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Etude sur notion "Le Bled" /Ima France

Date de création: 24-10-2023 18:57
Dernière mise à jour: 24-10-2023 18:57
Lu: 136 fois


SOCIETE- ETUDES ET ANALYSES- ETUDE SUR NOTION « LE BLED »/IMA (FRANCE)

© Le Monde, mardi 24 octobre 2023 (et « imarabe.org »)

L’ Institut du monde arabe (IMA) a lancé, vendredi 20 octobre, une offre de podcasts

 particulièrement riche. L’ambi- tion ? « Elargir l’accès aux mondes

 de la pensée et de la création des mondes arabes », selon Mathieu

Gousse, responsable rencontres, éditions et désormais podcasts de l’institut culturel parisien.

 Pour cet ancien éditeur de l’Institut français d’archéologie orientale basé au Caire, il s’agit tout à la fois de prolonger à l’IMA son expérience en rendant conférences et rencontres audibles (elles seront éditorialisées et traduites,donc écoutables, en arabe) et de produire soit à l’IMA (doté de son propre studio), soit depuis les pays du monde arabe des pod-

casts autour notamment de la philosophie, de l’histoire de l’art, de la musique, mais aussi des séries documentaires.

 

Synonyme d’au revoir et d’exil

Pour leur première série, « Un bled à soi », Mathieu Gousse et sa collaboratrice Zoubida Debbagh se sont appuyés sur le savoir-faire d’Alexandre Plank, cofondateur de l’association Making Waves, et en ont confié la réalisation à Fabienne Laumonier et Mehdi Ahoudig. L’une à Bobigny, l’autre à Marseille, ils ont fait parler des femmes et des hommes de toutes les génértions, leur demandant ce que ce mot « bled » – qui signifie « pays » en arabe et a pris la signification, clairement péjorative, de « trou », selon Le Robert – leur évoquait.

C’est émouvant de les entendre tour à tour évoquer leur histoire. Une histoire qui se tapit dans ce mot synonyme d’au revoir et d’exil. Un mot qui porte et amène la confusion (épisode 3). « Le bled, c’est ici, en Seine-Saint-Denis, si je suis honnête, dit l’un. Et quand je

vais là-bas, je me la pète, si je suis honnête. On est tout le temps im-migré – ici, là-bas. » Un autre : « Le bled, c’est jamais là où tu es. C’est dur à vivre, en vrai. » Pour cette femme, impossible en revanche de penser « bled » quand elle évoque la ville de Fès, au Maroc :

« Cest une grande ville impériale, une capitale culturelle, c’est pas un bled. Quand je parle de bled aujourd’hui, je parle de mon bled natal, en Franche-Comté. »

Il y a parfois les désillusions quand le bled a été élevé au rang de fantasme. Ainsi de cette femme qui, à 26 ans, et alors qu’elle s’était enfin décidée à y aller voir, ose dire : « C’était chargé, ce voyage. Pas lumineux. Et j’ai compris pourquoi ma mère avait voulu partir. » Dernier épisode, beaucoup diront : « Le bled, c’est le pays des ancêtres. C’est là où tes morts sont enterrés. »

« Un bled à soi » donne à entendre des récits singuliers qui racontent aussi une histoire collective : celle, encore largement à vif, de la colonisation. En choisissant de ne nommer personne – les paroles s’enchaînent, se croisent, se font écho et se complètent –, c’est un chœur de « blédards » que Fabienne Laumonier et Mehdi Ahoudig ont fini par former

autour de la musique du chanteur et compositeur Bachar Mar-Khalifé et de quelques compositions de Samuel Hirsch.(...................)