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Essais nucléaires

Date de création: 21-07-2008 18:02
Dernière mise à jour: 09-03-2014 14:20
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HISTOIRE - COLONIALISME - ESSAIS NUCLEAIRES

 

Le 13 février 1960, la France effectuait à Hamoudia, à 40 km de Reggane et à 150 km à l'Ouest d'Adrar, ses premiers essais nucléaires.

La bombe atomique, baptisée "Gerboise", avait une puissance évaluée de 60 à 70 kilotonnes, soit environ le triple de la puissance de celle  lancée par les Américains sur  Hiroshima en 1945.

Plusieurs autres essais nucléaires, de moindre puissance, ont été effectués, notamment "Gerboise blanche", le 1er avril 1960, "Gerboise rouge" le 27 du même mois, en 1960 toujours, et "Gerboise verte" le 25 avril 1961, tous des essais à ciel ouvert .

Des explosions souterraines ont eu lieu, par la suite, jusqu'en 1966, dans la région d'In Ikker, dans la wilaya de Tamanrasset, soit 13 essais en tout.

En mai 1962, un essai souterrain, celui de Béryl (nom de code du tir) à In Ekker, au Hoggar, se termina par un grave accident, un nuage radioactif s'étant échappé de la galerie souterraine et avait contaminé les alentours. 46 ans après, les séquelles des expériences restent vivaces . D'autant que, selon la presse française, l'armée française aurait profité des expériences, entre 1960 et 1961, pour organiser des manœuvres en milieu radioactif.

Si les vétérans de l'Armée française (en Algérie et en Polynésie française) se sont organisés pour réclamer des indemnisations, aucune demande officielle algérienne d'indemnisation n'a été formulée jusqu'à présent.

Liste des essais nucléaires en Algérie :

A Reggane : Essais aériens >>>>>Gerboise bleue (13 février 1960, 70 kt), Gerboise blanche (1er avril 1960, 5 kt), Gerboise rouge (27 décembre 1960, 5 kt), Gerboise verte (25 avril 1961, 5 kt)

A In Ikker : Essais souterrains >>>>> Agate (7 novembre 1961 , 20 kilotonnes), Béryl (1er mai 1962, 30kt), Emeraude (18 mars 1963, 20 kt), Améthyste (30 mars 1963, 5kt), Rubis (20 octobre 1963, 100 kt), Opale (14 février 1964, 5 kt),  Topaze (15 juin 1964, 5 kt), Turquoise (28 novembre 1964, 20 kt), Saphir (27 février 1965, 150 kt), Jade ( 30 mai  1965, 5 kt), Corindon (1er octobre 1965, 5 kt), Tourmaline (1er décembre 1965, 20 kt), Grenat (16 février 1966, 20 kt)

Note : - C’est seulement mi-2007 que les autorités algériennes ont décidé d’installer une clôture définissant le périmètre de l’impact de l’explosion de la première bombe nucléaire française à Hamoudia (Reggane)… …afin d’éviter aux habitants de la région la menace éventuelle d’une contamination ; menaces encore  réelles selon un rapport du ministère de la Défense française établi en mars 2007. D’autres rapports établis en 1999 et en 2005 par l’Agence internationale de l’énergie nucléaire avaient abouti à la même conclusion.

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Une carte de l'armée française de 1960, déclassifiée en 2013, montre que les retombées radioactives du premier essai nucléaire français dans le Sahara algérien ont été beaucoup plus importantes que celles admises à l'époque, s'étendant à toute l'Afrique l'ouest et au sud de l'Europe, selon un document publié vendredi 14 février 2014 par Le Parisien (France) .

Cette carte montre que, jusqu'au treizième jour suivant l'explosion aérienne, le 13 février 1960, de Gerboise Bleue, la première bombe française, les retombées radioactives se sont étendues à toute l'Afrique de l'Ouest, au sud-est jusqu'à la Centrafrique, ainsi qu'au nord, sur la côte espagnole et la Sicile.

« Les militaires reconnaissent qu'à certains endroits les normes de sécurité ont été largement dépassées : à Arak, près de Tamanrasset, où l'eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne de N'Djamena », écrit Le Parisien.

