SOCIETE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- MARIAGES ET KHOL’
2025
Le ministre de la Justice, Lotfi Bouguemaa,
a rappelé, samedi 11/10/2025, que « La dissolution » (Khol’) , permettant à l’épouse de mettre fin au
mariage sans le consentement de son mari, est une mesure légale et conforme aux
principes de la Charia’ islamique. Cette procédure est encadrée par l’article
54 du Code de la famille modifié et complété, qui garantit le droit de la femme
à demander le khol’ moyennant une compensation
financière.
Avant de statuer, le juge est obligé de tenter une
conciliation entre les parties, en s’appuyant éventuellement sur les familles
ou d’autres personnes, afin de préserver l’unité familiale. La justice
intervient généralement en dernier recours, lorsque la relation conjugale est
déjà rompue.
Selon le ministre, cela représente 27 % des cas de
dissolution du mariage enregistrés entre 2021 et le premier semestre 2025,
contre 42 % pour les divorces unilatéraux. Les chiffres avancés par certains
médias sur la multiplication des demandes de khol’
sont donc jugés exagérés.
Lotfi Bouguemaa a précisé
que les causes de rupture des familles ne sont pas liées aux textes de loi,
mais plutôt aux évolutions sociales et comportementales de la société
algérienne. Il a insisté sur l’importance de renforcer la sensibilisation
familiale et de promouvoir la médiation et le règlement à l’amiable afin de
limiter le recours au tribunal et d’assurer la stabilité des familles et de la
société.
En 2023, le nombre de mariages célébrés en Algérie
s’élève à 278 664 ce qui représente une baisse notable par rapport aux 387 000
mariages enregistrés en 2014 et traduit une diminution de 27 % sur une décennie
Cette tendance reflète des changements dans les comportements sociaux et
économiques des jeunes générations ainsi qu’une évolution des priorités et des
choix de vie familiale
La même année, 91 402 divorces ont été prononcés soit
environ 33,5 % des mariages ce qui équivaut à plus de 240 divorces par jour ou
à une séparation toutes les six minutes Cette proportion place le taux de
divorce algérien à un niveau comparable à celui de certains pays européens et
souligne la fragilité de certaines unions dans le contexte actuel
L’analyse de la durée moyenne des mariages avant
divorce révèle que près de 75 % des séparations surviennent dans les trois
premières années de vie commune ce qui indique une instabilité précoce et des
difficultés à maintenir les engagements conjugaux dans les premières années
Cette situation met en lumière la nécessité d’une réflexion sur le rôle de
l’éducation au mariage, le soutien familial et l’accompagnement psychologique
pour favoriser la stabilité des couples
Ces
chiffres traduisent des transformations profondes dans le paysage conjugal en
Algérie et invitent à une prise de conscience collective sur les enjeux sociaux
et culturels liés au mariage et au divorce