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Essai Rachid Boudjedra- "Les contrebandiers de l'Histoire" (Nouvelle édition, 2025)

Date de création: 28-12-2025 18:04
Dernière mise à jour: 28-12-2025 18:04
Lu: 4 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI RACHID BOUDJEDRA- « LES CONTREBANDIERS DE L’HISTOIRE » (Nouvelle édition 2025)

Les contrebandiers de l’Histoire. Pamphlet de Rachid Boudjedra. Dar El Hikma Editions., Alger 2025,  126 pages, 1 200 dinars.

Avec notre Rachid Boudjedra national (et nationaliste) devenu, avec un « âge n’aidant pas », de plus en plus sourcilleux , il faut s’attendre à tout ........ce qui peut « révolutionner » le paysage culturel algérien, à tout moment et en tous lieux, durant ses brusques « montées » en attaque ou après les « pièges et harcèlements » médiatiques. Cette fois-ci, c’est un de ses anciens ouvrages qui est présenté , « enrichi ».

Donc, l’ouvrage  est plus d’un simple pamphlet . C’est un écrit –brulôt (et il le reconnaît amplement ),  décidé, « pour ne pas mourir de ma lâcheté » dit-il ....  après la publication , en 2007, du livre de Wassila Tamzali, « Une éducation algérienne »,  où « elle disculpait son père  abattu à Bejaia,pendant la guerre de libération......» ...et, après la réception en Algérie de Feriel Furon, arrière petite-fille du dernier des Bengana, décédé en 1947 et qui a, « toute sa vie, et avec toute sa tribu de féodaux sanguinaires , torturé, humilié, dilapidé et assassiné le peuple algérien ». Venue (invitée ?) en Algérie, elle et son livre « ont été encensés par certains parlementaires algériens, par la presse....par la télévision de l’Etat algérien, par des libraires serviles ... »

Dans sa large « radiographie clinique », il y a beaucoup d’ (im-) patients : B.SansalK.DaoudS.BachiA.Djebar, (seulement égratignée !)  W.TamzaliA.Boumehdi (Ali) , M. Zemmouri, Y. Khadra, L. Salem,  certain(e)s professeur(e)s de français de l’Université d’Alger,   et bien d’autres dans la littérature, la peinture, le théâtre ou le cinéma dont les réalisateurs de « productions cinématographiques produits sur commande », des « films-propagande à la guimauve » ,  et  les « dizaines de peudos « artistes » algériens (qui) ont rejoint les Sas de l’armée française......Selon lui, « certains de ces jeunes « jaunes » sont devenus des artistes importants et reconnus par l’Algérie indépendante »  ....... Dans le même sac , on  retrouve A. Camus, F. Furon, A. Arcady,M. Onfray........sans oublier B.H.Lévy, Finkielkraut, E.Zemmour, Bruckner, Glucksmann, R. Menard, J.P Chevènement (et tant d’autres), les « camarades socialistes français », à leur tête G. Mollet et  F. Mitterand, L. Visconti, Melina  Mercouri, Delacroix......Beaucoup de monde. Trop de monde  ?

Heureusement, il y a  F. Yveton , A. Tebboune, S. Bencheikh (de l’Onda) , H’mida Ayachi, A. Fenni, R. Cherif, Omar Ourtilane ,  L. Hamina et bien des « chrétiens , juifs, athées mais algériens jusqu’au bout des ongles », dont bien d’entre-eux « vivent en Algérie et sont fiers d’être Algériens » et  ..... J-P. Sartre, , J . Genêt,Mandouze, Amos Gitaï, Shlomo Sand, Jeanson, Yves Lacoste,L . Mauvignier, J. Ferrari, J. Andreas, , Picasso, J . Genêt, P. Guyotat ......Ahh, j'allais oublier ....... S. Bouteflika qui l’a soutenu publiquement lors de sa mésaventure médiatique avec El Khabar.

A noter aussi que Rachid Boudjedra insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas dans son livre de condamner ou de punir mais seulement et avant tout de DIRE : « De fouiller notre inconscient pour le dévoiler, pour nous dévoiler, et nous connaître » . C’est pour cela ,à chaque fois qu’un nom est avancé, il précise qu’ il sépare de façon claire  les œuvres (dont certaines, de qualité indéniable,  sont sont à lire ou à voir et à étudier) ainsi d’ailleurs que des moments de vie (exemple des positions contre les guerres colonialistes en Algérie ou au Vietnam  ..) des personnes , devenues , avec le temps et les intérêts, souvent bien mesquins ou intéressés,  de véritables « contrebandiers de l’Histoire »

