramadhan s’achève et avec lui la seconde édition de « Djornane El Gosto », programme humoristique qui a connu beaucoup du succès auprès des téléspectateurs algériens. Mais que les fans se rassurent : il y aura une troisième édition la saison prochaine. Et compte tenu du succès qu’il a eu auprès des téléspectateurs, les concepteurs du programme réfléchissent à entamer une tournée nationale. Une tournée à l’étranger est également dans le programme de l’équipe de « Djornane El Gosto ». Le metteur en scène affirme que le succès qu’a connu le programme dans ses deux éditions est plus une « responsabilité » qu’une satisfaction. Porté par de jeunes comédiens talentueux, dont la moyenne d’âge est de 30 ans, « Djornane El Gosto »est sorti du lot au milieu de la mer de médiocrité que nous a offert le paysage audiovisuel durant ce mois de Ramadhan.

 

« Djornane El Gosto » en est à sa deuxième édition. Evidemment, l’idée de réaliser une seconde saison s’est imposée après la réussite de la première. Quel était le challenge pour vous ?

 


Oui, c’est vrai nous sommes dans la deuxième saison, nous avons déjà fait la première saison avec El Djazairia  (une TV privée qui diffuse le programme), et ça a marché. C’est ce qui nous a poussés à réfléchir sérieusement à une seconde saison. Pour nous c’était un peu difficile, parce que durant la première saison le challenge était beaucoup plus important, c’était aussi une année de confirmation pour moi et pour toute l’équipe, et Dieu merci cette année nous enregistrons beaucoup de succès par rapport à la saison passée.
 
Cette année, « Djornane El Gosto » s’est illustré par des positions tranchées vis-à-vis de la scène politique nationaleD’où vous vient cette audace ?

   
Il est possible que nous ayons fait preuve de courage sur ce plan, et tout le monde dit cela. Mais pour nous, nous estimons que nous n’avons pas ramené de nouveau, puisque tout ce qu’on produit est inspiré de la presse écrite. Tout ce que publie la presse écrite, nous le reformulons. Car, il faut savoir que notre matière première provient des journaux. En ce moment par exemple (lundi 5 août, 15h), je suis en train de regarder les grands titres de la presse nationale pour faire un numéro à partir des informations publiées. Les gens pensent que « Djornane El Gosto » est un programme politique. Or, il n’y a pas que de la politique. Sur 20 minutes que dure le programme, la politique n’occupe que l’espace de 3 minutes. Le reste est réparti dans le social, la culture, le sport… Certes, c’est la première fois que nous abordons ouvertement les questions politiques, que nous utilisons les vrais noms des personnages politiques, c’est là peut-être la raison qu’on pense que c’est un programme politique. Mais ce genre de programmes existe aussi dans d’autres pays, et l’Algérie est le dernier pays à adopter ce genre d’émissions.
 
Qui écrit les dialogues ? 

J’écris moi-même les dialogues, avec bien sûr l’aide de l’équipe, car parfois j’ouvre une brèche d’improvisation pour les comédiens. L’écriture de chaque numéro se déroule entre 12h et 15h30. Chaque soir, durant ce Ramadhan, nous tournons un numéro qui doit être diffusé le lendemain. Moi j’écris les informations essentielles qui doivent figurer dans les dialogues, et je laisse la porte de l’improvisation grande ouverte devant les comédiens pour être plus naturels. 
 
Qui est « Moul Stah » auquel  vous faites allusions à chaque fois ?  

En fait, les lectures concernant ce personnage sont multiples. Et nous, en qualité de créateurs et concepteurs, nous ne sommes pas  responsables des lectures qui en sont faites. Pour moi, il y a toujours un « Moul Stah » chez chaque individu, et les lectures qui en sont faites diffèrent d’un individu à l’autre. Untel considère que « Moul Stah » symbolise le président de la République, untel autre peut au contraire penser qu’il s’agit le patron de travail, etc. Un journaliste m’a dit qu’il utilise « Moul Stah » pour parler de son père ! 


