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Mahfoud Bennoune (Sociologie/Anthropologie)

Date de création: 21-05-2023 19:53
Dernière mise à jour: 21-05-2023 19:53
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EDUCATION- PERSONNALITES- MAHFOUD BENNOUNE (SOCIOLOGIE/ANTHROPOLOGIE)

 

Il y a 19 ans, le 17 mai 2004 , disparaissait – aux Usa où il résidait auprès de sa fille, Karima, une professeur de Droit en Californie - le combattant pour la libération du pays, et anthropologue Mahfoud Bennoune à l’âge de 68 ans. L’enfant d’El Akbia était un universitaire qui a abondamment écrit dans les trois langues (arabe, anglais et français), des travaux et des publications dans lesquelles il a exploré et analysé des aspects politiques, économiques et sociaux de l’Algérie et du tiers-monde. Le défunt avant de s’engager dans l’aventure intellectuelle, s’est investi dans la lutte armée contre le colonialisme dès 1955.

Il rejoignit le maquis et servit d’agent de liaison auprès d’icônes de la Révolution, comme Youcef Zighout, Abane Ramdane et Lakhdar Bentobbal. Arrêté à Alger lors d’une mission, il écopera de 5 ans de prison. A la signature des Accords d’Evian, il sera désigné membre de la commission mixte du cessez-le-feu et sera par la suite aux côtés de Mohamed Boudiaf, à la création du Parti de la Révolution Socialiste (PRS). Engagé politiquement, notamment auprès de Mohamed Boudiaf en 1992, il sera désigné membre du Conseil national consultatif (CCN) dont trois de ses collèges tomberont sous les balles du GIA entre mars et juillet 1993 (Hafid Senhadri, Laâdi Flici, Mohamed Boukhobza).

Né le 9 avril 1936 au Douar El Akbia dans l’actuelle commune de Sidi Marouf (région d’El Milia, wilaya de Jijel), Mahfoud Bennoune a étudié après l’indépendance en France puis aux Etats-Unis où il obtiendra en 1976 son doctorat à l’université du Michigan sur le thème de « l’impact du colonialisme et de l’émigration sur la paysannerie algérienne ». De retour en Algérie en 1977, il enseignera à l’Jnstitut de sociologie de l’Université d’Alger, puis sera nommé en 1979 directeur de l’Institut des techniques de planification et d’économie appliquée jusqu’à sa démission en 1981.

Il a aussi enseigné aux États Unis, et a publié plusieurs recherches et ouvrages. D’un profond retour aux sources jaillira en 1986, une monographie de sa région natale dédiée « à la mémoire des 7% des habitants du douar El Akbia lâchement assassinés par l’armée coloniale ou tombés au champ d’honneur entre 1954 et 1962 » : « El Akbia, un siècle d’histoire algérienne 1875-1975 » (OPU, Alger, 1986). Son père, Lakhdar ainsi que deux de ses frères, Ali et Amar, ont été froidement exécutés par l’armée coloniale. El Akbia, ce sont  les Beni Kaïd d’El Milia, population qui proviendrait d’une seule famille, écrira-t-il, et « qui se serait séparée des Beni Kaïd de Jijel au 16ème siècle » pour s’installer dans cette région.

Cette étude a commencé par une description des rapports entre les Beni Kaïd et les autorités pré-coloniales de la province de Constantine et du conflit qui les opposait pour l’impôt, puis une analyse de ce groupe avec les autorités coloniales françaises, établissant dans ce sillage les modifications ayant touché le paysage algérien afin d’établir des rapports de domination, et enfin les rapports de la paysannerie avec la bureaucratie post-coloniale. Elle s’est poursuivie avec le processus d’émigration et d’immigration qui sera largement abordé depuis le projet d’émigrer « du paysan en voie de prolétarisation. » Cette migration en France, est pour Bennoune elle-même « un sous-produit tant de la colonisation que de l’ingérence du marché capitaliste ».

Note : Avec son ami Ali El Kenz, il a publié (Enag, 1990) « Le hasard et l’histoire.Entretiens avec Belaid Abdesselam »