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Langues - Langages - Médias

Date de création: 12-01-2011 20:20
Dernière mise à jour: 13-03-2013 15:30
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CULTURE - ÉTUDES ET ANALYSES-LANGUES -LANGAGES - MÉDIAS

Communication médiatique (presse écrite, radio, télévision, affichage) en Algérie : Multiplicité des langues et chocs des langages.

Par Belkacem AHCENE-DJABALLAH

Journaliste indépendant, Professeur associé à l’Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences de l’Information d’Alger (Ben Aknoun).

Université de Fribourg (Suisse) - Colloque ARIC , 24 août 2010 et Le Quotidien d'Oran, jeudi 9 septembre 2010

PROBLEMATIQUE

S’il y a un phénomème qui a totalement bouleversé le champ culturel en général et linguistique algérien en particulier  , à partir des années 90, c’est bien celui lié à l’émergence des outils médiatiques et à l’explosion des contenus..

Auparavant, le champ était clos , dominé et maîtrisé par les appareils politiques, administratifs ou militaires tous contrôlés de près ou de loin par l’appareil colonial d’abord puis, à l’indépendance, par le Fln, Parti politique unique , régnant sur le pays profond depuis….le déclenchement de la guerre de libération nationale (1954) , avec un très court intermède en 1962-1963, jusqu’à la mise à l’écart du seul parti politique encore restant, le Parti communiste algérien  et, donc,  du multipartisme.

L’appropriation rapide et bien souvent frontale , bien souvent en dehors de toute réglementation, des médias par les citoyens (tout particulièrement pour ce qui concerne les Tic : télévision satellitaire, téléphone portable , internet..), à partir d’octobre 1988, moment fort de rupture politique, a  certes bouleversé les comportements mais elle a, aussi et surtout, transformé les langues usités par l’intrusion de nouveaux langages.

Aujourd’hui, le poids et l’influence des pouvoirs publics sur un système éducatif qui peine à se trouver , ne sont plus aussi évidents que par le passé, le risque est donc grand de voir naître et se développer , sous les coups de boutoir de ces nouveaux langages, une nouvelle langue , ni totalement de l’ arabe scolaire, ni du français, mais un mélange déformé (adapté ?) des deux avec des mots empruntés au  tamazight , bien loin en tout cas de l’habituel arabe dit dialectal (derdja) que l’on connaissait à travers tout le territoire national (avec de petites différences locales ou régionales) , compris par la grande majorité de la population.

 

Une nouvelle langue qui se dit mais qui ne s’écrit pas , qui obéit à ses propres règles grammaticales et qui, parfois, se comprend mal.

C’est ce qui fait d’ailleurs la préoccupation essentielle (pour ne pas dire angoissée) des autorités chargées de suivre l’évolution de la langue arabe dans la société comme l’Académie de la langue arabe et ,surtout, le Conseil supérieur de la langue arabe (CSLA) ….qui, après avoir organisé moult séminaires et colloques centrés sur la langue arabe  (28-29 juillet 2008 sur « le rôle des médias audiovisuels dans la diffusion de la langue arabe littéraire » puis  en décembre 2009 sur « le travail de proximité dans la promotion de la langue arabe ») a organisé les toutes dernières  mi-février 2010, sur «  le phénomène de l’ « hybridation  » (ou métissage ou incorrection) (Tahdjin) de la langue arabe » et, fin mars 2010, sur « l’utilisation de la langue arabe dans la presse écrite ».

Un constat désolant et déroutant tant pour les tenants de la langue arabe que pour ceux de la langue tamazigh et de la langue française ! Une absence de maîtrise des langues…….face une production langagière extrêmement riche et bien vivante.

 

Le paysage médiatique durant la guerre de libération nationale et l’occupation coloniale : moyens , langues et et langages

Pour bien comprendre le paysage linguistique et langagier de l’Algérie d’aujourd’hui, il faut remonter le cours de l’Histoire et en démonter les mécanismes éducationnels et communicationnels.

