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Récit Houria Ait Kaci- "Mémoires d'une journaliste militante du Pags......"

Date de création: 09-02-2024 18:26
Dernière mise à jour: 09-02-2024 18:26
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COMMUNICATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT HOURIA AIT KACI- « MÉMOIRES D’UNE JOURNALISTE MILITANTE DU PAGS..... »

 

Mémoires d’une journaliste militante du Pags. Pages d’un combat pour la liberté. Récit de Houria Ait Kaci.Les Presses du Chélif, Chlef,  2023, 236 pages, 1 000 dinars

 

Elle a commencé  en 1978 et l’aventure continue encore.Celle du journalisme. Sans jamais baisser les bras ou abandonner sa plume.Il est vrai que débuter le métier dans un organe de presse d’une organisation syndicale, en l’occurrence « Révolution et Travail »  (Ugta) était formateur en journalisme engagé (ou militant) , mais aussi en bonne connaissance des terrains sociaux et politiques. Durant presque toute une décennie. Par la suite,grâce à cette expérience,  le passage à l’Aps, Agence de presse publique, allait s’avérer peut-être plus aisé. Peut-être ? Car les évolutions politiques et sociales et les manœuvres politiciennes survenues à partir du milieu  des années 80 ne rendaient pas facile l’ exercice du métier. Encore une autre décennie d’exercice.Ceci avant de tenter l’aventure médiatique indépendante (privée ?) avec ses hauts et ses bas, des bas plus que des hauts, tout particulièrement ceux matériels et financiers ....en plus , durant la décennie noire, du danger terroriste.

Quarante années d’expérience ne pouvait aboutir, inéluctablement ,(et c’est tout le « mal » que l’on souhaite aux journalistes qui  en ont « vu de  toutes les couleurs et horreurs » et qui devraient les raconter) à la production de mémoires.

On a donc le récit d’une « enfance dans la guerre » vécue , en Kabylie natale, par une fille de chahid.....les manifestations historiques du 5 juillet 1962 et les jours suivants..... les douloureuses épreuves vécues par les proches de chouhada sans sépulture, dont celle de  ne pouvoir se recueillir sur les tombes . Son père, Boussad Aït Kaci, tué le 21 mai 1957, lors d’un accrochage avec l’ennemi, est resté sans sépulture, tout comme ses 19 compagnons tombés ce jour-là. Enterrés dans une fosse commune, ce n’est que cinquante ans après l’indépendance, le 5 juillet 2013, raconte-t-elle, que leurs dépouilles ont été réinhumées au Carré des Martyrs du cimetière avec une stèle commémorative, au cours d’une cérémonie officielle......les études à l’Université et la découverte du marxisme..... l’adhésion au Pags en pleine clandestinité (pseudo : « Fatima ») ......la découverte du monde ouvrier , du pays profond et des résistants historiques oubliés......la « déboumediénisation » .......le 5 octobre 1988 , le Mja, la censure et la répression.....le terrorisme islamiste......l’assassinat de Boudiaf.....et , bien sûr, les 20 ans de Bouteflika à El Mouradia, et les milliards de dollars détournés par les oligarques .

Tout cela racontée (plutôt décrit avec minutie et conviction ) avec, toujours, sa foi en un système alternatif au capitalisme mondialisé , un système qui soit plus humain, plus juste, plus égalitaire et débarrassé de l’exploitation et de l’oppression. Socialisme ? Social-écologie ? Eco-socialisme ? Social-solidaire  ? Peu importe, l’essentiel étant l’intérêt des nouvelles générations et de la souveraineté nationale

Des précisions personnelles, ayant été Dg de l’Aps d’octobre 85 à début mai 90 : Concernant la « descente en flammes » de Kasdi Merbah (p 115) , je n’ai jamais assisté à une   « réunion » à la Présidence évoquée organisant  la « chose » (ou même reçu un coup de téléphone) ...et le seul article paru  à l’Aps , écrit en dehors des locaux par ????? (si mes souvenirs sont bons) a été diffusé  à mon insu.Concernant l’agrément du Fis (p 119) .....et du Rcd, je crois savoir que cela a été beaucoup plus le fait de deux hauts responsables -non militaires- influents.Quant à la couverture  des événements d’octobre, je ne me  souviens  d’aucune réunion au ministère de la Communication pour l’interdire. L’Aps avait d’ailleurs assuré une couverture en étant, bien entendu,  assez prudente dans le traitement des faits et encore plus dans ses commentaires. Il y avait de quoi !

