Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

France/Algérie- Afp- Interview A. Bouteflika début 2012

Date de création: 06-01-2013 16:58
Dernière mise à jour: 06-01-2013 17:24
Lu: 1369 fois


RELATIONS INTERNATIONALES- DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES-FRANCE/ALGERIE - AFP - INTERVIEW A. BOUTEFLIKA DEBUT  2012

 

 

(Diffusée le 11 décembre 2012. Extraits : textes concernant directement l'Algérie seulement)

  • Il a été question, pendant des années, de la signature d’un traité d’amitié entre la France et l’Algérie. Aujourd’hui, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, évoque un partenariat stratégique entre les deux pays, indiquant que c’est également le souhait de l’Algérie. Qu’en est-il vraiment et quelles sont les raisons de ce choix ou de ce non-choix ?         
    « La «déclaration d’Alger», signée en mars 2003 par nos deux pays, a maqué leur intention commune de bâtir un partenariat fondé sur ce qui  rassemble les deux pays, soit l’encrage historique, la proximité géographique, les liens humains et les nombreuses interdépendances bilatérales. Cette ambition est toujours de rigueur, pour la partie algérienne qui  souhaite donner un contenu concret et opérationnel à ce partenariat d’exception, que les deux peuples appellent de leurs vœux. Les formes du partenariat importent finalement peu, c’est sa consistance qui est essentielle. Elle passe certainement par l’intensification du dialogue politique à tous les niveaux, incontournable à mon avis pour définir l’orientation que nous voulons donner à la stratégie de coopération que nous ambitionnons de développer, pour le long terme, entre les deux pays. De cette manière, nous pouvons transcender beaucoup de pesanteurs et faire coïncider réellement nos intérêts qui doivent s’affranchir des considérations conjoncturelles, nécessairement précaires. L’Algérie est favorable à une relation forte et dynamique avec la France fondée sur la densité des liens et les nombreux intérêts qui unissent nos deux pays.           
  • L’élection de François Hollande à la présidence française a été applaudie en Algérie, et beaucoup d’espoirs ont été exprimés en une amélioration des liens entre les deux pays. Qu’attendez-vous précisément de la France d’aujourd’hui ?            
    Nos pays sont en train de vivre l’enjeu de la mondialisation où l’interdépendance entre États, fussent-ils éloignés, est devenue une chose inévitable. À plus forte raison lorsque ces États sont dans la même sphère géographique. Avec la France, nous avons beaucoup d’atouts en partage et nous voulons relever le défi de construire un partenariat qui résiste aux contingences et qui dépasse les seules relations commerciales où chacun réduit l’autre à un débouché. Ce que l’Algérie attend de la France, c’est un accompagnement dans le processus de développement économique, social et humain, un vaste chantier en cours de mise en œuvre et qui nécessite un perfectionnement de l’élément humain, un transfert technologique réel et un partenariat gagnant-gagnant dans le système productif. En tout état de cause, nous espérons que l’arrivée aux responsabilités de M. François Hollande va marquer une nouvelle étape dans nos relations bilatérales qui sont appelées à s’approfondir dans l’intérêt de nos deux peuples.
  • Monsieur le Président, vous êtes un très fin connaisseur de la diplomatie internationale et de la relation franco-algérienne. Pourriez-vous  faire le point de ces 50 ans de relations et des ratés qu’à vos yeux ces liens franco-algériens ont subis ?           
    Parler, même en synthétisant, de 50 années de relations algéro-française,  n’est pas chose aisée. Ce serait prétentieux de ma part de m’adonner à cet exercice. C’est aux historiens et aux chercheurs des deux pays d’entamer un véritable travail commun de lecture de cette Histoire dense et riche, marquée par des hauts et des bas qui témoignent de l’intensité de nos relations. Mais, d’un point de vue politique et stratégique, je ne peux que réaffirmer l’obligation pour l’Algérie et la France de travailler ensemble tant leurs interdépendances sont nombreuses. Nous avons une responsabilité devant nos peuples. Nous devons  tirer les enseignements de notre expérience passée, pour corriger «dans l’action» la trajectoire d’une coopération et d’un partenariat toujours perfectible. Nous pouvons, tout de même, nous féliciter du fait qu’au fil du temps, les deux pays aient pu apporter à chaque fois une pierre à ce grand édifice que nous voulons construire ensemble, celui d’un modèle de coopération dans le bassin méditerranéen.            