Au niveau de l’éducationnel, point n’est besoin de trop revenir sur une non-politique d’éducation des populations indigènes, dites « arabes » ou « musulmanes » , selon les époques  : En 1954, les inspecteurs de français de l’enseignement du premier degré déclaraient dans une motion en date du 5 mars  que « l’arabe dialectal n’a de valeur que de patois, que l’arabe dialectal est une langue morte et que l’arabe moderne est une langue étrangère…ce qui ne leur permet pas de constituer une matière obligatoire d’enseignement primaire » (Voir L’Algérie coloniale par les textes, 1830 – 1962 de Chikh Bouamrane et Mohamed Djidjelli, Editions Anep, Alger 2008). Il est vrai que la cause était entendue depuis bien longtemps ! La politique coloniale était claire : Instruire quantitativement le moins possible de personnes et maintenir un niveau d’instruction au niveau de la fin du cycle élémentaire afin de détourner les capacités vers la petite formation professionnelle, productrice de main-d’œuvre. Seules échappèrent à ce système quelques centaines d ’individus . Ainsi, en 1954, 18% seulement des enfants musulmans étaient scolarisés et, au niveau de l’enseignement secondaire, sur 31 200 élèves, il n‘y avait que 5 000 d’orgine musulmane. On ne décomptait que 507 étudiants musulmans à l’Université d’Alger en 1955, sur plus de 5 000 inscrits …La plupart d’entre-eux l’étaient en langue française et quelques dizaines, destinées à fournir de la main-d’œuvre intellectuelle (traducteurs, interprètes, juges religieux…..)  avaient fréquenté les lycées franco-mulsumans et les efforts de l’Association des Oulémas (religieux) algériens peinaient, avec leurs écoles libres,  à aboutir (à former exclusivement en arabe)  tant les obstacles mis sur sa route par les autorités et les députés coloniaux de l’Assemblée algérienne étaient nombreux. Il est vrai qu’un arrêté du 8 mars 1938 pris par le ministre français de l’Intérieur de l’époque , un certain Camille Chautemps, qualifiait la langue arabe de langue étrangère……..en Algérie.

Pour ce qui concerne la presse, jusqu’en 1962, année de l’Indépendance du pays, la presse écrite était quasi-exclusivement réservée à la population européenne – , tous âges et toutes spécialités confondus -  installée en Algérie qui avait donc ses propres moyens d’expression et d’information, tous ou presque tous  en français. La presse importée de la métropole l’était aussi en français. Les publications en arabe algériennes étaient inexistantes , et celles  importées d’Egypte et de pays arabes indépendants étaient rarissimes ou alors diffusées sous le manteau. Il est vrai qu’une circulaire de 1934 signée du ministre français de l’Intérieur de l’époque, le même Camille Chautemps qualifiait les journaux de langue arabe paraissant en Algérie de journaux étrangers soumis au même régime que la presse étrangère . Ils pouvaient  ainsi être supprimés ou suspendus par simple décision administrative.

Idem pour ce qui concerne la radio qui , à partir d’un certain moment, tout particulièrement durant la lutte de libération nationale - le besoin de se rapprocher des populations indigènes étant apparu évident – les autorités avaient initié des programmes en langue arabe « parlé » et seulement en kabyle (mais pas en berbère, c’est-à-dire dans les autres dialectes) . Ici, l’information était écartée et la musique et le théâtre de boulevard monopolisaient les grilles (comme à la télévison qui commençait à émettre dans la région d’Alger. Seuls les sketches et les concerts de musique étaient admis,et comme au cinéma où la cinquantaine de  salles exclusivement fréquentées par les indigènes (sur les 316 salles au total)  ne programmaient que des films égyptiens et indous d’aventures sur fond de danses et d’intrigues amoureuses)  . Il y avait, certes quelques titres de presse écrite en arabe , mais ils ne duraient que peu de temps en raison de leur caractère trop élitiste, destinés aux lettrés et en butte, la plupart du temps, aux tracasseries administratives et policières  en raison de leur engagement politique . Le tout dernier , celui des Oulémas, El Bassair, un hebdomadaire, fut interdit le 5 avril 1956  (le dernier journal progressiste, Alger-Républicain, en français , un quotidien dans lequel avaient écrit Albert Camus et Kateb Yacine et proche du Parti communiste algérien, avait été interdit en septembre 1955 et ses responsables , journalistes ou gestionaires comme Henri Alleg, étaient emprisonnés ou obligés à rejoindre les maquis).

