VIE
POLITIQUE- DOCUMENTS ET TEXTES RÈGLEMENTAIRES - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE/ 5è
MANDAT- ABDELAZIZ BOUTEFLIKA
Le
président de la République Abdelaziz Bouteflika a adressé lundi 11 mars 2019 , un
message à la nation dans lequel il a annoncé le report de l’élection
présidentielle du 18 avril 2019, et sa décision de ne pas briguer un
5ème mandat à la magistrature suprême.
Le
président Bouteflika a également annoncé la tenue de l’élection présidentielle
dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante ainsi
que la formation d’un gouvernement de compétences nationales.
En voici le
texte intégral du message :
«L’Algérie
traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième
vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le
pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de
ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi
ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique.
Je
comprends tout particulièrement le message porté par les jeunes en termes, à la
fois, d’angoisse et d’ambition pour leur avenir propre et pour celui du pays.
Je comprends aussi le décalage qui a pu être source de préoccupation entre,
d’un côté, la tenue de l’élection présidentielle à une date techniquement
appropriée en tant que jalon de gouvernance dans la vie institutionnelle et
politique et, de l’autre, l’ouverture, sans délai indû,
du vaste chantier, politiquement hautement prioritaire, de conception et de
conduite de réformes profondes dans les domaines politique, institutionnel,
économique et social, avec la participation la plus large possible et la plus
représentative de la société algérienne, y compris la juste part devant revenir
aux femmes et aux jeunes. Je comprends enfin que le projet rénovateur de notre
Etat-nation, dont je vous ai annoncé les principales articulations, gagnerait à
bénéficier d’un surcroit de clarifications et être préparé, pour chasser tout
doute des esprits, par la réunion des conditions de son appropriation par
toutes les couches sociales et les composantes de la Nation algérienne.
En toute
fidélité au serment que j’ai fait devant le peuple algérien de protéger et de
promouvoir en toutes circonstances les intérêts bien compris de notre Patrie,
et après les consultations institutionnelles requises par la Constitution,
j’invoque la grâce et le soutien de Dieu Tout-Puissant pour me prévaloir des
valeurs supérieures de notre peuple dont nos glorieux martyrs et nos valeureux
moudjahidine ont consacré l’immortalité pour présenter à l’adresse de vos cœurs
et à vos consciences les décisions suivantes :
Premièrement : Il
n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon
état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple
algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle
République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de
tous nos vœux. Cette nouvelle République et ce nouveau système seront entre
les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront
tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique
et du développement durable dans l’Algérie de demain.
Deuxièmement
: Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18
avril prochain. Il s’agit ainsi de satisfaire une demande pressante que
vous avez été nombreux à m’adresser dans votre souci de lever tout malentendu
quant à l’opportunité et à l’irréversibilité de la transmission générationnelle
à laquelle je me suis engagé. Il s’agit aussi de faire prévaloir la noble
finalité des dispositifs juridiques qui réside dans une saine régulation de la
vie institutionnelle et dans l’harmonie des interactions socio-politiques,
sur une observation rigide d’échéances pré-établies.
Le report de l’élection présidentielle qui a été réclamé vient donc pour
apaiser les appréhensions qui ont été manifestées afin d’ouvrir la voie à la
généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans
l’objectif d’entreprendre ensemble les actions d’importance historique qui
permettront de préparer le plus rapidement possible l’avènement d’une nouvelle
ère en Algérie.
Troisièmement : Dans la
perspective d’une mobilisation accrue des pouvoirs publics et du rehaussement
de l’efficacité de l’action de l’Etat dans tous les domaines, j’ai décidé de
procéder tout prochainement à des changements importants au sein du
Gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes
dont vous m’avez saisi, ainsi qu’une illustration de ma réceptivité à
l’exigence de reddition de comptes et d’évaluation rigoureuse dans l’exercice
des responsabilités à tous les niveaux et dans tous les secteurs.
Quatrièmement : La
Conférence nationale inclusive et indépendante sera une enceinte dotée de tous
les pouvoirs nécessaires à la discussion, l’élaboration et l’adoption de tous
types de réformes devant constituer le socle du nouveau système que porte le
lancement du processus de transformation de notre Etat-nation, que j’estime
être ma mission ultime en parachèvement de l’œuvre dont Dieu Tout-Puissant m’a
accordé la capacité et pour laquelle le peuple algérien m’a donné
l’opportunité.
Cette
conférence sera équitablement représentative de la société algérienne comme des
sensibilités qui la parcourent. Elle organisera librement ses travaux, sous la
direction d’une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président
qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée.
La conférence doit s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année
2019.
Le projet
de Constitution qui émanera da la Conférence sera soumis à un référendum
populaire. La Conférence nationale indépendante fixera souverainement la date
de l’élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat.
Cinquièmement
: L’élection présidentielle qui aura lieu dans le
prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante sera
organisée sous l’autorité exclusive d’une commission électorale nationale
indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront
codifiés dans un texte législatif spécifique qui s’inspirera des expériences et
des pratiques les mieux établies à l’échelle internationale.
La création
d’une commission électorale nationale indépendante est décidée pour répondre à
une revendication largement soutenue par les formations politiques algériennes
ainsi qu’à une recommandation constante des missions d’observation électorale
des Organisations internationales et régionales invitées et reçues par
l’Algérie lors des consultations électorales nationales précédentes.
Sixièmement
: Dans le but de contribuer de manière optimale à la
tenue de l’élection présidentielle dans des conditions incontestables de
liberté, de régularité et de transparence, il sera formé un Gouvernement de
compétences nationales bénéficiant du soutien des composantes de la Conférence
nationale. Ce Gouvernement assumera la supervision des missions de
l’administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine
collaboration à la commission électorale nationale indépendante.
Pour sa
part, le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs
que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d’élections présidentielles.
Septièmement
: Je m’engage solennellement devant Dieu le
Tout-Puissant et devant le peuple algérien à ne ménager aucun effort pour que
les Institutions, structures, démembrements de l’Etat et collectivités locales
se mobilisent pour concourir à la pleine réussite de ce plan de travail. Je
m’engage également à veiller à ce que toutes les Institutions
constitutionnelles de la République poursuivent scrupuleusement
l’accomplissement de leurs missions respectives et exercent leurs pouvoirs respectifs
au service exclusif du peuple algérien et de la République. Je m’engage enfin,
si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives
de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura
librement élu.
Voici la
voie du salut que je vous invite à emprunter ensemble pour prémunir l’Algérie
contre des épreuves, des déchirements et des déperditions d’énergies.
Voici la
voie d’un sursaut collectif pacifique pour permettre à l’Algérie de réaliser
tout son potentiel dans une démocratie épanouie, digne des gloires de
l’Histoire de notre Nation.
Voici la
voie dans laquelle je vous demande de me suivre et de m’aider.
« وقُل
اعمَلوا
فَسَيَرى
اللهُ
عَمَلَكمُ ورَسولُهُ
والمُؤمِنونْ«
صدقَ
اللهُ
العظيمْ
Gloire
éternelle à nos vaillants martyrs.