DES RADIOÉLÉMENTS NOCIFS POUR LA SANTÉ

« La carte du zonage des retombées montre que certains radioéléments éjectés par les explosions aériennes, tel l'iode 131 ou le césium 137, ont pu être inhalés par les populations malgré leur dilution dans l'atmosphère », affirme Bruno Barillot, un spécialiste des essais nucléaires cité par Le Parisien. Or, selon cet expert, « personne n'ignore aujourd'hui que ces éléments radioactifs sont à l'origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires ».

« Classée secret-défense par l'armée pendant des décennies », cette carte à été déclassifiée le 4 avril 2013 « dans le cadre de l'enquête pénale déclenchée par les vétérans des campagnes d'essais nucléaires français [dans le Sahara au début des années 1960, puis en Polynésie dans les années 1970] », précise le quotidien.

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HISTOIRE- ENQUETES ET REPORTAGES - ESSAIS NUCLEAIRES FRANÇAIS- YAZID ALILAT /LE QUOTIDIEN D’ORAN

 

Essais nucléaires français : Un nouvel examen des demandes d'indemnisation rejetées

par © Yazid Alilat/Le Quotidien d’Oran

Les essais nucléaires français, dans le sud algérien, restent impunis et leurs victimes algériennes non reconnues et ignorées. Pis, ces essais nucléaires, dont le premier tir aérien, le 27 décembre 1960, à Reggane, ont touché, aussi bien le sud que le nord de l'Algérie ; les nuages radio-actifs ayant affecté la péninsule italienne et l'Espagne. Selon une carte des retombées radioactives de ce premier essai nucléaire français, à Reggane, déclassifiée, en avril dernier, les nuages radioactifs avaient, alors, «voyagé» vers les pays africains de l'Est et de l'Ouest, au sud de l'Algérie, et vers l'Europe dont l'Italie et l'Espagne, au nord de l'Algérie. Cette carte, qui a été déclassifiée le 4 avril 2013, dans le cadre d'une enquête pénale, déclenchée par des vétérans des essais nucléaires français, montre l'étendue des retombées radioactives du premier essai nucléaire aérien, effectué dans le Sahara. C'était l'opération «Gerboise», un tir aérien d'une bombe nucléaire, le 27 décembre 1960, près de Reggane. Après «Gerboise bleue», il y a eu «Gerboise blanche, rouge et verte». Ensuite, suivront 13 autres tirs nucléaires, souterrains ceux-là, dans la région de Tamanrasset, à In Ecker, jusqu'en 1960. La carte publiée par «Le Parisien» montre, en fait, les zones de contamination du premier tir nucléaire français de Reggane, qui s'étendent au-delà du sud algérien, observées jusqu'à deux semaines après le premier tir aérien de février 1960.

Les retombées radioactives sont recensées au Mali, en Mauritanie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Niger, en Centrafrique, au Tchad, au Ghana. Le parcours du nuage atomique est, en fait, établi: un jour après l'explosion, il traverse le désert, en fonction des vents, et atteint Tamanrasset. En l'espace de 24 heures, l'Afrique subsaharienne est touchée. En Afrique centrale, N'djamena et Bangui le sont, aussi. Trois jours plus tard, le nuage remonte vers l'Afrique de l'Ouest pour atteindre Bamako, quatre jours après l'explosion.         Deux semaines après, toujours chargé de radioactivité, il atteint les côtes méditerranéennes espagnoles, ainsi qu'une bonne moitié de la Sicile, en Italie. Les effets sur les populations algériennes, qui ont servi de cobayes, à ces essais nucléaires, à Reggane, sont connus, et pour lesquels l'Algérie, par le biais d'associations, a toujours demandé, d'abord la reconnaissance par la France de ces tests, ensuite l'indemnisation de leurs victimes. Peine perdue, puisque les victimes algériennes de ces essais nucléaires ne seront ni reconnues et encore moins indemnisées. Et ce sont des vétérans français des essais nucléaires de la France, qui ont participé à ces tirs, qui ont réussi à faire déclassifier cette carte qui montre l'étendue du désastre de la course à l'armement nucléaire de la France. «Les militaires reconnaissent qu'à certains endroits les normes de sécurité ont été largement dépassées : à Arak, près de Tamanrasset, où l'eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne de N'Djamena», écrit «Le Parisien», qui cite un spécialiste des essais nucléaires, Bruno Barrillot. Celui-ci décrypte la carte de l'armée française : «La carte du zonage des retombées montre que certains radioéléments éjectés par les explosions aériennes, tel l'iode 131 ou le césium 137, ont pu être inhalés par les populations, malgré leur dilution dans l'atmosphère». Selon lui, «personne n'ignore, aujourd'hui, que ces éléments radioactifs sont à l'origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires». Si les vétérans français des essais nucléaires de la France, en Algérie et en Polynésie, demandent réparation et à être indemnisés, les victimes algériennes ont, elles aussi, saisi la justice, et réclament des comptes à la France, notamment pour contrer ce mythe, longtemps colporté par les puissances nucléaires, de la «bombe propre». Le 22 janvier dernier, au Sénat français, la juriste algérienne Fatima Benbraham, avait rappelé qu'à ce jour «aucune des victimes de ces explosions n'a été reconnue comme telle», précisant que «54 ans après les essais atomiques à Reggane, 52 ans après l'accident de Béryl, à In Ecker, et 52 ans après l'indépendance de l'Algérie, aucune reconnaissance, de la part de la France coloniale, ni pour les victimes nucléaires, ni pour l'environnement».

