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Presse France/ Mainmise des grandes fortunes 2023

Date de création: 26-12-2023 18:46
Dernière mise à jour: 26-12-2023 18:46
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COMMUNICATION- ETRANGER- PRESSE FRANCE/MAINMISE DES GRANDES FORTUNES 2023

© Le Monde (France)/ Brice Laemle, mardi 26 décembre 2023

Tout sauf immobile, le paysage médiatique français n’a cessé d’évoluer tout au long de l’année 2023, caractérisé par l’activisme stratégique de quatre milliardaires : Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Rodolphe Saadé et Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du Monde. En dehors du bastion de l’audiovisuel public et de publications indépendantes

 d’influence (Mediapart, Contexte...), les principaux médias français sont aux mains de grandes fortunes. Nous proposons ici un panorama infographique non exhaustif, qui met en avant cette caractéristique et les mouvements des douze derniers mois.

L’année qui vient de s’écouler a d’abord été dominée par les conditions fixées par la Commission européenne pour que Vivendi puisse finaliser son offre publique d’achat (OPA) sur Lagardère (Paris Match, Le Journal du dimanche, Europe 1, Europe 2, RFM, Hachette). « Cela a amené à un repositionnement des différents acteurs », analyse l’ancien banquier d’affaires Jean-Clément Texier.

Un appétit impressionnant

Car pour obtenir l’aval des autorités anticoncurrence européennes, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré a dû céder 100 % du capital d’Editis – le numéro deux français de l’édition (Julliard, Robert Laffont, Plon, Nathan...) – au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Autre exigence de l’antitrust bruxellois, la vente du magazine Gala, détenu par Prisma Media, filiale de Vivendi, à la famille Dassault, propriétaire du Groupe Figaro, pour un prix estimé entre 50 millions et 60 millions d’euros.

 

De son côté, D. Kretinsky a continué de s’étendre dans le secteur de l’information et de la

presse en France avec un appétit impressionnant, malgré ses investissements tous azimuts (Casino et Atos). L’homme d’affaires tchèque a octroyé un nouveau prêt d’au moins 12 millions d’euros au quotidien Libération et grimpé au capital du groupe TF1 à

9 %, tout en prenant des parts dans le média vidéo Loopsider et le studio de podcasts Louie Media.Il est enfin en discussion pour céder son titre people Public à Heroes Media, un groupe de publications spécialisées.

Même boulimie chez l’armateur Rodolphe Saadé, à la tête de CMA CGM. Déjà actionnaire du groupe de presse régionale La Provence, il a racheté le Groupe Hima, propriétaire du journal La Tribune, en juillet, avant de lancer un nouveau quotidien dominical La Tribune dimanche, en octobre. R. Saadé, qui détient désormais 10 % du capital de M6, est égale-

ment entré au capital du média en ligne Brut aux côtés de Xavier Niel, en investissant ensemble de 35 à 40 millions d’euros.

Ce dernier, par ailleurs actionnaire du Groupe Nice-Matin, a racheté les parts détenues par Daniel Kretinsky dans le capital du Groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier international, La Vie), à l’automne, et a prévu de les apporter au Fonds pour l’indépendance de la presse. Ce fonds de dotation deviendra ainsi le premier actionnaire, début 2024.

Le banquier d’affaires Matthieu Pigasse a, lui aussi, annoncé que les parts qu’il détenait au capital du groupe seraient également transférées au Fonds pour l’indépendance de la presse, au sein duquel les actions seront désormais incessibles.

« En pole position »

Nous n’avons pas fait le choix de l’exhaustivité par souci de lisibilité de notre infographie, mais l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte et l’Institut national de l’audiovisuel), financé par une fraction de la TVA, constitue une part non négligeable du paysage médiatique français, tout comme la presse indépendante, la presse en ligne ou la presse quotidienne régionale (PQR). En difficulté à cause de la baisse des ventes, du recul de la publicité et de la hausse des coûts de fabrication, plusieurs titres de la PQR ont vu les plans d’économie se multiplier ces derniers mois.

 

« L’explosion des taux d’emprunt, entre 7 % et 10 %, change totalement les perspectives de rentabilité des investisseurs, et empêche parfois même la possibilité d’obtenir des crédits, explique Jean-Clément Texier. Les milliardaires sont donc en pole position pour reconfigurer le paysage médiatique français dans les mois et les années à venir. » Leurs regards sont désormais tournés vers la perspective de réattribution des quinze fréquences de la TNT (dont C8, Canal+, CNews mais aussi BFM-TV, LCI, TMC, ou encore NRJ12) par l’autorité de régulation en 2025. Le processus de l’appel d’offres et son résultat rythme- ront l’année 2024.