HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN ABDELKADER
DJEMAI –« LA DERNIÈRE NUIT DE L’ÉMIR » (Fiche de lecture rédigée
en septembre 2012)
La bonne nouvelle ! Enfin, il y «aura», bientôt, un film sur l’Emir Abdelkader. Il
était temps ! Décidemment, nos héros n’ont pas la vie facile avec nos
contemporains. Souvent ignorés, parfois incompris, de temps en temps déchirés
par leurs «héritiers»… et quelquefois «jalousés».
Pourtant, ils sont bel et bien morts. Peut-être à cause de l’image et les
empreintes laissées dans l’imaginaire populaire. Les héros de nos guerres de
résistance ne mourront jamais… film ou pas film.
Il est à espérer, seulement,
qu’on les montre avec leurs qualités mais aussi avec leurs défauts, … Car, un
héros parfait (ça n’existe nulle part… sauf en Algérie), c’est-à-dire
portraituré de manière «lisse» et/ou austère, est
rarement accepté et «digéré» par les nouvelles générations.
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La dernière nuit de l’émir. Roman de Abdelkader Djemai. Editions Barzakh. Alger 2013 (Le Seuil, 2012), 167 pages, 600
dinars.
Seuls les sexagénaires et plus
connaissent combien le talent de Abdelkader Djemai ne
date pas d’aujourd’hui. Après un passage dans l’enseignement (et Dieu sait
combien les enseignants des années 60 et 70 étaient de qualité), il est parti
faire du journalisme. Où ? A La République (d’Oran) alors dirigé par (feu)
Bachir Rezoug, qui avait réuni alors, autour de lui,
du temps du ministre M-S Benyahia, une équipe d’«enfer» pour faire du quotidien oranais le journal le plus
influent … et le mieux écrit (on n’a guère fait mieux jusqu’ici… et les styles
ont … involué, compliquant l’écriture et la compréhension). Une signature
devenue alors célèbre et respectée, aux côtés de bien d’autres : Ouasti, Safer, Mezali, Benamadi, Bouchène, Rezigui…
1993 : L’exil. Des livres et des
livres. Des prix aussi. Dans la discrétion la plus totale comme il sied à tout
grand écrivain.
Son dernier-né, sur l’Emir
Abdelkader, n’est ni une fresque historique, ni un roman, ni un essai. Un peu
de tout. La vie, le combat d’un homme hors du commun. L’exil d’un personnage
exceptionnel, homme de progrès, de dialogue et de tolérance qui a marqué non
seulement l’Algérie, mais l’humanité. Vivement le film, en espérant quelque
chose de grand, comme le bonhomme. Et, pourvu que la «famille
révolutionnaire» et la famille tout court ne s’en mêlent pas trop.
Avis :Un livre qui se lit goulûment, tant l’écriture est claire, fluide et les
évènements décrits avec simplicité mais précision. Vous commencez avec
hésitation, déçu, peut-être, par ce qui a été tellement écrit précédemment sur
le héros, mais
vous allez très vite, le premier chapitre terminé, être emporté, transporté
dans un océan d’émotions.
Extraits : «Je n’ai point fait les événements : ce sont les événements qui m’ont
fait ce que j’ai été «(p 105), «Il fut l’un des premiers combattants à
pratiquer la guérilla, qui n’était pas enseignée dans les écoles militaires «(
p. 115), «Respectueux de l’autre, le fils de Mahieddine
disait qu’il ne faut jamais demander l’origine d’un homme : pour savoir qui il
est, il faut plutôt interroger sa vie, son courage et ses qualités» ( p 129),
«La science est l’arme suprême, le sabre n’étant jamais que l’instrument de
ceux qui ont renoncé à régner par l’esprit» (p 137)
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