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Roman Sâad Said- "Les tranchées de l'imposture"

Date de création: 13-08-2023 19:35
Dernière mise à jour: 13-08-2023 19:35
Lu: 185 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN DE SAÂD SAID- « LES TRANCHÉES DE L’IMPOSTURE »

Les tranchées de l’imposture. Roman de Saad Saïd, El Dar El Othmania, édition et distribution, Alger 2018, p 242, 650 dinars

 Le  vécu des  dizaines de milliers d’Algériens qui ont combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale (un récit puisé, semble-t-il dans celui du père de l’auteur qui y a participé) . Des « indigènes » , parfois sinon toujours incorporés d’office , qui  se sont illustrés dans de nombreuses batailles, de Verdun à Monte Cassino, ou lors du débarquement de Provence. Partis pour effectuer le service militaire ou enrôlés dans le cadre de la mobilisation générale forcée, ils se retrouvent  , parfois parmi les plus mal armés des troupes dites coloniales (en compagnie des noirs africains et de quelques juifs déchus de la nationalité française par le régime pétainiste qui a brillé en Algérie) entraînés dans une guerre qu’ils découvrent dans toutes ses atrocités. Ils sont  ,souvent , sinon toujours, envoyés en première ligne dans les sections d’assaut et les  soldats dits indigènes paieront un tribut bien plus lourd que ceux de la Métropole. Ils vont découvrir l’horreur de la guerre. Dans les postes les plus exposés, ils s’habituent à voir des visages brûlés par le gaz, des corps amputés et des tranchées pleines de corps couverts de sang, d’excréments et de boue.Le plus dramatique , c’est qu’ils ont laissé derrière eux parents, femmes et enfants dont ils étaient pour la plupart les soutiens uniques dans un environnement économique et agricole dominé par les colons et leurs serviteurs.Le plus tragique, c’est que de retour de la guerre, ils retrouveront une réalité sanglante , avec les massacres collectifs suite aux manifestations nationalistes pacifiques du 8 mai 45....à Sétif et ailleurs  à travers le pays. Populations exterminées  , douars , demeures, vergers  et cheptels détruits, familles éparpillées ou emprisonnées,.....C’est toute l’histoire d’Ali du village de Kabylie, Sidi Bouzid. Il raconte sa naissance , son enfance, sa prime jeunesse....son mariage, le bonheur de sa mère et de son père....loin des pressions de la ville.....et avec ,pour seule tâche au tableau, la présence d’un Caïd dictatorial  au service exclusif des autorités coloniales....passant son temps à chasser les  idées nationalistes et indépendantistes qui commençaient à fleurir.Une histoire qui se continue en France à travers les champs de bataille de la 2 ème guerre   dite mondiale, servant d’avant-garde et de bouclier  face aux occupants nazis. Certes, Ali reviendra sain et sauf au pays ....mais pour y découvrir, en mai 45,les horreurs commises par l’armée coloniale et les milices pieds noirs.Il se révoltera et finira  en prison.Plus tard , bien après l’indépendance, il racontera sa souffrance et celle de ses frères , ainsi que leurs exploits, aux descendants de certains de ses frères de combat    

 L’Auteur : en 1955 en Kabylie. Etudes en langues étrangères, traducteur puis journaliste à l’Aps (Algérie presse service)durant 32 ans .Grand reporter spécialisé , il a été , aussi,   correspondant permanent de presse à Londres. A déjà publié plusieurs romans.

Extraits : « Si le ciel était une grande feuille et la mer un encrier, alors j’aurais de quoi remplir le ciel des meurtres commis sur des Arabes sans défense et des taches indélébiles, par la France en Algérie » (p51), « Toutes les guerres sont pareilles (.... ).Beaucoup de frères de combats (.....) sont morts les armes à la main pour une terre froide, trop glacée (note : la France, occupée par les nazis) pour être la leur » (p 145) « Nous avons combattu pour la France comme si c’était notre patrie, j’espère que quand nous rentrerons, enfin si on rentre, les Français ne nous considèrerons plus comme des indigènes mais au moins comme leurs égaux.En tout cas , l’histoire montre que nous avons porté notre fardeau et nos supérieurs eux-mêmes ainsi que nos ennemis reconnaissent la bravoure de nos actions au combat » (pp 173-174), « Ils (note : l’armée coloniale et les milices européennes durant les massacres de mai 1945) nous ont déshumanisés en exerçant leur violence sans limite et inimaginable sur nous, nous sommes devenus des êtres insensibles, vidés de notre substance humaine » (p234), « Avec les Français, vous faites la guerre avec toutes ses batailles, et si vous survivez, on vous emmène pour une autre guerre, par exemple en Indochine.Et comme récompense, zéro.Après la guerre, les noirs redeviennent des nègres et nous les bougnouls.On avait besoin de nous pour servir de chair à canon, puis nous étions redevenus des esclaves, des sans droits » (p24)

Avis :Un roman historique qui s’est écrit et se lit comme un grand reportage remontant le temps des années 40....Beaucoup (trop ?) de détails sur la guerre franco-allemande et l’exploitation des Algériens comme « chair à canon ».Sur le plan technique, un « cahier » de trop (pp 13 à 24)

Citations : « Il se rappelle la définition de la guerre donnée un jour par un sage du village de Sidi Bouzid qui a dit : « la guerre ,c’est des personnes qui ne se connaissent pas, qui s’entretuent au profit des personnes qui, elles,se connaissent mais ne se tuent pas  »(p 136), « Le pire scénario, pour un Etat jaloux de son passé, de son histoire, c’est de voir ses jeunes ignorer l’histoire en dépit des efforts faits pour leur enseigner cette matière  et ne demandent qu’à aller à l’étranger, émigrer vers d’autres pays en faisant la sourde oreille » (p 225), «  Ce sont les Américains et les Africains qui ont rendu son honneur à la France. Il ne faut jamais l’oublier » (p241)