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Histoire de la radiotélévision algérienne (I/III)

Date de création: 06-11-2012 19:53
Dernière mise à jour: 06-11-2012 20:09
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 COMMUNICATION- ETUDES ET ANALYSES - HISTOIRE DE LA RADIOTELEVISION ALGERIENNE (I/III)

 

HISTOIRE DE LA RADIOTELEVISON ALGERIENNE 

Par Badr’Edine Mili (octobre-novembre 2012),membre du staff dirigeant de la RTA dans les années 60-70, ancien directeur de l’Audiovisuel au ministère de la Communication et de la Culture, ancien Directeur Général de l’APS ( Algérie Presse Service) °°°

                                                              

Beaucoup de choses ont été dites ou publiées sur l’Histoire de la presse écrite algérienne avant et après l’indépendance, mais rien ou presque de notable, de consistant et de crédible n’a été porté à la connaissance de l’opinion sur celle de la Radio et de la Télévision, avant et après ce fameux  28 Octobre 1962.

 

Cette lacune criarde et dommageable reviendrait-elle à la rareté des sources et des témoignages ou s’expliquerait- elle par la disparition des documents de référence dont nombreux furent détruits ou transbordés, Outre- Méditerranée, dans les bunkers de l’INA ,

l’Institut national de l’audiovisuel français, avec une prescription, indéfiniment, reportée ?

 

Le mystère demeure, en tous les cas, entier et les plus téméraires le justifient par la volonté, discrète mais ferme, de certains milieux de l’entretenir, encore longtemps,  parce que, dans les replis de ce sujet tabou ( ?), se trouveraient, cachés et bien protégés, des secrets qui lèveraient, s’ils venaient à être éventés, des voiles insoupçonnés sur le passé peu reluisant d’anciens acteurs de la vie publique nationale. D’où la rétention et les scellés, maintenus, par la force du déni, sur les précieuses archives de notre mémoire audiovisuelle nationale.

 

1-     Pourquoi le 28 Octobre et non le 5 Juillet 1962 ?

 

Commençons par le commencement et interrogeons- nous sur les raisons qui motivèrent l’ajournement au 28 Octobre 1962, soit 4 longs mois après la Libération, de l’instauration de la souveraineté de l’Etat algérien sur des médias aussi stratégiques installés par l’Administration coloniale à l’usage de la communauté européenne, puis, plus tard, sous des formes folkloriques et intéressées , à celui des Algériens, dés 1926 , pour la Radio , et entre 1956 et 1958, pour la Télévision, au summum des sanglantes opérations de pacification menées par la IVeme   République et intensifiées au début du règne de la Vème… Sans que cela ait fait l’objet d’une clause expresse des Accords d’Evian ou d’une disposition clairement énoncée dans la passation des pouvoirs intervenue entre les autorités d’occupation et l’Exécutif Provisoire présidé par Me Abderrahmane Farès .

 

L’historien ou le simple observateur curieux en sont réduits à des conjectures du genre de celles qui laisseraient entendre que le groupe de Tlemcen emmené par Ahmed Ben Bella, lors de la marche de l’armée des frontières vers Alger, aurait préféré abandonner , temporairement,  cette institution de premier plan, aux mains des Français, en faction sur la place, plutôt que de la voir tomber entre celles du GPRA ou des chefs de la Wilaya IV qui l’auraient  utilisé, comme instrument de propagande, bien que son rayon fut quelque peu limité, en direction du peuple algérien, profondément déçu par la tournure des événements de cet inattendu été de la division.

 

La version confiée et défendue par Mohamed Hadj Hamou , le premier ministre de l’Information du premier gouvernement de l’Algérie indépendante, s’était circonscrite à la description des conditions dans lesquelles l’Etat s’était fait restituer un de ses attributs  sur des organismes audiovisuels dont les journaux présentés, en partie, par des Français et un Libanais, continuaient , curieusement, et jusqu’à la veille de ce premier 1 er Novembre de liberté , à ouvrir sur l’actualité du gouvernement Maurice Couve de Murville et sur celle de « la métropole et de ses DOM- TOM » .