Durant la guerre de libération , à partir de 1957, s’était développée une radio clandestine nationaliste en arabe, en français et aussi en berbère mais c’était , malgré tout, bien peu de chose face à la déferlante des actions des services psychologiques de l’armée française (Voir Franz Fanon, L’An V de la Révolution algérienne de Franz Fanon , Editions Anep). La presse écrite nationaliste existait certes clandestinement, mais sa diffusion était bien limitée et le grand public musulman s’abreuvait (avec difficultés, car contrôlées et souvent censurées ou saisies par les autorités militaires )  surtout dans les publications dites « métropolitaines » , importées, et réellement ou supposées progressistes  (Témoignage Chrétien, l’Humanité, Le Monde, Le Nouvel Observateur, L’Express,….)

Tout cela a développé, selon nous, certains  comportements sociétaux dans la consommation des produits de la communication, comportements qui perdurèrent après l’Indépendance, d’autant que la décolonisation du paysage médiatique, cinéma y compris, ne se termina pas avec l’indépendance politique. Elle ne se termina qu’en 1968 :  radio-télévision, fin 1962/  presse écrite, fin 1963/ publicité fin 1963-64/  importation et diffusion du

livre et du manuels scolaire et  diffusion de la presse nationale et étrangère en 1966 / cinéma en 1969….et boycott du marché par les grandes compagnies jusqu’en 1972 :

-         La prédominance d’un langage bien plus oral qu’écrit

-         Une  faveur dominante pour la langue française

-         L’attirance pour les médias externes au pays, les radios (puis la télévision à partir des années 80)  en particulier pour la plupart et la presse écrite pour les élites.

 

 

Le paysage médiatique de 1962 à avril 1990 . Moyens, langue officielle : entre modernité déclarée et unanisme linguistique imposé

L’Indépendance venue, l’Algérie allait se retrouver face à une autre bataille , certainement la plus délicate d’entre-toutes, car immatérielle et, donc, insaisissable. Celle de l’adoption et l’acceptation d’une langue commune.

En fait et cela dure encore, « la situation sociolingustique reste très complexe » (Abderrezak Dourari, in Les malaises de la société algérienne. Crise de langues et crise d’identité. Casbah éditions, Alger 2004) , malgré les décisions politiques , les règlementations contraignantes et un système éducatif favorisant très largement la langue arabe scolaire et une politique menée bien souvent au pas de charge  .

 

 L’arabe solaire est la langue officielle mais la langue usitée couramment tout particulièrement dans le secteur économique et même dans les administrations reste le français. On se retrouve dans un bilinguisme non stabilisé, dans la mesure où une des deux langues , l’arabe scolaire et le français   (avec , derrière chacune d’entre-elles, des groupes de pression) vise à supplanter l’autre , avec un arabe algérien (et ses variantes régionales multiples  mais  heureusement très proches les unes des autres bien que pas totalement semblables ), lui-même confronté au tamazight (« ensemble de variétés berbères différenciées dont l’unité est abstraite ») qui se parle mais ne s’écrit pas encore de manière uniforme et acceptée par la majorité (lettres latines ou lettres arabes …ou en caractères tifinagh).  Tout cela dans une athmosphère de « guerre des langues » …..ignorant superbement un terrain qui pratiquait de plus en plus , dans sa vie quotidienne et dans ses rapports avec les autres, un mélange de langues, un « sabir »  fait de mots et de tournures en français (déjà assez maltraité par les pied-noirs français durant l’époque coloniale)  , en arabe dit parlé (dialectal ou derdja),  en langue berbère selon la région , mots organisés sur la base de ce qu’avait pu transmettre l’école comme règles granmmaticales….en arabe dite fusha (alors enseignée par des enseignants « importés » du Moyen-Orient) et en français.

