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Essai Ghoulem Berrah- "Mes missions confidentielles .Le dossier Boumediene/Houphouet Boigny"

Date de création: 13-06-2023 19:44
Dernière mise à jour: 13-06-2023 19:44
Lu: 202 fois


RELATIONS INTERNATIONALES-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI GHOULEM BERRAH- « MES MISSIONS CONFIDENTIELLES .LE DOSSIER BOUMEDIENE/HOUPHOUËT BOIGNY »

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© Le Soir d’Algérie/ Soraya Naili, lundi 12 juin 2023

 C’est un ouvrage d’une grande valeur historique. Mes missions confidentielles raconte les échanges entre le président Houari Boumediène et le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, de 1973 à 1975. À cette époque, Ghoulem Berrah était le conseiller du président ivoirien. Ce dernier le chargeait régulièrement de porter des messages au président Boumediène, dans le plus grand secret.

Il était l’émissaire ou l’envoyé spécial des deux chefs d’État, qui échangeaient à distance, sur des questions très sensibles. Des dossiers politiques de l’époque dont certains sont toujours d’actualité à l’instar des problèmes de la Palestine ou du Sahara occidental.
Ghoulem Berrah, ancien conseiller du président ivoirien et ambassadeur (1938-2011) avertit dans l’avant-propos «Mes missions confidentielles — de prime abord, ce titre évoque une trahison, le dévoilement de secrets. Il n’en est rien. Il s’agit de livrer au public ce que le président Houphouët-Boigny et moi avons tenté d’accomplir dans la discrétion la plus absolue pour le règlement de divers conflits à travers le monde et pour le développement harmonieux du continent africain et du Tiers-Monde dans la paix et la dignité. J’étais son émissaire auprès des différents leaders du monde
Le diplomate avait conservé tous les documents manuscrits. Les conversations à distance entre les deux présidents ont été archivées et sont ressorties à l’occasion de ce projet d’écriture. Ce sont donc les originaux de ces échanges que les lecteurs pourront découvrir dans ce livre.
Dr. Ghoulem Berrah relate comment les deux chefs d’État se sont rencontrés pour la première fois au sommet de l’OUA en 1973, à Addis-Abeba, en Éthiopie. Cette première rencontre fut anecdotique puisqu’elle a failli mal tourner à cause d’une entrave au protocole commise par Ghoulem Berrah. Tout a fini par s’arranger. «Ce sommet de l’OUA marqua le début de relations profondes entre le président Houphouët-Boigny et le président Boumediène. Le fait d’avoir établi des relations harmonieuses entre les deux leaders résonna à travers le continent africain et au-delà, entraînant des conséquences extrêmement constructives. Je fus régulièrement envoyé à Alger par le président Houphouët-Boigny dans le cadre d’échanges d’idées avec le président Boumediène
Lors de la guerre des Six Jours, appelée aussi la guerre du Ramadan ou la guerre du Yom Kippour, comme l’écrit Dr. Berrah en juin 1967, le président Nixon avait demandé au leader ivoirien de prendre contact avec les présidents arabes pour leur transmettre le message de la volonté des USA d’instaurer la paix au Moyen-Orient.
En tête-à-tête, avec Boumediène, l’émissaire exposa le point de vue du président ivoirien arguant : «Les Américains et les Russes sont responsables de la création d’Israël, et Israël n’est qu’une sentinelle soutenue de façon indéfectible par le sionisme international présent partout et très puissant, autant à l’Ouest que dans les pays communistes. Les Russes partagent donc cette responsabilité, et aujourd’hui encore, ils ne sont pas étrangers à la puissance d’Israël. Entre 1971 et 1973, l’Union soviétique a laissé passer plus de 70 000 Juifs en Israël et des Juifs de grande valeur, férus de connaissances techniques et technologiques
Le président Houari Boumediène apporta sa réponse : «L’Afrique se trouve confrontée à un très grand problème et elle se doit d’y faire face avec courage et détermination. Les peuples arabes et africains se doivent d’adopter une position unie, une position de bloc, face à la horde sioniste qui se trouve aujourd’hui à trente kilomètres de Damas et quelques dizaines de kilomètres du Caire. Elle nargue non seulement l’opinion publique arabe et africaine, mais également l’opinion publique internationale dans son ensemble. Elle fait fi des décisions de l’instance suprême de l’ONU, et profite du cessez-le-feu pour continuer son action et son dessein expansionniste
Un autre chapitre est consacré à la rupture diplomatique de la Côte d’Ivoire avec Israël. D’autres échanges ont concerné des problèmes qui sont toujours d’actualité, une cinquantaine d’années plus tard, comme la question de la Palestine, l’embargo sur le pétrole et ses conséquences, les tensions entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental. «La question du Sahara occidental était depuis longtemps un problème harcelant dans les relations algéro-marocaines. Peu après l’indépendance de l’Algérie, le pays se trouva à une croisée tumultueuse de chemins, ayant fait face à une instabilité politique intense provoquée par les décisions autocratiques du président Ben Bella. Suite à des incursions frontalières, des escarmouches avec le Maroc entraînèrent une guerre plus étendue. La guerre dite des Sables n’engendra pas un esprit de fraternité dans la région
Les tractations diplomatiques entre les deux chefs d’Etat, entre 1973 et 1975, sont à découvrir dans cet ouvrage.
Ghoulem Berrah est né en 1938 à Aïn Beïda. Il a suivi des études de médecine à Bordeaux. Il a été professeur de virologie à l’université de Yale (USA). Membre de l’Académie des sciences de New York, il devint l’émissaire, l’ambassadeur et le conseiller spécial (1965-1993) de Félix Houphouët-Boigny, le premier président de Côte d’Ivoire. Il est l’auteur de Un rêve pour la paix, sa biographie. L’ancien diplomate est décédé en 2011.

PS :  Casbah Editions  , Alger 2023, 206 pages, 1300 dinars