 

Son récit nous apprend que, saisi par ses soins, sur le sujet – il ne dit pas pourquoi il le fit aussi tardivement – le Président Ahmed Ben Bella   a instruit son 1er vice- président et ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene, de prendre les mesures appropriées pour récupérer le site , ses infrastructures et ses moyens et assurer le contrôle de leur fonctionnement, au mieux des intérêts de l’Etat.

 

Ce qui fut accompli, lorsque l’officier de l’ANP, Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, futur Premier ministre de Chadli Bendjedid , se présenta, à bord d’un véhicule blindé, devant les portes de l’imposant immeuble, de style Bauhaus, du 21 Boulevard Bru , rebaptisé Boulevard des Martyrs et demanda au commandant français des lieux , de lui remettre , officiellement, les clefs de la station de la télévision d’Alger  et de la station de radio France V qui assurait la production du programme français et du programme des ELAK, les Emissions en Langues Arabe et Kabyle .

 

Tout de suite après , Khaled SAFER, Abdelaziz CHEKIRI et Mohammed BOUGHRARA dit «  El- GORDO » , transfuges de «  La Voix de l’Algérie combattante » créée, en 1956 , dans la foulée du journal El Moudjahid , sous l’autorité de Aissa MESSAOUDI , avec des antennes ouvertes au Caire, à Tunis, à Nador et à Tripoli, escaladèrent le building aux cent alvéoles qui donne sur la baie d’Alger et levèrent les couleurs algériennes au lieu et place de celles de l’ex- puissance occupante. L’artiste Mahieddine Bentir , futur animateur du groupe de rock « Les Algiers » , pouvait commencer à dessiner le sigle historique de la RTA. Un épisode , certes , glorieux , inscrit au fronton de ce haut lieu de bataille  ou furent enregistrées , minute par minute, les pages les plus horribles de notre existence nationale, mais sur lequel nous ne sommes pas plus avancés , s’agissant du motif réel de sa tardive survenue.

 

2-     Une succession au pied levé

 

La suite est mieux connue : les cadres et techniciens Européens décidèrent, certainement, sur ordre du gouvernement français, de déserter les lieux, dans le but de paralyser la diffusion des émissions, sous – estimant les capacités des Algériens d’assurer la relève.

 

Les éléments entrés du Caire, de Tunis, de Nador et de Tripoli et agissant, au titre d’anciens journalistes de «  La Voix de l’Algérie combattante » ou de techniciens des transmissions du MALG, firent équipe et furent chargés par le ministère de l’Information d’encadrer la nouvelle Radio- Télévision Algérienne déclarée , tout au moins, dans le principe, comme le successeur de «  la radio secrète » tenant d’elle, et non de la RTF coloniale , sa filiation et sa légitimité historique.

 

Le premier noyau dirigeant qui présida à sa reconversion nationale, de 1962 à 1969, comprenait , en plus de Aissa MESSAOUDI, sus- cité, Bahi MOUNIR , le premier Directeur Général de l’établissement ; Messaoudi ZITOUNI, co-fondateur de  l’APS et de « l’Ouvrier Algérien », organe de l’UGTA naissante et futur ministre des industries légères de Chadli BENDJEDID ; Mohammed – Laid BOUREGHDA , journaliste à Tunis , pendant la guerre, collaborateur de Ferhat ABBAS au GPRA puis à l’Assemblée Constituante ou il fut un de ses questeurs, avant de prendre la direction d’El Moudjahid ; Lazhari CHERIET , journaliste à Tunis, futur directeur des magazines «  ATLAS » et « REVOLUTION AFRICAINE » et futur Directeur Général, les deux sus-nommés ayant été les seuls journalistes algériens envoyés couvrir les négociations d’Evian ; Madani HAOUES , dit Abdelatif , journaliste à «  La Voix de l’Algérie combattante», à l’antenne de Nador, Lamine BECHICHI, journaliste et futur Directeur Général de la Radio, ministre de la communication, à celle du Caire ; Abderahmane LAGHOUATI, technicien qui a rejoint l’arme des transmissions au MALG, au milieu des années 50 et futur Directeur Général ; Abdelkader NOUR, délégué de l’UGEMA au Caire et futur Directeur de la Chaîne I ; Abdelaali BOUREGHDA, journaliste à Tunis et futur responsable de l’information de la chaîne I ; Belahcene ZERROUKI, ingénieur formé en Allemagne de l’Est et futur Directeur Général ; Mohamed REZZOUG, collaborateur de Mohamed Seddik Benyahia et futur Directeur Général, Abdelhamid BENHEDOUGA, écrivain et futur Président du Conseil national de l’audiovisuel, Ahmed MAHIEDDINE, ingénieur et futur Secrétaire général de l’Etablissement avant sa restructuration en 1986 et BELBAHAR, Directeur du personnel assisté de Mohamed LAHMAR.