L’actuel  Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un parfait trilingue (arabe, français…..et derdja) avait, lui-même, au début de son premier mandat, début 2000, lors d’un discours, laissé entendre qu’ « il ne parvenait pas à déterminer quelle langue parlent les Algériens » . Un chercheur s’était montré plus catégorique : il y a des mots qui ne peuvent être compris que par l’Algérien du 21è siècle (Ex : Ma tixistiche…. « Elle n’existe pas »)

Pour illustrer ceci, nous rapportons les propos d’un directeur d’école à la retraite (in El Watan, 31 juillet 2010) : « Dans nos classes, on remarquera chez les élèves actuellement l’emploi abusif de l’arabe dialectal « envahi » de mots français arabisés (machina pour machine, cousina pour cuisine, tomabile pour automobile, el maçon pour le maçon, tiliphoni pour téléphone el trittoir pour le trottoir, boulici pour policier dodane pour dos d’âne , familia pour famille) …à l’écrit come à l’oral. Les fautes grammaticales, de conjugaison et d’orthographe sont aussi à déplorer (…) "

 

 Le paysage médiatique de l’Algérie né des événements d’octobre 1988…à nos jours

Après les « évènements d’octobre 1988 », une révolte urbaine généralisée des jeunes contre le système politique de Parti politique unique et ses appareils  (le FLN et ses organisations au pouvoir depuis l’Indépendance) , et moins de deux années après, le multipartisme était adoptée avec une Constitution libérale et , en avril 1990, une loi relative à l’Information était promulguée, ouvrant à l’initiative privée tous les champs de l’expression médiatique.  Mis à part le champ de l’audiovisuel qui reste encore fermé, les textes d’application traînant en longueur  avec pour alibi premier un « état d’urgence » décreté au début des années 90 , en raison des menaces terroristes et islamistes (encore que cela reste limité comme affirmation, les Algériens pouvant capter, aisémment et en toute liberté, grâce à l’antenne  parabolique, près de 2 500 chaînes de télévisons étrangères dont près de 300 en langue arabe), les autres champs : presse écrite, publicité, édition, internet, ont été totalement bouleversé

 

- Les moyens : On s’est retrouvé en moins de deux décennies avec près de 500 publications (3,5 millions d’exemplaires/jour ) dont près de 80 quotidiens  qui tirent 3 millions d’exemplaires/jour en période de « pointe » comme lors de la Coupe du monde de football, et touchant donc près de 8 millions de lecteurs par jour . A noter, içi, que les 2/3 du tirage global des quotidiens sont  en langue arabe (44 titres), la tendance s’étant inversée à partir du début des années 2000, avec l’arrivée sur le marché de la consommation de générations totalement arabisées. Auparavant, les 2/3 du tirage étaient en français.

On s’est retrouvé avec un marché publicitaire qui a littéralement explosé ( 200 millions de dollars et près de 400 agences de publicité dont une dizaine domine le lot et toute  liée aux grandes compagnies internationales comme Dentsu, Publicis, Havas, Mc Cann, EuroRSCG, Decaux…..)  avec l’ouverture économique et l’installation de compagnies étrangères en Algérie, tout particulièrement celles de la téléphonie mobile, de l’agro-alimentaire et de l’automobile. L’affichage  (stades, autoroutes, bâtisses) a connu ,de ce fait, un « boom » inoui.

La téléphonie mobile a, pour sa part, rattrapé un retard en très peu de temps (moins d’une décennie) et, mi- 2010, il y a près de 34 millions d’abonnés pour une population , au 1er janvier 2010, de 35,6 millions d’habitants.

Bien sûr, le décor est complété par les 3 millions d’internautes dont plus de 2,5 millions sont les personnes fréquentant près de 7 000 cybercafés.

