CULTURE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- CINEMA/CHRONIQUE DES ANNÉES
DE BRAISE/DISTRIBUTION ALGÉRIE 2025
©Amira Soltane/L’Expression,
lundi 11 août 2025
Chronique des années de braise,
la fresque historique et grandiose de Mohammed Lakhdar-Hamina
sur la lutte pour l’indépendance de l’Algérie qui ressort en salles dès ce
mercredi 6 août, relance la question sur la distribution en Algérie. Au moment
où le ministre de la Culture a affirmé lors d’une sortie sur le terrain
l’intention d’encourager les multiplexes et surtout les distributeurs de films.
En Algérie, il existe officiellement cinq distributeurs de film : Cadc, organisme d’État, Media Algeria, un opérateur privé
qui possède un multiplexe de 4 salles à Alger, l’Onci
qui possède au moins trois salles et surtout MD Ciné qui détient 80 % du
catalogue des films en Algérie. Il est distributeur exclusif des majors
américains. C’est notamment ce dernier qui distribue le film en Algérie et qui
s’apprête après accord avec les enfants de Lakhdar- Hamina
de distribuer le film en Algérie. Contrairement à la production, la
distribution est gérée par les privés. C’est principalement à cause du
transfert de changes, que les opérateurs publics ont cessé d’importer des films
de l’étranger et ont délégué cette tâche aux privés, qui perdent souvent au
change. Dans les années 90, le Caaic, le dernier
organisme chargé d’importer des films étrangers, payait 200 millions de dollars
chaque année pour importer des films en 35mm. Après sa dissolution, l’Algérie a
arrêté d’importer des films mettant en faillite la majorité des salles en
Algérie. De 400 salles en 1990 l’Algérie est passée à 150 salles. La majorité a
été fermée, faute d’activité ou surtout avec la montée de l’islamisme et du
terrorisme, mises à part les salles des grandes agglomérations comme Alger,
Oran, Annaba, ou encore Tizi et Béjaïa. Avec l’apparition des DCP, la nouvelle
forme de diffusion, le parc des salles en Algérie s’est rétréci. Aujourd’hui,
sortir un film en format DCP est devenu un parcours du combattant, surtout en
dehors d’Alger. Le film de Lakhdar-Hamina est
distribué en salles dans 22 villes, ce qui est impossible à faire en Algérie,
puisque le parc des salles commerciales en DCP ne dépasse pas les 10. De plus,
le film dure 3 heures, ce qui est un grand handicap pour un distributeur qui
veut rentabiliser l’achat des droits. Ainsi le film sera pour la première fois
présenté en version restaurée à l’occasion de son cinquantième anniversaire. Le
film de trois heures a marqué les esprits puisqu’il est encore à ce jour, la
seule œuvre africaine et algérienne à être primée de la Palme d’or. Chronique
des années de braise, raconte en six tableaux, de 1939 à 1954, «la naissance
d’une nation avec le cheminement du peuple algérien jusqu’à l’embrasement contre
la colonisation française et la guerre d’indépendance».
Le premier chapitre se concentre sur Les années de cendre avec la sécheresse,
la misère et l’abandon de la terre par les paysans. Le second sur L’année de la
charrette avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale. Le troisième sur Les
années de braise avec la fin de la guerre. Le quatrième, L’année de la charge
revient sur les élections de 1947 avec le choix entre le légalisme et le
soulèvement. Le cinquième sur Les années de feu avec la révolte dans les campagnes.
Le bouquet final se termine par le déclenchement de la guerre d’Algérie le 1er
novembre 1954, qui dure jusqu’en 1962