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Entretien B. A-Djaballah/Horizons, samedi 21 octobre 2023

Date de création: 20-10-2023 20:21
Dernière mise à jour: 20-10-2023 20:21
Lu: 154 fois


COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- ENTRETIEN B.A-D/ HORIZONS, D. 22 OCTOBRE 2023

© Assia Boucetta/ Horizons, D. 22 octobre 2023

 

Presse nationale : « Il y a plus de citoyens -journalistes que de journalistes-citoyens »

ENTRETIEN : Avec AHCENE-DJABALLAH Belkacem, ancien professeur associé aux Universités (algériennes ) et journaliste indépendant

 

La célébration de la journée nationale de la presse est une occasion de rappeler les efforts de  l'Etat pour promouvoir le secteur et le soutien exprimé à maintes reprises par le président de la République aux médias dont le rôle est  indispensable dans la défense de l’intérêt national. Ahcene -Djaballah Belkacem  revient, dans cet entretien,  sur la symbolique de la  célébration, la formation des journalistes et les réformes engagées dans le  secteur

Le 22 octobre est la Journée nationale de la presse. Quelle est la symbolique de cet événement ?

Il y a , d’abord,   l’aspect lié à l’entretien   de la mémoire qui consiste à se souvenir des hommes qui ont contribué à la construction du pays d’une façon ou d’une autre. Il ne faut pas oublier que,  durant la guerre de libération nationale, des centaines de journalistes ont participé aux combats. Beaucoup ont fait de la prison,   certains ont été torturés et d’autres se sont  exilés. La liste est longue de noms lumineux ayant contribué à l’indépendance du pays. Après 1962, il y a , aussi, énormément, dans le champ de la presse et de la communication,  « de moments , de lieux  et d’hommes de liberté » . Certains sont décédés en  mission et, durant la décennie noire, plus d’une centaine de journalistes ont été assassinés par les terroristes. On a  oublié  presque tous ces journalistes qui se sont sacrifiés. Heureusement qu’il y a eu cette journée qui ravive les souvenirs et réveille les mémoires oublieuses. Elle   permet de se souvenir de ce passé récent et lointain et vient rappeler que le journalisme algérien professionnel a bel et bien existé et le restera longtemps. Et ce, en  dépit des ravages annoncés  pour  l’intelligence artificielle.

De la presse d’hier à celle d’aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ?

Il y a une très grande différence.  Dans le passé , le  journaliste n’avait  à sa disposition que du  papier....et  un   stylo. Il était « rapporteur » et/ou  reporter-journaliste qui transcrivait  ses impressions sur différentes situations. Le circuit était assez classique, ardu et même salissant puisqu’il n’avait à sa disposition que de l’encre et du papier. Un virage a été progressivement opéré dans les pratiques avec l’émergence des nouvelles technologies de la communication qui ont  révolutionné la façon de faire, de voir, de transcrire et de diffuser l’information. Des éléments  ont complètement bouleversé la façon de collecter l’information,  ont réduit le temps du travail tout en brisant quelque part le charme du métier quand il s’agit d’avoir un papier tout blanc devant soi et de réfléchir au sujet à traiter. Heureusement,  le journalisme restera toujours le même dans la mesure  où ce ne sont pas les moyens de l’information, quels qu’ils soient et quel que va être le niveau technologique acquis  qui vont transformer les sensations du journaliste, le « human touch ».  Dans la transcription de l’information, même avec l’intelligence artificielle qui est capable de « faire » et /ou de parfaire l’information, il y aura toujours le côté humain et la sensation qui interviennent  dans le processus.

Les journalistes doivent-ils  et peuvent-ils être objectifs ?

L’objectivité, c’est un concept éculé que l’on ne cesse de répéter. Ce qu’on demande aux journalistes, c’est d’être plus rapide dans le traitement de l’information, de la complétude et surtout de l’exactitude de l’information collectée et à diffuser . C’est tout ! Et ,  pour atteindre cet objectif, il y a d’abord un travail extraordinaire à faire pour améliorer les capacités et les compétences du journaliste afin qu’il  maîtrise les règles de base du journalisme pour cerner le problème. Lé est le côté technique du métier....car c’est un métier et non une simple vocation. Mais,  aussi,  il lui faut aller jusqu’au fond des choses et essayer de collecter le maximum d’informations  à recouper, à vérifier et à contrôler avant d’écrire, de les ordonner  selon les règles professionnelles (afin de faciliter la lecture et la compréhension) puis  de les diffuser. Malheureusement, avec les nouvelles formes technologiques de communication, on se retrouve  avec beaucoup plus de « citoyens-journalistes » que de « journalistes -citoyens » qui interviennent dans le processus. Les pseudos-journalistes collectent et diffusent de l’info sans contrôler, sans vérifier et sans recouper......c’est-à-dire le b.a ba   du vrai journalisme. Il est, ainsi, très difficile de distinguer le vrai du faux de tout ce qui circule aujourd’hui sur  les réseaux sociaux, tout particulièrement  Il y a beaucoup d’inexactitude et surtout de l’incomplétude.  Ajoutez-y des commentaires mal -intentionnés ou/et  orientés et tout cela va  contribuer à fausser la vision des choses, la compréhension des événements , générant des équivoques malheureuses. Au  final, cela crée des problèmes entre individus, entre groupes, entre communautés et même entre Etats.