 

- Le contenu :  Globalement, si le contenu de la presse en français reste destinée à un groupe de plus en plus restreint, une certaine élite,  surtout économique et culturelle,  celui de la presse arabophone se veut populaire, « ratissant » très large, d’où des adaptations aux lecteurs…tout particulièrement chez les supports médiatiques à fort tirage ou audience (ex : les quotidiens arabophones Ech Chourouk Et Yaoumi et El Khabar qui tirent à près de un million d’exemplaires -1,6 million/jour et 1,2 millions/jou pour les deux  lors de la dernière Coupe du monde de football dans laquelle l’Algérie était engagée -  les quotidiens sportifs , les hebdomadaires people assez nombreux, une vingtaine, mais aussi la radio , tout particulièrement certaines chaînes locales comme Radio Bahdja pour l’Algérois et souvent la télévision, surtout Canal Algérie destiné à la population émigrée en Europe) , rejoignant ainsi le contenu de la publicité (radio-télévisée et affichage) dont  les slogans et les textes d’accroche  utilisent largement des termes arabo-algériens mais écrits en lettres latines, ou alors des termes francais mais écrits en langue arabe ou un mélange des deux…compréhensibles seulement par le citoyen algérien (Voir exemples en annexe)  . Le cinéma et les feuilletons télévisés s’y mettent à fond , sachant bien que l’audimat et la fréquentation des salles ne peuvent  atteindre leur maximum que lorsque les productions sont en arabe dialectal local, pour reprendre une appellation désormais « déposée »  utilisée par les voisins Marocains confrontés au même problème (idem pour l’Egypte et la Tunisie dans une moindre mesure).

 Selon un journaliste (Le Cap magazine, n°10 du 31 octobre 2008), c’est « un sous-langage . Ceci sans parler de la prolifération des sigles et du langage Sms….Une langue de « mutants »..avec un vocabulaire bien pauvre, mélange de très mauvais français et de très mauvais arabe, sans aucun échafaudage grammatical ». Il est vrai que la plupart, sinon la quasi-totalité des écrivants et des créatifs ( 3 à 4 000 journalistes sur les 5 000 qui exercent à titre permanent)  se situent actuellement dans la tranche d’âge des 25-45 ans, tous enfants de la nouvelle école algérienne, celle de l’Ecole fondamentale des années 70 et 80, totalement arabisée, assez conservatrice,  faisant peu de place aux langues étrangères et encore moins à la française.

 

 

 

 

Conclusion

-Une guerre perdue pour le système éducatif algérien qui a tenté ,depuis quelques années, de stopper la « descente aux enfers » en ré-introduisant la langue française dès les premières années de l’Ecole primaire et en revoyant de fond en comble la formation des enseignants, tout  particulièrement par une  « mise à niveau » des anciens enseignants alors recrutés en toute hâte  pour faire face à une arabisation forcenée de l’Ecole ? On va même introduire , à partir de cette année scolaire 2010-2011, une nouvelle matière intitulée « Terminologie »   destinée aux classes de terminales scientifiques et techniques…et ce, afin que les lauréats du baccalauréat s’en allant à l’Université puissent enfin bien comprendre ….les matières professées et les termes techniques et scientifiques utilisés., et accéder facilement à la documention étrangère.

 

Très certainement , quelques générations perdues, avec toutes les répercussions négatives sur le niveau des autres paliers du secondaire et de l’universitaire .

 

-Une dérive due , assurémment , au départ, à un nationalisme sourcilleux, teinté de conservatisme mais qui, sous les coups de boutoir des avancées mondialisantes des technologies nouvelles de la communication et des nouvelles demandes plus universelles des générations post-88, dans tous les domaines, est en train de reculer.

