INFORMATIQUE- ETUDES ET ANALYSES- INNOVATION 2025/
INDEX GII, OMPI
© https://www.algerie360.com, lundi 13 octobre 2025
Le Global Innovation Index (GII)
2025, publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI),
dresse un constat sans appel. L’Algérie se classe 115ᵉ sur 139 pays, loin
derrière plusieurs économies de la région.
Dans le Maghreb,
le Maroc (57ᵉ) et la Tunisie (76ᵉ) confirment
leur avance, tandis que l’Égypte (86ᵉ) maintient un rythme plus
soutenu.
Ce classement, qui évalue la
capacité d’un pays à produire et diffuser l’innovation, met en lumière les
faiblesses structurelles d’un système national encore peu connecté aux
exigences de la recherche appliquée et du secteur productif.
Malgré la présence d’universités
dynamiques et d’une jeunesse instruite, l’écosystème algérien reste freiné
par la lourdeur administrative, le manque de financement ciblé et
l’insuffisance de passerelles entre l’université et l’entreprise.
Plusieurs spécialistes soulignent
que l’innovation ne se décrète pas. Elle se construit dans la durée, par la
cohérence entre vision politique, environnement économique et liberté
académique. À ce niveau, l’Algérie a encore un long chemin à
parcourir pour transformer son potentiel humain en moteur de progrès
technologique et industriel.
Pour d’autres observateurs, cette
situation n’est pas seulement technique, mais aussi culturelle. Népotisme,
clientélisme et lourdeurs administratives freinent la compétitivité intellectuelle
et la créativité, transformant l’excès de diplômes en capital dormant.
Ce classement traduit la
faiblesse du capital-innovation algérien, souvent limité à des initiatives
isolées, sans stratégie nationale cohérente.
Les universités, pourtant riches en talents, peinent à collaborer avec le secteur privé.
Le manque de financements dédiés à la recherche appliquée, combiné à la rareté
des partenariats internationaux solides, limite la production scientifique et
technologique locale.
Le professeur Zoubir Benleulmi, spécialiste du management de l’innovation établi
à Paris, relativise néanmoins cette note sévère. Selon lui, l’image donnée
par le classement pourrait être « injuste ». « Certaines données
concernant l’Algérie sont manquantes dans le rapport. Ce qui peut fausser la
mesure réelle du niveau d’innovation du pays », estime-t-il.
Cependant, il reconnaît que des
efforts restent nécessaires pour bâtir un environnement propice à la
créativité, à la recherche et à la valorisation des savoirs.
À l’échelle mondiale, le classement du GII 2025 reste dominé
par les économies les plus développées. Mais marque aussi l’entrée remarquée de
la Chine dans le top 10.
Voici le Top 5
mondial en 2025 : 1.Suisse : en tête
pour la 15ᵉ année consécutive, grâce à la performance exceptionnelle de
son secteur créatif et à la qualité de ses institutions./2. Suède : elle
se distingue par une forte sophistication des entreprises et une recherche
scientifique de pointe./3. États-Unis : le pays
reste un géant en matière de R&D privée, soutenu par la puissance de ses
universités et de ses startups./ 4. Corée du Sud
: elle atteint son meilleur classement historique, portée par un
investissement massif dans la recherche et l’éducation./
5.Singapour : toujours parmi les meilleurs grâce à un écosystème
favorisant l’innovation technologique et les collaborations internationales.
Derrière ce peloton de tête, la Chine fait une percée historique en intégrant le top 10 pour la première
fois. Tirée par ses performances en matière de technologies et de dépôts de
brevets.
En définitive, au-delà du
classement, le Global Innovation Index met surtout en lumière la nécessité pour
l’Algérie de repenser son approche du savoir et de la recherche. Les réformes
amorcées dans le secteur de l’enseignement supérieur ou de l’économie
numérique vont dans le bon sens. Mais leur impact dépendra de la
capacité à créer un environnement réellement favorable à l’innovation.