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Roman de Mansour Kedidir- "Le serment d'Oujda"

Date de création: 20-08-2023 19:52
Dernière mise à jour: 20-08-2023 19:52
Lu: 174 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN DE MANSOUR KEDIDIR- « LE SERMENT D’OUJDA »

Le serment d’Oujda. Roman de Mansour Kedidir. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2023, 350 pages, 1500 dinars

L’auteur fait dire à un de ses personnages-clés : « Dieu n’a pas créé uniquement le diable et l’ange, il a créé aussi notre frère Laassel qui unit les deux »(p 196). Laassel , le personnage central du roman,  a réussi ses études (secondaires),son militantisme lors de

 la guerre de libération nationale et son intégration auprès  des plus hauts rangs du commandement militaire de l’époque, auprès desquels il a compris et perfectionné son art de manipuler les idées et les hommes , tout en jouissant pleinement des facilités offertes par la vie alentour.Sa seule obsession était le pouvoir, « il ne l’aimait pas seulement .Il le vénérait. Plus qu’un sacerdoce, il en avait fait une mystique » .Une mystique entretenue dès le jeune âge par un père (un vendeur ambulant devenu Mokkadem de zaouïa) , puis par  une mère-poule, puis par des chouyoukhs de zaouiates. Bien que fainéant, ,il avait sa propre définition du génie (qu’il était ou qu’il voulait être sans partage) : mobiliser le mal, tout le mal, le mensonge, la perfidie et même le meurtre pour construire ce qu’il voulait comme le bien. Il ne faisait pas de différence entre le licite et l’illicite, le moral et l’immoral....tout se mesurant à l’aune de sa personne, son égo et son pouvoir.....« Crime et Châtiment »  revisité !

Une philosophie ( ?) de vie qui l’amena au sommet du pouvoir  politique du pays : conseiller du Chef de l’Etat et très proche du commandement militaire, ministre puis....Chef de l’Etat.Il avait seulement oublié , en cours de route, ce qu’un jour, un  de ses cheikh-conseiller lui avait dit : « Prends garde aux succès momentanés qui te griseront ; ce ne sont que des mirages qui te feront oublier la promesse faite aux humiliés et aux pauvres.Si tu t’écartes de la voie de Sa vérité, tu connaîtras une fin malheureuse  tragique, ta mort sera alors lente et atroce ». Ainsi fut-il !

Tout ceci raconté avec ,en accompagnement, une histoire d’amour de jeunesse  (qui aurait pu être très belle). Quand il s’en est souvenu , il était trop tard !

 

L’Auteur : Natif de Mecheria, énarque, sciences politiques, ancien juge d’instruction, procureur général (Tizi Ouzou) et chef de cabinet à la chefferie du gouvernement (gouvernement Benflis Ali). Auteur de plusieurs romans ....ainsi que d’un essai sur « l’Armée algérienne dans la lutte contre le terrorisme  » (en 2012 aux Editions universitaires européennes). Ancien chercheur au Crasc. Enseignant chercheur à l’Ecole supérieure d’Economie d’Oran

 Extraits « J’ai prié devant la tombe (note : d’un cheikh de zaouia)pour être le plus intelligent des hommes, le plus malin et le plus perspicace, et jamais le fils d’une femme ne pourrait me jouer un sale tour » (Le personnage : p 52), « Tu as vu comment ils m’ont rabaissé à cause de ma taille ? Mais ils oublient que Dieu m’a donné une autre qualité : un cerveau » (Le personnage : p78), « Le renseignement est le sang qui fait fonctionner tous les organes de la Révolution. S’il s ’arrête , notre élan s’éteindra » (Un personnage : p 97), « L’indépendance ne va plus tarder.(...).Certains se préparent pour accaparer le pouvoir. Chacun aiguise ses armes (....).Les immaculés tomberaient les premiers, seules les hyènes survivront » (Un personnage : p115), «  Un journaliste français disait de lui que chaque mot qu’il prononçait en cachait un autre.En plus de cette capacité, il avait le don de la réversibilité.Il ne tarda pas à mettre en pratique sa stratégie » (p183), « Entouré de belles fleurs, tout homme qui a connu durant des années de guerre la privation et les souffrances voudrait oublier ce qu’il a laissé derrière lui....un jour il inventera une autre histoire de son passé » (p227)

Avis : De l’histoire -fiction......qui cache l’Histoire (naissance, jeunesse, militantisme,calculs politiques....) d’un homme , cultivant des complexes multiples et malade de pouvoir et d’un pouvoir malade de ses hommes.

Citations : « Dans une révolution, il n’y a de place ni pour les sentiments ni pour la morale ; vous devez être tout le temps sur le qui-vive, exploitez le maximum de vos capacités destructrices et ne vous fiez à personne.L’arme que vous portez ne suffit pas, c’est de votre intelligence et votre ruse que vous aurez besoin ; en somme, suivez votre instinct de survie » (Un personnage : p 90), « Un chef ne doit jamais se précipiter (...), ce sont les autres, les subordonnés et de simples gens qui se hâtent pour une raison quelconque » (Un  personnage : p93), « Sans le souk, l’Arabe ressemblerait à l’Européen, un homme sans âme qui court derrière le temps » (p145), « On ne tue pas forcément parce que ce sont nos ennemis.Ils nous ont tellement écrasés que l’acte de tuer est devenu le seul moyen de se reconnaître, de s’identifier » (p171)