Quels sont les défis du journalisme d’information à l’ère du développement des médias numériques, mobiles et sociaux ?

Les défis à relever sont ceux de la formation et du perfectionnement. Il ne faut pas oublier que le journalisme est un métier au sens complet du terme qui nécessite une formation de base et une compréhension parfaite des règles  d’éthique et de  déontologie propres au métier. Il faut donc, à la base,  une formation universitaire solide d’où l’intérêt d’améliorer ce volet pour pouvoir être au diapason et au niveau des nécessités nouvelles.Quant au perfectionnement, il y a , au recrutement et au départ, des encadrements favorisant des insertions harmonieuses ....chaque média ayant ses spécificités, ses spécialités et ses « orientations » . En ne perdant pas de vue que  la société, notre société , aujourd’hui, demande beaucoup plus d’informations, mais également de la précision, de l’exactitude, de la complétude, parfois de manière ludique et toujours  dans le cadre d’une diffusion ultra -rapide.

Les réformes législatives et réglementaires opérées dans ce secteur sont-elles à même d’assurer un équilibre entre liberté et  responsabilité ?

On le souhaite ardemment puisqu’on attendait , depuis des années ,  que les règlements soient adoptés, adaptés , précisés et se multiplier dans le domaine de la l’information et communication. Il   y avait un grand vide, voire un « trou noir » qui a été creusé à partir des années 90 et qui a duré jusqu’à un passé récent. Ces réformes vont très  probablement combler ce vide ou, au moins, le réduire.  Mais , ne pas oublier que des textes adoptés ne sont acceptables et durables que s’ils sont correctement, rigoureusement et justement appliqués ....à travers ,entre autres ,  les Autorités et les Conseils de régulation qui sont annoncés. Cela est très important, car ils permettront  aux journalistes de participer à la production de la  nouvelle Communication dans la nouvelle Algérie.

La réussite  ne serait-elle pas tributaire de la conscience socio-professionnelle du journaliste ?

Dans le cas où les problèmes de formation, de perfectionnement et de l’intéressement à la marche des organes de presse persistent , les lois seules ne suffisent pas. Tout en  demeurant, toutefois, une nécessité pour aiguiser la  confiance et l’engagement .  Les  aspects moraux  sont très importants. D’où un problème de conscience et de responsabilité  conjugué à la liberté ! Cette conscience doit être beaucoup plus aiguisée chez le journaliste  que chez le simple citoyen.Car, tout est lié . Et , surtout ne pas s’enfermer dans trop d’inquiétudes . Quoi qu’on dise de l’émergence et de la place qu’occupent les réseaux sociaux, le citoyen restera toujours à l’écoute de sa société et des pouvoirs politiques, économiques et sociaux  à travers les médias classiques . C’est pour cela que le niveau de conscience du  journaliste doit être bien plus élevé que chez les autres.

Comment les médias peuvent-ils défendre la ligne nationale authentique face à cette explosion numérique ?

Lorsque le journaliste intègre le monde de la presse par formation et  amour du métier et,  aussi, par vocation , il ne peut qu’être à la hauteur de ce qui lui est demandé, au niveau des principes défendus par son organe de presse et auxquels il croit, il doit croire avant de s’y engager . Le bon journaliste est celui qui est (et doit être) à la hauteur d’une conscience qui fonctionne au diapason ou au rythme de sa société dans toutes ses dimensions - sociologique, politique, économique, voire même idéologique. Certes , c’est est une responsabilité lourde à porter, avec même des moments très dangereux mais c’est un métier parmi les plus nobles d’entre-tous.

Le Président de la République a instauré une nouvelle tradition, celle des entrevues périodiques avec la presse…

Cette relation périodique avec les hauts responsables , relevant de la « Communication institutionnelle » a toujours été réclamée. Certes , par le passé ,    on a vu moult rencontres, hélas assez irrégulières.  Aujourd’hui, il est très positif de voir le Président de la République avoir, périodiquement et continuellement,  des entretiens avec des journalistes sur les grands sujets du moment et organiser des rencontres avec les responsables des médias. On espère voir ces initiatives être imitées par le reste des responsables et autres décideurs.....en dehors des communiqués  de presse habituels . Pour autant, le journaliste ne doit pas passer son temps à aller « demander » des entretiens, car à chacun son métier et , de plus , le temps de travail des responsables et autres décideurs est compté .

PS : Pour simple information. Passage envoyé en retard et , donc, non publié : «  De plus, point important, il faut que le journaliste tienne compte des règles éthiques déontologiques en vigueur dans la presse, à travers le temps et l’espace (la presse digne de ce nom, cela va de soi ). Ces règles doivent être respectées (comme l’embargo et le off the record et .................. la vie intime tant des responsables que celle des citoyens ) et, aussi, séparer l’info du commentaire afin de ne pas indyuire e,n erreur le lecteur ou l’auditeur ou le téléspectateur »