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Roman Assia Djebar- "La femme sans sépulture"

Date de création: 07-11-2025 18:01
Dernière mise à jour: 07-11-2025 18:01
Lu: 50 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ASSIA DJEBAR- « LA FEMME SANS SÉPULTURE »

La femme sans sépulture. Roman de Assia Djebar. El Kalima Editions , Alger 2025 (Albin Michel, 2002).197 pages, 1 200 dinars

Un ouvrage vibrant célébrant le courage des femmes algériennes et qui questionne la manière dont une nation se construit sur sur ses martyrs......oubliés.

Ces dernières années, quelques livres (dont 1 de Kamal Bouchama en 2016 , 1 de M’hamed Houaoura en 2017 et 1 de Aziz Mouats en 2022) ont été publiés sur la vie militante et engagée -jusqu’à en mourir-  de Zoulikha Oudaï, héroïne cherchelloise de la guerre d’indépendance ( de « délivrance »), capturée, tioorturée puis assassinée par l’armée coloniale française et dont la sépulture n’a été , je crois, retrouvée qu’en  1987. « En 1956, en 1957, Zoulikha était vraiment au centre : pas seulement du combat à Césarée, mais des réseaux à maintenir, des liaisons à établir entre les montagnes -avec ses partisans, et les citadins à demi engagés, englués, tremblants, prudents, pleins d’espoir aussi, voyant l’avenir approcher avec ses séismes et ses orages » (Epilogue, p 191). Une véritable « Dame lionne à la crinière rousse ».   

Assia Djebar, revenue au « pays », qui ne l’a jamais quitté, en 1976, avec pour objectif un film long métrage  sur « les femmes du Mont Chenoua »,  a su, à travers les témoignages de proches de Zoulikha, , dont sa fille Mina et sa sœur Zohra et de son amie et alliée , Lla Lbia (seule soutien quand celle-ci -Zoulikha-  , était harcelée, durant des mois et des mois, par le commissaire de police de la ville et quand ensuite, elle voulut rejoindre les partisans et que le vide s’élatgissait autour d’elles) restituer le combat de cette femme, devenue une des responsables Fln/Aln de la région ; femme qui avait perdu son époux, lui aussi exécuté par l’armée colonilale , ainsi  que son fils Habib, celui-ci décédé au maquis.Elle a , donc, su et pu redonner chair et souffle à cette figure effacée de notre Histoire contemporaine. Puissance des voix féminines, douleur des disparus, urgence de témoigner. Entre une mémoire collective en quête introuvée, un écrit qui « fait surgir une polyphonie bouleversante où les silences deviennent plus éloquentes que les cris »

L’Auteure :Voir plus haut

Table : Avertissement/ Prélude/ 12 parties/ Épilogue

Extraits : « Ainsi, « notre » Zoulikha, si elle était née homme, aurait été général chez nous, comme bien d’autres peuples, car elle n’a jamais craint quiconque et elle aimait l’action.....Dites-moi, mes petites, où trouver de nos jours une telle femme ?  » (p 68), « Je croyais que la télévison avait besoin d’un documentaire , comme il y en avait tant sur les héros morts !....Zoulikha vivante aujourd’hui, elle les aurait dérangés tous !....Ils me paraissent parfois-chacun pour des raisons diverses-comme soulagés, c’est le mot, oui, soulagés qu’elle, ma Zoulikha, ait disparu ! « (Témoignage de Hania, p 75), « Arrivant à la montagne chez les partisans, j’ai eu l’impression de reprendre une marche : vers où, vers quel but, je me disais seulement : jusqu’au bout ! » (p157)

Avis :Une succession de plans, comme dans un film beaucoup,  plus que dans un récit littéraire.D’où une œuvre bien captivante avec ses allers et retours passé-présent.Une écriture légère entraînant une lecture décontractée ....sur fond de tragédie.

Citations : « Chaque délai, chaque retard, recèle en lui, un bien caché » (p66.....proverbe arabe), « La peur, mes petites, vous fait tout apprendre le franaçis, et même la langue du démon, si besoin est » (p 71) , « La beauté de la poésie, ce n’est jamais ailleurs.Peu importe où vivent les poètes ! » (p 87), « Et les regards ! Qui dira les regards dévorateurs, voleurs, violeurs, de tant de jeunes mâles, immobilisés dans la rue, sans mots, sans rêve, sinon taraudés par la pulsion de toucher l’hirondelle, de frapper, d’écraser la libellule....La haine, par éclairs, explose on ne sait où, ni pourquoi... » (p89), « La torpeur , depuis 1962, s’est réinstallée, écrasante : on la sent dans les rues, dans les patios, mais pas là-haut, ni dans les montagnes, ni dans les collines où flotte comme une réserve désabusée des gens, une poussière de cendres en suspens, après le feu d’autrefois » !  (p 100), « Sur cette terre, la condamnation vient-elle du fait que nous nous trompons parfois d’ennemi ? .....Vite, un ennemi, vite, une voix à défier : et nous cherchons hors de notre sang alors que , la première des énigmes, nous la portons en nous » (p112), « La foule, à Alger, et presque pareillement à Césarée, est emportée dans le fleuve morne du temps.Elle te signifie : Oublie avec nous ! Fais comme si.....Nous avons désormais , comme tant d’autres peuples, nos hontes, nos tatouages marqués au fer sur le front, nos souillures sur la face !....Eh quoi, nous sommes ordinaires comme tant d’autres nations qui n’ont pu éviter troubles et convulsions » (p 196)