 

-Mais, aussi, une chance pour le pays de se doter , enfin, d’une langue ou de deux   nationales modernes, adaptées à la société algérienne nouvelle, ouvertes sur l’universel,  qui feront l’unanimité car elles auront puisé dans tous les trésors culturels du pays , tout particulièrement dans l’arabe,  le tamazight….et le français (et d’autres langues étangères comme l’anglais)

     - sans pour autant rejeter l’une, le français, un riche « butin de      guerre » selon l’écrivain Kateb Yacine, bien que trésor assez pesant,

-         sans ignorer l’autre, le tamazigh et ses déclinaisons régionales, patrimoine naturel ,

-         et sans « fétichiser » (pour reprendre une expression de Abdallah Laroui, un sociologue maghrébin) ou sacraliser  la première, l’arabe scolaire dit littéral.

 

En juillet 2010, l’association culturelle la plus conservatrice et la plus francophobe du pays, El Djahidia, dirigée par le grand écrivain « mortellement » anti-francophone Tahar Ouettar ( il vient de décéder le 12 juillet 2010 à l’âge de 74 ans après un long traitement contre un cancer, en France) , avait récompensé un jeune nouvel écrivain , Sami Kacimi, pour son roman …écrit en arabe, bien sûr….mais dont le titre , Tasrih bi-dhayaa’, était ……….en caractères latins ( Déclaration de perte)….car « cela donne, selon le jury, plus de poids à l’œuvre littéraire comme l’introduction  de termes en arabe dialectal dans un roman ».

 

Une chance ? Faudait-il encore qu’il y ait, assez rapidement, pour ne pas laisser s’ammonceler encore plus les déviations,  une forte prise de conscience des dangers encourus par un plurilinguisme non maîtrisé à l’école et non « régulé » sur la place publique (ainsi, il n’existe encore aujourd’hui, aucun texte réglementant la publicité dans les médias),  débouchant inévitablement sur des langages qui s’entechoquent . Il faut, aussi,  une forte volonté politique d’ouverture sur le monde , sur les langues étrangères et sur l’universel  et une acceptation , étudiée en commun, de l’ « Autre ».

Ce qui n’est pas chose aisée pour l’heure par défaut de communication entre les élites et la masse : « L’arabe littéral parlé en Algérie par les élites politiques est très éloigné de l’arabe dialectal parlé par la masse algérienne : ce sont là deux mondes qui ne communiquent pas entre eux, ce qui permet à la sphère politique de capter pour elle seule les revenus du pouvoir » conclut Dominque Gaurier de l’Université de Nantes, dans une étude parue récemment (El Watan, dimanche 15 août 2010).

 

Le nouveau nœud de la problématique de l’enseignement des langues en Algérie ? Car, auparavant, dans les années 70 et 80, on accusait l’élite économique de se servir de la langue française et  de ne pas communiquer avec les masses,  pour lui  permettre de capter , pour elle seule, les revenus de la gouvernance économique et industrielle.

 

 

 

ANNEXE (Exemples de slogans publicitaires rédigés en caractères latins. Traduction approximative entre parenthèses )

 

Meftah Najahi (La clé de mon  succès),  Prix Tayeh (Bas prix),  Maâk ya el Khadra (Avec toi, les Verts), Maâk ya Dzair (Avec toi, l’Algérie),  Gosto (Je suis bien), ‘Aich la vie (Vis la vie), ‘Aiche le foot (Vie le foot), Rezki & Rezki (Mon bien et mon bien), Batel (Pas cher),  Sahla (Facile) , Hala (Super) , Derti Hala (Vos avez été super), Jazair Sakna fi Kalbi (Algérie dans mon cœur) , Crédit Bayti (Un crédit pour mon home) , Inchallah Ya Rabi (Si Dieu le veut), H’na Daymine (Toujours présents), Dima Maakoum(Toujours avec vous) ,Maâk yal Khadra Zidi L’Kedem (Avec toi, les Verts, toujours de l’avant) ,Tem Tem (Immédiatement), Ramadhan Kareem (Bon Ramadhan), Ramadhan Karim (Bon Ramadhan), Doubli W’Zid (Double et rajoute), Fexily (Chargement en téléphonie mobile) , Imtiyaz (Avantage en téléphonie mobile )...……