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Khaled Louma

Date de création: 28-08-2025 19:09
Dernière mise à jour: 28-08-2025 19:09
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CULTURE- MUSIQUE- KHALED LOUMA

 

 ©Nacima Chabani/El Watan, mardi 26 août 2025 (Extraits)

 

 

Khaled Louma, leader du groupe T34 et animateur à la Chaîne 3 a tiré sa révérence, dimanche soir 24 août 2025, à l’âge de 70 ans, suite à une longue maladie. Il a été inhumé, hier, devant une foule nombreuse au cimetière d’Oued Tarfa de Draria, à Alger.

 Ses proches et ses amis le savaient souffrant depuis quelque temps mais garder, toutefois, l’espoir de sa guérison. L’univers musical et les auditeurs de la radio algérienne Chaîne 3 sont, désormais, orphelins. Ils viennent de perdre l’une des voix les plus mythiques du rock algérien avec son groupe T34 et de la radio. Un timbre de voix unique, procurant une sensation de bien-être, très agréable à entendre. 

Pour rappel, ces dernières années, le défunt continuait à travailler comme cachetier à la Radio nationale. Auteur et compositeur, son incontournable chanson Boualam El Far a su bercer la jeunesse algérienne, et ce, pendant plusieurs décennies. Le regretté artiste pouvait s’enorgueillir d’avoir révolutionné la musique. Bien plus qu’une star dans son registre musical, Khaled Louma était une icône à bien des égards. Son décès signe la fin d’une époque et d’un mythe du rock algérien. On lui doit les brillantes émissions radiophoniques «Contact», «Balek le rock» ou encore sa dernière émission «Vibrato». 

Khaled Louma est né en 1955 à Hadjout. Amateur inconditionnel des Rolling Stones, des Pink Floyd ou de Jimmy Hendrix, il se plaisait à fredonner avec un réel engouement les titres de ces artistes légendaires. A la fin des années 1970, il fonde le groupe T34. Un groupe qui tire son nom du pavillon T et de la chambre 34, de la cité universitaire à Ben Aknoun, à Alger. Avec ses deux acolytes musiciens Mourad et le défunt Omar Amroune, ils réussiront à imposer un groupe culte du rock algérien, chantant en arabe dialectal, mêlant les influences du patrimoine algérien et du rock international. 

Le groupe se fait très vite remarqué avec son album She Ness, qui incontestablement a réussi à faire vibrer la jeunesse algérienne, avide de liberté et d’une identité musicale locale. A cette époque-là, le groupe naissant arrive à se produire dans tout Alger, notamment à la salle El Mouggar, et surtout au niveau des cités universitaires. 

Après 15 ans d’absence, le groupe T34 refait surface dans les années 1980. Il donne un concert inoubliable en 2008, au niveau du Théâtre de verdure d’Alger. Un deuxième concert est programmé, toujours à Alger, avec un succès retentissant. Le groupe T34 compte à son actif qu’une seule et unique cassette magnétique, regroupant leurs grands succès, à l’image de Madir Walou, Boualem El Far et Jamais Ddoukh. Par ailleurs, il est à noter que Khaled Louma avait participé à un album collectif avec deux chansons  Machihari et Africa welcome, produit par son producteur Bruno Murano. 

Ayant plus d’une corde à son arc, l’artiste a tenté une expérience des plus réussies dans l’actorat, sous la direction du regretté artiste-peintre et plasticien Arezki Larbi. Il avait campé un rôle dans le court métrage Winna (L’Autre) sorti en 2019.
 

Dès l’annonce de la mort de Khaled Louma, plusieurs amis et compagnons de route ont partagé leur profonde tristesse et chagrin, soulignant la perte d’un talent et d’une présence marquante. Preuve en est avec l’un des amis, à savoir Aziz Mammeri. «Un pan entier de notre jeunesse lycéenne et estudiantine s’en va. Il fut une époque où nous étions inséparables. Je l’ai connu dès la 6e au lycée et, déjà, c’était le chouchou de la prof de musique. Il nous servait de guide dans les chants, c’était lui qui donnait la bonne mesure. Je l’ai connu aussi à ses premiers grattages de guitare, quand j’étais son seul public. Il m’enchantait quand il reprenait les Beatles. On errait souvent dans l’Alger de l’époque, souvent sous la pluie, à égrener tant de choses et tant de riens. Il nous suffisait de peu pour être heureux et nous l’étions, sauvagement, ingénument et braves. Nous avions les soleils de nos 17 ans, lui la musique qui déjà dévorait ses oreilles 

De son côté, l’écrivain, poète et journaliste Arezki Metref témoigne : «Dans les années 1980 et 1990, Khaled Louma a marqué la Chaîne 3 par son ton singulier, sa culture musicale et sa proximité avec les auditeurs. Il ne se contentait pas de diffuser des morceaux : il racontait la musique, la vivait, la partageait. Il a su faire de la radio un espace de liberté, un lieu de découverte et de dialogue. Son micro était une passerelle entre les sons du monde et les oreilles algériennes, entre les riffs de guitare électrique et les rythmes du terroir.(..................)... Avec la disparition de Khaled Louma, c’est une page de la culture nationale qui se referme. Paix à son âme 

Abondant dans le même sens, le journaliste Sid Ahmed Semiane écrit : «Khaled Louma n’est plus. Il a embarqué pour un aller sans retour. Triste jour. Vraiment triste jour. Une partie de moi, une partie de nous s’en va vers un ailleurs inconnu.(................)