RELATIONS INTERNATIONALES- UNION
AFRICAINE- UE/4ème IATF, ALGER 2025/BILAN
La 4e édition de la
Foire du commerce inter-africain (IATF 2025) a pris fin, mercredi 10
septembre 2025à Alger au terme d’une semaine d’échanges et de signatures de
contrats qui fixe un nouveau cap pour la coopération économique panafricaine.
L’édition 2025 s’est
distinguée par des chiffres sans précédent, reflétant l’essor d’un marché
continental en structuration et le repositionnement d’Alger comme scène
d’affaires africaine ouverte aux partenaires internationaux. Les organisateurs
ont communiqué un volume d’accords commerciaux et d’investissements de 54,4
milliards de dollars, point culminant d’une semaine d’échanges à haute
intensité deal-flow qui installe la Foire au rang des plateformes
incontournables pour le financement, la co-localisation
industrielle et la montée en gamme des chaînes de valeur régionales.La
fréquentation a, elle aussi, témoigné d’un effet d’attraction mesurable : 20
000 visiteurs et délégués sur site, 15 000 participants à distance, et 2 000
exposants, avec la présence de 40 pays africains, offrant un échantillon
représentatif du tissu économique continental et de son appétence pour des
connexions B2B ciblées. A ces données s’ajoutent 75 conférences et panels et un
total de 750 événements, densité programmatique qui a permis d’aligner agendas
politiques, besoins industriels et solutions financières, tout en ouvrant des
voies concrètes de facilitation commerciale et d’intégration logistique.
Dans son intervention, le
commissaire de l’IATF 2025, Larbi Latrèche, a résumé
l’ambition structurante de cette édition algéroise. « En accueillant cette 4e
édition en Algérie, notre ambition était de renforcer l’intégration au sein de
la Zone de libre-échange continentale africaine, levier stratégique pour le
développement durable de notre continent »,a-t-il dit.
Il a insisté sur la dimension opérationnelle, en ce sens que « cette édition a
constitué une plateforme pour les entreprises et les investisseurs, favorisant
la mise en relation, la présentation des offres, l’exploration d’opportunités
et la conclusion d’accords et de partenariats concrets ».
.
La tonalité des bilans a été
confortée par la prise de parole du président de la banque organisatrice de
l’évènement, l’Afreximbank, aux côtés du secrétariat
de la ZLECAf, venu cadrer la traduction concrète des
engagements annoncés et les priorités de financement d’ici à la prochaine étape
prévue à Lagos en 2027. « Nous célébrons en effet la plus grande réussite de
l’IATF depuis le lancement en 2018 », a-t-il déclaré, avertissant toutefois
contre la tentation du satisfecit: « Résumer l’ampleur
de ce progrès en une seule phrase serait réducteur ». L’exécutif financier a
détaillé la feuille de route en affirmant que « le facteur décisif résidera
dans notre capacité à mettre en œuvre les accords signés ici ». Et d’ajouter :
« Nous assurerons un suivi rigoureux, point par point, afin que, d’ici notre
prochaine étape à Lagos en 2027, la plupart de ces engagements soient réalisés
».
Pour ancrer cette dynamique,
il a proposé un saut institutionnel: « Une décision
s’impose également pour 2027 en œuvrant à consacrer ce cadre en une institution
permanente ». Sur le nerf de la guerre, la note est restée lucide : « Le défi
majeur demeure le manque de capital dédié au financement des projets, ainsi que
la maîtrise des risques », plaidant pour « attirer établissements financiers,
bailleurs, sociétés d’affacturage et autres acteurs du crédit ». Le message a
pointé un angle mort, en souligant qu’«en dehors de quelques partenaires, la présence des banques
de développement africaines demeure insuffisante », avant d’appeler à une
mobilisation accrue des institutions régionales et panafricaines et des banques
commerciales. Enfin, il a insisté sur « l’opérationnalisation de l’organisme de
foire et de promotion commerciale établi au Zimbabwe », appuyé par un capital
initial validé de 20 millions de dollars, en vue de bâtir une organisation
durable de promotion des échanges.