 

 

 

L’Auteure : Née le 15 avril 1952 à Ait Saada (Tassafat Ouguemoun/ Tizi Ouzou). Licence en sciences politiques et de l’information (1978). Journaliste à « Révolution et Travail » puis à l’ « Aps » puis à la tête de l’ « Agence Algérienne d’information » (1996-2007) puis correspondante   de plusieurs titres de presse étrangers (« Lusa »et  « Expresso » (Portugal) / « Dpa » (Allemagne).....  

Extraits « Bien que la guerre (ndlr : de libération nationale) soit terminée, les traumatismes ne le sont pas encore.Les conflits violents causent des traumatismes qui ne guérissent pas chez les personnes qui en ont souffert (....). L’individu est un tout, un corps, une âme » (p 30), « L’implosion du Pags s’est déroulée au moment où le libéralisme, couplé à l’islamisme, a mis fin à l’option socialiste et fait entrer l’Algérie dans une éère de violence meurtrière » (p 67), « Qui avait intérêt à l'élimination de Boumediene et l’avait « aidé à rejoindre l’au-delà ?» (p 78), « Après le 5 octobre, Chadli a ouvert les portes non seulement au libéralisme sauvage de l’import-import, mais aussi à un multipartisme débridé... » (p 131), « La politisation excessive du mouvement (ndlr : Mja) finit par provoquer sa fissure car tout le monde n’avait pas les mêmes idées et ne partageait pas les mêmes positions politiques « (p 161), « La guerre menée contre le peuple algérien durant une décennie a fait plus de 200 000 victimes » (p193)

 

Avis :Un livre qui nous réconcilie avec l’écriture (journalistique) accessible, c’est-à-dire claire, précise et concise. ...., celle que j’aime, et avec un récit mémoriel franc et direct.....celui que l’on attend de mémoires . Digne d’une journaliste confirmée..... et d’une militante engagée. Tant mieux !Un livre qui ne plaira peut-être pas à beaucoup. Tant pis !

 

Citations : « Le journalisme n’étant pas une science exacte, le regard porté sur ces moments qui ont jalonné différentes étapes de notre pays reste forcément subjectif, personnel (.....). Le journaliste est placé à un poste d’observation qui lui permet de suivre et de comprendre les événements qui secouent la société, ses crises, ses blocages, ses ruptures, ses révolutions et contre-révolutions »  (p 5), « L’armée française n'a rien à envier à celle d’Hitler par ses massacres, ses tortures, ses bombes au napalm et, pour finir, ses essais nucléaires à Reggane, au Sahara...Malgré toutes ces abominations, certains osent parler de « mission civilisatrice » de cette armée coloniale »   (p 31), « Les crimes d’Etat ne se pardonnent pas »  (p 35), « Le pays berbère ne se limitait pas seulement à la Kabylie, les racines des Algériens sont bien berbères ! » (p93), « A l’Aps, il y avait les moyens mais pas la liberté d’information ; à l’Aai, nous avions la liberté d’information mais nous manquions terriblement de moyens ! »  (p 165), « Dans un contexte de crise ou de guerre, la rumeur va plus vite que l’information car les sources officielles communiquent très peu au moment de l’événement quand elles n’imposent pas le black-out total » (p 182), « Entre l’observation par un témoin d’un événement à un moment donné et celui où l’information parvient au journaliste, la situation peut évoluer rapidement, surtout dans les cas de crise »  (p 184), « Bouteflika n’aimait pas la presse de son pays.....Il traitait les journalistes algériens de « teyabat el hammam » (masseuses de bain maure) » (p 195) , « J’avais l’impression que Bouteflika parlait et agissait comme quelqu’un d’étranger à son peuple......Je me suis toujours demandé pourquoi, s’il détestait à ce point ses compatriotes, avait-il accepté de devenir leur Président ? » (p2 19)