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Algérie.France/Opinion Chems Eddine Hafiz (sept.2025)

Date de création: 05-10-2025 20:12
Dernière mise à jour: 05-10-2025 20:12
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RELATIONS INTERNATIONALES-FRANCE-ALGERIE.FRANCE/ OPINION CHEMS EDDINE HAFIZ (SEPT. 2025)

Relations France-Algérie et rupture entre Tebboune et Macron : Les révélations de Chems-Eddine Hafiz

Cette montée des tensions sociales est symptomatique d’une dégradation plus large couvrant non seulement les sphères politiques, mais aussi les relations humaines et communautaires entre les deux peuples.

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a levé le voile sur les coulisses d’une relation complexe et longtemps marquée par l’affection entre les présidents algérien, Abdelmadjid Tebboune, et français, Emmanuel Macron. Ce témoin privilégié, qui a été reçu à plusieurs reprises par le président Tebboune, a livré à la faveur d’une interview accordée lundi 29 septembre 2025 à la chaîne One TV un récit détaillé sur les «raisons profondes qui ont conduit à la rupture entre les deux chefs d’Etat» et, par extension, à la dégradation alarmante des liens diplomatiques entre Alger et Paris.
Chems-Eddine Hafiz décrit une phase où Abdelmadjid Tebboune, dès son arrivée à la présidence de l’Algérie, manifestait un désir clair de bâtir une relation «extrêmement simple et claire» avec la France. «Il avait beaucoup cru en la parole du président Macron» qui, de son côté, prodiguait des déclarations figurant une «affection» notable envers son homologue algérien. Hafiz rapporte même des paroles personnelles de Macron : «Quand je parle avec lui (Macron), il me disait notre grand frère Abdelmadjid Tebboune, allant jusqu’à confier à l’intervieweur un moment intime où Macron lui aurait dit : ‘Je te regarde et je pense à mon frère Abdelmadjid Tebboune.’» Cet attachement personnel entre les deux présidents transparaissait comme un fondement solide pour une relation bilatérale qui, après des années de tensions, semblait vouloir repartir sur de nouvelles bases.
Pourtant, ce tableau idyllique s’est délité sous le poids d’un certain nombre de facteurs. Selon Chems-Eddine Hafiz, la rupture ne peut se réduire à la seule déclaration controversée du président Macron en juillet 2024 sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental, bien qu’elle ait constitué «le point final qui a scellé la rupture». Le recteur évoque un contexte où Emmanuel Macron «a fait énormément de promesses au président algérien, des promesses qui n’ont pas été tenues», suscitant un fort agacement chez Abdelmadjid Tebboune.Cette accumulation de déceptions a amené le président algérien à comprendre «qu’il ne pouvait plus rien faire avec le président Macron». La reconnaissance française du Sahara occidental par Macron est venue s’ajouter à d’autres raisons et tensions latentes, transformant un malentendu politique en une véritable crise diplomatique entre les deux nations. Chems-Eddine Hafiz souligne également les conséquences humaines de cette crise d’Etat. Les Algériens vivant en France «sont des victimes collatérales d’un problème politique», et l’on assiste à «des élans racistes et des déclarations contre les Algériens», déplore-t-il. Cette montée des tensions sociales est symptomatique d’une dégradation plus large couvrant non seulement les sphères politiques, mais aussi les relations humaines et communautaires entre les deux peuples.
Loin d’appeler à la confrontation, le recteur appelle plutôt à la désescalade, insistant sur le fait que «des déclarations comme celles données début août par Emmanuel Macron pour durcir le ton n’ont rien apporté de positif» et «ont envenimé la situation».
Hafiz invite à un dialogue apaisé pour sortir de cette crise qui «ne profite à personne». 
Plusieurs mois avant cette interview, le recteur de la Grande Mosquée de Paris avec le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, avaient signé un appel conjoint pour défendre la fraternité entre les deux peuples et dénoncer le fait que les crispations diplomatiques ne doivent pas faire des citoyens ordinaires des victimes collatérales. Leur message commun reste d’actualité face à la profonde tension actuelle. Le témoignage de Chems-Eddine Hafiz révèle un volet méconnu des relations franco-algériennes.
Une relation personnelle entre deux Présidents, marquée par la confiance et l’affection qui se sont effondrées sous le poids d’attentes non satisfaites, de décisions politiques lourdes et d’une crise territoriale majeure. Cette rupture a non seulement amplifié la crispation politique entre Alger et Paris, mais a également exacerbé les tensions sociales, notamment envers la communauté algérienne en France. A l’heure où l’on cherche à comprendre les perspectives d’une future normalisation des relations bilatérales, les révélations du recteur de la Grande Mosquée de Paris offrent un éclairage crucial sur le défi que représente la reconstruction d’un dialogue sincère et fructueux entre les deux pays.