 

 

L’Auteur : Né en septembre 1941 à Ain Beida (Aurès). Etudes en mathématiques et en philosophie.1959, il rejoint le Fln. 1962 : Licences....Enseignant au lycée de Blida et à l’ Université, militant politique (Pca puis Pags)  romancier, journaliste-chroniqueur, poète, dramaturge,scénariste  d’une douzaine  de films dont « Chroniques des années de braise »,  « personnage contrasté et extrêmement sensible, suscitant la polémique » (A. Cheurfi) .....une œuvre considérable (en français et en arabe) , traduite dans le monde entier. Premier ouvrage publié en 1969 : « La Répudiation » (écrit en réalité en 1965).....durant « l’ère du soupçon à l’égard du langage poétique, du récit complexe ......Il régnait une sorte d’islamisme frotté, paradoxalement , de jansénisme..... J’étais mis au ban des traîtres qui ont « répudié ! » leur pays »...

 

Extraits : « Non seulement « le Parti de la France » existe bel et bien mais il a toujours existé, ce qui est banal et presque naturel dans l’Histoire des peuples anciennement colonisés, dans la mesure où, comme l’a écrit si génialement Frantz Fanon dans « Les Damnés de la Terre » en 1959, déjà, « le complexe du colonisé est irréparable et il découle  du complexe de l’esclave qui refuse d’être libéré par son maître » p 16), « La colonisation qui a commencé avec les Ottomans et s’est terminée avec les Français a été féroce et déshumanisante.Son horreur , sa cruauté et sa longévité ont été démesurées, démentes et incroyables « (p19), « Il se trouve que la très longue colonisation ottomane de

 l’Algérie qui dura deux siècles a été elle aussi  d’une très grande cruauté mais comme ces janissaires étaient des musulmans, leurs crimes leur ont été pardonnés » (p52), « Le monde occidental a besoin de larbins et de supplétifs issus des anciennes colonies, quelque peu exotiques, faisant couleur locale mais pas trop. Grâce à ses sbires, il se trouve des témoins autochtones pour faire la démonstration de sa probité et de sa bonne foi qui n’est que de la condescdance sournoise , trafiquée et artificielle » (p 68) , «  De la guerre d’Algérie et d’Indochine aux guerres du Golfe et du Moyen Orient, les consciences politiques n’ont pas évolué dans un monde qui se prépare lentement à commencer la troisième guerre mondiale » (p 81), «  Dénigrer l’Algérie est devenu une mode pour certains intellectuels algériens installés en Europe et pour la droire française raciste et idiote.Et dénigrer , ce n’est pas critiquer » (p87), « Pendant la guerre d’Algérie, des dizaines de pseudos « artistes » algériens ont rejoint les SAS (Service d’Action Sociale) de l’armée française pour faire le sale boulot :détourner le peuple algérien de son combat primordial.Certains parmi ces jeunes « jaunes » sont devenus des artistes importants et reconnus par l’Algérie indépendante » (p 115)

 

Avis : C’est un pamphlet comme annoncé en couverture . Pamphlet :  «  Petit écrit satirique agressif dirigé contre quelqu’un , une institution....Libelle » (Le grand Larousse illustré 2016, p 830). Donc , point d’étonnement connaissant le « militantisme » et l’ « épidermisme »( sic !)  de celui qui reste, malgré tout, le  plus grand de nos écrivains contemporains .

Sacré Boudjedra Toujours droit dans ses bottes.Direct dans ses propos, tranchant dans ses jugements, et surtout franc dans ses objectifs.Un pamphlet comme on n’en voit si peu.Heureusement (Trop de risques ?).Hélas (pour les vérités assénés ?). Ouvrage déjà lu et présenté  mais celui -ci a été revu et « augmenté ». A re-lire.

 

Citations : « L’inconscient du colonisé est un gouffre sans fond ! » (p 17), « La démocratie est le contraire du mensonge et des petits arrangements » (p28), « L’Algérie pour moi n’est pas un Etat totalitaire mais un système autoritaire et vieillissant où la corruption est un vrai désastre économique « (p 86), « C’est l’enracinement dans la douleur, la nôtre et celle du peuple que nous ne connaissons pas vraiment et que nous côtoyons superficiellement (...).Sans cet enracinement, il n’y pas  d’universalité. Nous écrivons local.Nous peignons local.Nous réalisons local.C’est pourquoi nous sommes victimes aussi de l’Occident qui continue à nous subjuguer » (p94), « Notre production artistique manque de finesse, de métaphysique, de passion et de ....folie » (p96),