  • Vous avez, Monsieur le Président, initié une série de réformes  pour éviter que votre pays ne sombre dans les méandres des printemps arabes. Êtes-vous satisfait des premiers résultats et estimez-vous que l’Algérie réussit mieux, armée ainsi, une plus grande démocratisation ? Quelles autres initiatives envisagez-vous pour convaincre les récalcitrants ?              
    Certains pays arabes ont connu et continuent de connaître des soulèvements populaires. L’Algérie témoigne à ces pays frères son amitié et sa solidarité, et n’oublie pas qu’en plus de la liberté, les millions de jeunes et de femmes arabes revendiquaient aussi le respect et la dignité. Nous croyons fermement que chaque nation doit façonner sa propre destinée en puisant dans son histoire, sa civilisation et dans la volonté de ses enfants. En Algérie, l’ouverture politique a été lancée en 1989. Des avancées notables ont été enregistrées, mais des dérives ont failli faire disparaître l’État Républicain et ont entraîné le pays dans de longues années de destruction et de souffrances, sans pour autant remettre en cause la démocratie comme option unique de gouvernance du peuple algérien qui s’est dressé seul contre l’obscurantisme et le terrorisme. Je remercie Dieu de m’avoir donné la force de conviction pour faire accepter par mes concitoyens le projet de réconciliation nationale qui a éteint le feu qui consumait la maison Algérie et nous a permis de nous consacrer à rebâtir les infrastructures de base et relancer l’économie du pays.    
       En 2011, j’ai estimé que la société algérienne avait atteint un niveau  de développement et de maturité qui permettait le franchissement d’une nouvelle étape dans le fonctionnement des institutions de l’État, des partis politiques et des médias, à même d’amener notre dispositif législatif et réglementaire aux standards universels actuels. Le débat national, conduit autour de ces sujets, a permis la promulgation de plusieurs lois de réformes dans les domaines de la parité des genres, de la liberté d’expression, de la société civile, ainsi que des partis et de la moralisation de la vie politique. Les résultats de cette démarche se concrétisent et ils sont pour moi autant de motifs de satisfaction. Je pense, notamment, à la progression spectaculaire du nombre de parlementaires femmes élues lors des dernières législatives, une tendance que confirme le double scrutin local du 29 novembre. Je signale également la naissance et le lancement de nombreux nouveaux partis politiques, attestant de l’intérêt que portent les Algériennes et les Algériens à la vie politique sociale. Ce processus de réformes est irréversible, car il fait la quasi-unanimité au sein de la classe politique et de la société civile. Il connaîtra son couronnement avec la révision de la Constitution dont l’objectif est de faire des constantes nationales, de la démocratie et de l’État de droit les bases du pacte national unissant les enfants de la nation algérienne indépendante et souveraine.         
  • Aujourd’hui, quels souhaits avez-vous pour l’Algérie ? Un plus grande libéralisme dans les affaires ? Une plus grande ouverture à l’international ? Un meilleur développement industriel pour sortir de la dépendance des hydrocarbures ?            
    En Algérie, nous n’avons ni apriori ni dogme concernant  les modèles économiques ou le partenariat public/privé. Nous croyons aux vertus  du pragmatisme et du bon sens, et nous affirmons que l’économie de notre pays et sa législation garantissent les conditions du business gagnant pour tout opérateur. Comme nous n’avons pas de complexe à aller chercher la compétence  et l’expertise là où elles se trouvent pour la réalisation de notre programme de développement, et nous comptons profiter de ces partenariats pour apprendre, développer l’outil national de production et améliorer nos capacités managériales.  Les revenus de l’exploitation des hydrocarbures ont été orientés vers la réalisation de projets structurants et de grandes infrastructures de base, afin de nous permettre de rattraper le retard accumulé durant la décennie de terrorisme et de préparer justement l’économie nationale à la diversification et l’après-pétrole, en la dotant du maximum de garanties de réussite telles  qu’un système de formation efficace et réactif, une indépendance énergétique sécurisée, des équipements publics performants et un système productif compétitif. S’agissant des souhaits, je dirai que mon vœu est que les Algériennes et les Algériens travaillent et vivent bien dans la paix et la prospérité, ouvrant la voie à une société harmonieuse dans laquelle leurs enfants vivront mieux et pourront, avec confiance, regarder vers l’avenir.