Et qu’en est-il d’Abou Oubaida ?

 
Le comédien qui a joué le rôle d’Abou Oubaida a joué l’an dernier le personnage d’El Bandi (le bandit), un personnage un peu voyou et qui, le Ramadan venu, décide de se faire pousser la barbe signe de son repentir. Nous ne sommes pas aptes à critiquer l’Islam en tant que religion, mais nous avons essayé de mettre en évidence des personnages qui existent dans notre société et les sociétés arabo-musulmanes en général, et qui parlent au nom de l’Islam pour des intérêts personnels. En plus ils ne comprennent que dalle à l’Islam et à la religion, car aucun moment ils ne citent de versets coraniques ni de hadiths pour appuyer leurs propos. C’est ce genre de personnes qui pensent que l’Islam est synonyme de barbe et de « aâbaya ». Et pire, ils s’autorisent à émettre des fatwas autorisant ou interdisant telle ou telle chose. 


Dans un de vos derniers sketches, vous avez invité un certain…Chakib Khelil (rôle joué par Kamel Abdat, Ndlr), et sur lequel pèsent des soupçons de corruption sans que la justice ne se saisisse de l’affaire. Pourtant, vous n’avez pas hésité à le qualifier de ripoux ?


C’est sorti dans la presse. Tout le monde a parlé de Chakib Khelil (ancien ministre de l’Energie, cité dans des affaires de corruption en Algérie notamment). Ce n’est pas notre devoir de faire le travail de la justice algérienne, mais nous, nous avons parlé d’un phénomène qui a existé et les scandales de Sonatrach tout le monde en a parlé. Et tout le monde a parlé de Chakib Khelil comme personnage. Et la scène dans laquelle M. Khelil vole le fût (qui sert accessoirement de pupitre à l’animateur principal, Ndlr), est pour nous symbolique : ça représente le baril de pétrole. C’est donc une histoire qui existe et sur laquelle la presse est revenue pendant plusieurs mois. 
 
Beaucoup de téléspectateurs rompent le jeûne en regardant votre programme. Pour vous, c’est une satisfaction ou au contraire une responsabilité ? 


Pour nous, c’est une très grande responsabilité, c’est une pression terrible aussi bien pour moi que pour l’équipe, en ce que nous devons être à la hauteur des attentes des téléspectateurs. Surtout que les échos confirment que « Djornane El Gosto » est le programme le plus regardé en prime time, et pour nous c’est très émouvant que de vivre cette aventure moi et mon équipe. Nous sommes une équipe de jeunes dont la moyenne d’âge est de 30 ans. Moi-même j’en ai 29. Nous essayons de projeter un regard de jeunes sur notre société et notre pays. Et je crois que nous avons le droit de critiquer notre pays à notre manière, ce n’est pas avec l’argent des qataris ou autre, mais avec de l’argent algérien et des compétences algériennes. Je suis un pur produit de l’école et de l’université algérienne, je prépare mon doctorat dans la mise en scène, pour moi il est très important de faire un concept pareil par des jeunes algériens.
 
Un mot sur le choix des comédiens ?


C’est très simple. Les comédiens sont issus de l’équipe qui a réalisé « Kahwat El Gosto », un programme humoristique. Avec l’accord du producteur de la chaine El Djazairia et le co-concepteur Riad Rechdal, nous avons essayé de rester dans la même ligne de ces comédiens qui ont connu beaucoup de succès. Une seule comédienne n’a pas fait partie de l’équipe « Kahwat El Gosto », c’est Hanane Boudjemaâ. 
 
On peut s’attendre à une troisième saison de « Djornane El Gosto » ? 


C’est très possible. Pour l’instant, nous pensons sérieusement à faire une tournée nationale. Il est possible que nous fassions une tournée internationale, en France et au Canada, suite à des invitations que nous avons reçues. Nous pensons aussi faire de « Djornane El Gosto » un rendez-vous hebdomadaire pendant toute l’année. Sinon, « Djornane El Gosto 3 », ce sera pour le mois de Ramadhan prochain.