 

Pour l’Histoire, retenons que la plupart des survivants de « La Voix de l’Algérie combattante » dont Rachid NEDJAR , Kaddour RAYANE, Hassen YAMI , Serge JULY , Belaid ABDESSLEM, Mohamed SOUFI, Mohamed Salah ESSEDIK, Mohamed BOUGHERARA dit «  EL GORDO » quittèrent l’institution appelés à d’autres fonctions ou se redéployèrent à travers les services de la nouvelle entité , notamment , les services d’écoute, le Centre des Eucalyptus et l’usine de disques.

 

Les amis de l’Algérie, Jacques CHARBY , Jacqueline et Georges ARNAUD, Cécile MARION, Suzanne FRANCOIS, Hélène KLEIN, Aline MOUSSAOUI et d’autres rejoindront, quant à eux, la chaîne III de la Radio ou officieront, quelques temps après, les poètes Djamel AMRANI et Jean SENAC, l’ami de Kateb YACINE et de Louis DOUCHET, devenu Serge MICHEL, en hommage aux révolutionnaires Victor SERGE et Louise MICHEL.

 

Les nouveaux venus avaient, dés l’entame , du régler un certain nombre de problèmes médiatiques et techniques, compliqués par les rapports entretenus avec les anciens éléments de la RTF et des ELAK, contestés, au vu du passé de certains d’entre eux,  qui tenaient , dans une résistance passive tenace, à conserver leurs pouvoirs , à l’instar de Boudali SAFIR , Mohamed BOUGUETAYA , Réda FALAKI, Bahi FOUDALA, Lahbib HACHLEF, 

BABA – AMEUR, Othmane AMER,  Mustapha GRIBI, Abder ISKER, Mohammed EDDAHAOUI etc…Plusieurs d’entre eux , fortement marqués par leur positionnement vis -à- vis de la Révolution armée, durent, de guerre lasse, se résigner à céder la place ou à  quitter le pays.

 

A ces deux strates, qu’opposait , donc, une guerre souterraine, s’ajouta une troisième , fournie par la première promotion de l’Université de l’Algérie indépendante, dont les lauréats issus de la Faculté de Droit, de l’Institut de Sciences Politiques, de l’Ecole de Journalisme et de l’Ecole Polytechnique avaient pour nom : Badr’Eddine MILI, Boualem AISSAOUI, Mohamed HARBI, Madjid TOUMI, Arezki BOUNAB, Abdelmalek HOUYOU, Ahmed BEDJAOUI, Rachid FODIL, BENGANA… dont on retrouvera plus tard les traces à la tête d’importants médias algériens ou hauts responsables à l’Union Internationale des Télécommunications ( UIT), à Canal+ et à Arabsat, en constante émulation avec les  cadres des P et T comme Ahmed BEY, futur Directeur Général de TDA , Mohamed BAIRI ,  DGT et  premier Algérien à diriger l’administration du premier satellite arabe , Ahmed HAMOUI, ingénieur et conseiller en télécoms du ministère auprès des pays africains et  Noureddine BOUHIRED, le talentueux négociateur international , décédé dans l’attentat terroriste qui avait visé, au dessus du Niger, l’avion de l’UTA, dans lequel il avait pris place, de retour d’une mission. Plusieurs autres techniciens comme OUFRIHA , Ahmed BOUHIRED et OUZEGHDOU, déjà sur place, s’y  agglomérèrent pour former une task-force, d’une efficacité prouvée 

 

 °°° Pour toute information complémentaire ou toute reproduction commerciale, contacter l’auteur :  badmili@yahoo.fr