POLYNESIE, LOI «MORIN»: LES ALGERIENS TOUJOURS VICTIMES NON RECONNUES

En outre, elle a dénoncé le caractère sélectif de la loi «Morin» sur la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, en Polynésie, mais pas en Algérie, ni aux dégâts causés à l'environnement. Sur les 32 dossiers de reconnaissance et d'indemnisation, déposés par les victimes algériennes, «tous ont été rejetés», en décembre 2012, par la commission «ad hoc» mise sur pied, à la faveur de la loi «Morin», car jugés «incompatibles» avec cette dernière. «Ils ont été refusés au motif que les pathologies déclarées ne rentrent pas dans le cadre de cette loi», a-t-elle affirmé. Pour continuer dans son cynisme, la France a confirmé, en décembre dernier, que les victimes algériennes de ces essais nucléaires ne sont, toujours pas, reconnues, en tant que telles, et donc ouvrant droit à un processus d'indemnisation. Le processus d'indemnisation de la loi «Morin» a été étendu «à toute personne ayant résidé ou séjourné sur la globalité du territoire de la Polynésie française, entre le 2 juillet 1966 et le 31 décembre 1998, la possibilité de solliciter une indemnisation». Les essais nucléaires en Algérie restent, encore, officiellement, de la fiction pour le gouvernement français, l'actuel comme tous ses précédents, depuis 1960. Mais la situation pourrait changer, à la faveur de l'annonce d'un nouvel examen des demandes d'indemnisation, ayant fait l'objet d'une décision de rejet. Même que cette annonce concerne la Polynésie française, des observateurs soutiennent que cette brèche pourrait servir, aussi, aux victimes algériennes des essais nucléaires. En effet, le ministère de la Défense a publié, dans le Journal Officiel, en date du jeudi 13 février, une réponse à des questions écrites, posées par trois sénateurs, sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. En novembre 2013, Georges Mabazée sénateur socialiste des Pyrénées atlantiques, Rémy Pointereau sénateur UMP du Cher et Jean-Marc Pastor, sénateur socialiste du Tarn, avaient pointé du doigt les difficultés de la mise en œuvre de la loi
‘Morin' relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Les trois députés demandaient une adaptation de cette loi ‘Morin' pour que le processus d'indemnisation soit plus efficace.

Dans sa réponse, du 13 février 2014, le ministère de la Défense français rappelle que: «le gouvernement suit avec la plus grande attention le dossier relatif aux
conséquences sanitaires des essais nucléaires français». Par ailleurs, le 18 décembre 2013, une modification a été apportée à la loi ‘Morin', étendant le processus d'indemnisation «à toute personne ayant résidé ou séjourné sur la globalité du territoire de la Polynésie française, entre le 2 juillet 1966 et le 31 décembre 1998, la possibilité de solliciter une indemnisation». La réponse précise encore que : «au regard de cette évolution, il sera procédé à un nouvel examen des demandes d'indemnisation, ayant fait l'objet d'une décision de rejet, sur la base des délimitations concernant la Polynésie française, précédemment fixées par l'article 2 de la loi du 5 janvier 2010».

                                                                                                                                 © Yazid Alilat/Le Quotidien d’Oran