Le président du Conseil
consultatif de l’IATF, Olusegun Obasanjo, a, pour sa
part, donné une lecture stratégique du moment, en appelant à capitaliser sur
l’élan accumulé pendant la semaine à Alger. « Nous constatons l’importance des
partenariats, du renforcement, des nouvelles opportunités et des économies pour
la prospérité future », a-t-il affirmé, avant de souligner la portée collective: « Cet événement a été plus qu’un simple salon
commercial. Il a été un témoignage de notre mission partagée pour une Afrique
plus intégrée et prospère ». Dans une perspective résolument orientée vers
l’exécution, il a conclu: « Continuons à construire
sur les connexions établies, à explorer de nouvelles opportunités et à
travailler ensemble pour réaliser le véritable potentiel de la zone de
libre-échange continentale africaine ».
Il faut rappeler que la
programmation de cette édition a mêlé discussions sectorielles, vitrines
d’innovation et rendez-vous d’affaires, soutenue par une offre digitale
élargie, tandis que la densité des panels a permis de faire dialoguer
industriels, régulateurs, bailleurs et opérateurs logistiques autour des
goulets d’étranglement et des mécanismes de facilitation commerciale.
Les 75 panels et conférences
ont joué un rôle de catalyseur, en associant retours d’expérience,
structuration de pipeline et alignement des instruments financiers sur des
projets bancables, avec une attention portée aux chaînes de valeur
industrielles et aux corridors d’exportation. Le rythme des 750 événements a
entretenu un flux continu de rencontres, du matchmaking
aux présentations de solutions, tandis que la participation de 40 pays a élargi
le spectre des complémentarités régionales et des arbitrages d’implantation
pour les entreprises en quête d’échelle. La dimension culturelle a été
entretenue tout au long de la cérémonie de clôture, avec des présentations
artistiques saluées par les présents et une séquence de remise de distinctions
qui a mis en lumière l’effervescence entrepreneuriale et la qualité de l’offre
exposée. Plusieurs catégories ont été honorées, dont des
start-up pour leur capacité d’innovation, des exposants pour
l’excellence de leurs stands et démonstrations, et des orateurs pour la
précision et la portée de leurs interventions, aux côtés d’une distinction
remise au ministère algérien de la Culture pour le volet culturel de
l’événement. Ce palmarès a souligné l’ambition d’une foire pensée comme un
écosystème ouvert, où l’investissement immatériel dans la créativité et le
capital humain complète la logique de contrats et de volumes, tout en ancrant
la signature d’Alger dans un récit panafricain à la fois économique et
culturel.
Au-delà des annonces, les
attentes qui accompagnent la trajectoire post-Alger se lisent à l’aune de deux exigences: la matérialisation financière des engagements et
l’outillage institutionnel pour dé-risquer les projets et accélérer l’exécution
à l’échelle continentale. Les 54,4 milliards de dollars annoncés devront se
traduire par des décaissements, des garanties, des lignes de Trade-finance et
des mécanismes d’assurance-risque, adossés à des plateformes régionales et à
une présence plus résolue des banques de développement africaines et des
acteurs du crédit spécialisés, comme l’a rappelé la banque organisatrice.
L’Algérie, qui s’est positionnée en hôte mobilisateur, a consolidé un capital
politique et relationnel dont l’effet multiplicateur dépendra désormais de la
capacité à faire atterrir les projets, à animer les corridors logistiques et à
maintenir le tempo des réformes de facilitation pour donner toute sa portée au
potentiel de la ZLECAf. En toile de fond, la présence
resserrée des représentants des pouvoirs publics et la mobilisation des
ministères économiques indiquent une volonté d’arrimage de la diplomatie
commerciale aux objectifs d’industrialisation et de diversification, dans une
séquence où l’Afrique confirme son statut de terrain d’investissement à forte
asymétrie d’opportunités et de besoins de capital patient.