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Roman Dahbia Abrous - "L'amandier de Dar El Louz"

Date de création: 24-09-2023 18:05
Dernière mise à jour: 24-09-2023 18:05
Lu: 163 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN DAHBIA ABROUS- « L’AMANDIER DE DAR EL LOUZ »

L’amandier de Dar El Louz......Roman de Dahbia Abrous. Edition à compte d’auteur (Imprimerie Ed-Diwan), Alger 2010, 281 pages, ?????dinars

 Dans ce  premier roman, édité à titre posthume (et à compte d’auteur, comme il est dit traditionnellement) bien plus pour rendre hommage à la mère, à la femme et à l’épouse partie trop tôt, l’auteure décrit une période de sa vie  et de, celle de son enfance et de sa prime jeunesse......une période décrite avec les yeux et la sensiblité de l’époque, ce qui nous plonge dans une ambiance que beaucoup d’entre les lecteurs auront vécue.

On a donc une petite fille, née dans une famille  pas du tout gâtée par la vie, durant la période coloniale, ayant fui la Kabylie en septembre 1955 .  Le décor de ce roman est planté dès la première page : “Surplombant Alger la blanche, et enfoui dans les reliefs rugueux de Z’ghara, un quartier populaire dominant la mer Méditerranée, Dar El Louz était une maison mauresque où il faisait bon vivre.” (page 13). Le père émigré en France , elle est très gâtée par ses grands-parents paternels .Au fil des pages, on la découvre à travers son regard  de petite enfant, insouciante, n’en faisant qu’à sa tête, ne pensant qu’à s’amuser et à mettre en rogne sa mère . Ensuite, adolescente, et scolarisée tardivement, elle  découvre le monde qui l’entoure . Un autre regard, plus curieux, qui prend le temps de se poser des questions et de chercher des réponses . Puis, enfin, jeune femme, responsable , elle est  avide de réussir.....découvrant les réalités coloniales mais aussi une société en changement.....avec difficultés. Comme beaucoup de jeunes algérien (-ne)s !

Il y a , aussi, de la souffrance. Tout particulièrement celles des départs précipités de lieux lesquels , bien que ne réunissant pas les conditions minimales de vie saine et sereine,  restent à jamais chargés de souvenirs, d'amitiés et d’amours , ne quittant  pas votre âme d’enfant.  Tout particulièrement celles de la séparation définitive (dont le décès accidentel du jeune frère) ou provisoire avec des êtres très proches. Aussi, celle causée par la déception en voyant un être admiré devenu irrespectueux, publiquement,  des règles minimales dans une société alors à cheval sur les traditions.

Heureusement, il y a , toujours le lien très fort , au-delà des difficultés  matérielles, unissant la famille  et, dans un pays devenu indépendant, avec une amélioration des conditions de vie.......Il a de nouvelles amitiés et surtout  la réussite scolaire.Certes, la famille, comme beaucoup d’autres  venues de quartiers populaires ou de la campagne, habite désormais dans un appartement (au « Champ de manœuvres ») .....mais l’amandier de Dar El Louz est toujours là,  inscrit définitivement dans l’âme et l’esprit de Dalia.

L’Auteure : Née Magha . De formation universitaire (Journalisme) ,journaliste ,  cadre au ministère de l’Information et  de la Culture puis dans une entreprise publique économique, épouse du journaliste  Abrous Outoudert, décédée prématurément le 28 novembre 2009. Note : Ne pas confondre avec la sociologue et anthropologue Dahbia Abrous

Extraits : « Ah ! Les roumis ! Ils sont organisés et travailleurs.Chez, l’heure c’est l’heure.S’ils étaient croyants, ils iraient au paradis avant nous » (p73), « La meilleure amulette pour ton cas, c’est la parole.Il est des moments où la parole peut ouvrir un chemin dans la mer » (p 102), « Ce n’est pas rien les pentes de la Casbah.C’est ce que les turcs ont trouvé de mieux à nous laisser. A savoir ce qui nous restera dans ce pays une fois que les français partiront » (p 145), « Dalia adora ces instants de rêve et souhaita qu’ils fussent éternels.Car jamais elle ne se lasserait de ces terrasses entrelacées où les maisons se rejoignent , se rencontrent et communiquent et où se libèrent les secrets, se délient les langues et s’ouvrent les cœurs face à l’immensité bleutée d’une mer envoûtante » (p 153), « Elle fut très surprise au début (à l’école) au début de constater que les mêms lettres qui servaient à l’écriture du Coran, pouvaient servir à écrire autre chose. Cela lui parut magique » (p 211), « Elle  arriva à la conclusion que la pauvreté entravait la liberté et pouvait même porter atteinte à la dignité (p261)

 

Avis : Toute une vie d’enfant  racontée avec une simplicité et une franchise qui émeuvent . Un texte spontané, sans fioriture . Un texte chargé d’amour pour la famille, les amis, les voisins, les lieux habités et /ou quittés...Un ouvrage qui mérite amplement d’être réédité..

 

Citations : « La fortune a-t-elle une odeur ? » (p 206), « Les valeurs morales sont les mêmes pour tous les hommes.Nous les retrouvons dans toutes les religions et toutes les civilisations.Quiconque ne les respecte pas ne pourra jamais dire « je ne savais pas »  (p 248), « C’est vrai qu’apprendre le Coran est une très bonne chose et un devoir pour le musulman, mais en faire un moyen de gagner des galons sociaux est un péché.Le Coran est unique, mais il est aussi ce qu’en font les hommes «  (p249), « Pourquoi l’objet de nos désirs prend-il tant d’importance à nos yeux tant qu’il nous paraît hors d’atteinte et perd-il de sa grandeur à l’instant même où il atterit entre nos mains ? » (p 267), « La lecture était d’abord un formidable passe-temps et un pont unique vers le rêve » (p 273)