RELATIONS INTERNATIONALES- DIPLOMATIE- VALISE
DIPLOMATIQUE/ALGERIE.FRANCE 2025
L'Algérie "est au regret de rejeter
fermement" la procédure temporaire proposée par le ministère français de
l’Europe et des Affaires étrangères en matière d’accès des agents algériens
accrédités aux zones réservées des aéroports parisiens aux fins d’acheminement
ou de récupération de la valise diplomatique, a-t-on appris de source informée
(11 août 2025)
Selon la même source, le ministère des
Affaires Etrangères-Direction Générale du Protocole- a accusé réception
de la note verbale du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères
datée du 7 août 2025 relative à la proposition d’une nouvelle procédure
temporaire en matière d’accès des agents algériens accrédités aux zones
réservées des aéroports parisiens aux fins d’acheminement ou de récupération de
la valise diplomatique, précise la même source.La
nouvelle procédure communiquée contrevient fondamentalement à l’obligation de
la France de veiller au bon fonctionnement des Missions diplomatiques et
consulaires établies sur le sol français. A cet égard, l’article 25 de la
Convention de Vienne sur les relations diplomatiques dispose que l’Etat
accréditaire accorde toutes les facilités pour l’accomplissement des fonctions
des représentations diplomatiques.De
plus, l’article 5 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires fait
obligation à l’Etat de résidence de permettre aux postes consulaires de
s’acquitter librement de leurs fonctions. La nouvelle procédure communiquée
maintient manifestement des entraves au bon fonctionnement de la Mission
diplomatique et des postes consulaires algériens en France.
De manière spécifiquement liée à
l’acheminement ou à la récupération de la valise diplomatique, la même
procédure nouvelle communiquée à la partie algérienne continue à enfreindre
l’obligation qui incombe à la France, conformément à l’article 27 alinéa 7
de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. En effet,
celui-ci consacre explicitement le droit pour toute mission diplomatique
d'"envoyer un de ses membres accrédités pour prendre livraison,
directement et librement, de la valise diplomatique auprès du commandant de l’aéronef".Cette même
obligation a été expressément reprise et intégrée dans l’article 13 alinéa 7 de
la convention consulaire algéro-française de 1974.
Celui-ci dispose que "le poste consulaire peut envoyer un de ses membres
prendre, directement et librement, possession de la valise des mains du
commandant du navire ou de l’aéronef".Dans
le cadre du respect de ses obligations au titre de la Convention de Vienne sur
les relations diplomatiques, la France octroie aux missions diplomatiques et
consulaires accréditées des badges d’accès permanent aux zones de sûreté à
accès réglementé (ZSAR) au niveau des aéroports.
Dès lors, toute mesure excluant la Mission
diplomatique et les postes consulaires algériens de cette pratique bien établie
constitue une violation flagrante d’une obligation consacrée au double titre de
la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et de la Convention
consulaire algéro-française.La nouvelle procédure
proposée est contraire au principe de non-discrimination à l’égard des Missions
diplomatiques et consulaires accréditées auprès du pays hôte, principe consacré
par l’article 47 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et
par l’article 72 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires. En
effet, en ce qu’elle vise exclusivement les agents de la Mission diplomatique
algérienne en France, la nouvelle procédure communiquée relève toujours d’un
traitement discriminatoire qui est incompatible avec les articles sus-mentionnés. A cet égard, il y a lieu de rappeler
que la décision initiale ayant privé les agents algériens de leurs badges
d’accès constituait déjà une mesure discriminatoire. Tenter de remédier à ce
traitement discriminatoire par l’adoption d’une nouvelle mesure revêtant
elle-aussi un caractère discriminatoire ne peut qu’aggraver la violation en cause.A toutes ces considérations
liées aux obligations internationales et bilatérales du pays hôte, s’ajoute une
autre considération d’ordre plus pratique. Il s’agit du fait que la nouvelle
procédure communiquée traite uniquement du cas de l’Ambassade d’Algérie à Paris
et passe sous silence la situation des postes consulaires algériens établis sur
le territoire français. Ces Consulats sont affectés au même titre que
l’Ambassade d’Algérie à Paris par les mesures privant leurs agents des badges
d’accès permanent aux zones réservées des aéroports aux fins d’acheminement ou
de récupération de la valise diplomatique. Leur cas mérite, par conséquent, de
retenir, également, la même attention du ministère de l’Europe et des Affaires
étrangères qui est tenu de leur accorder un même traitement leur assurant un
bon fonctionnement sans entraves, ajoute la même source.A l’ensemble de ces constats, la nouvelle
procédure communiquée ajoute des mesures provocatrices et inutilement
vexatoires. Il s’agit ici, d’abord, de la mesure visant à faire accompagner, en
tout temps, l’agent ou les agents chargés de l’acheminement ou de la
récupération de la valise diplomatique d’une escorte policière. Il s’agit,
ensuite, de l’autre mesure imposant, avant toute opération d’acheminement ou de
récupération de la valise diplomatique, la saisine du ministère de l’Europe et
des Affaires étrangères d’une demande écrite devant être déposée quarante-huit
(48) heures avant ladite opération.Par voie de
conséquence, le ministère des Affaires étrangères-Direction Générale du
Protocole- est au regret de rejeter fermement la procédure temporaire proposée
par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Pour l'Algérie,
la seule solution conforme aux engagements internationaux et bilatéraux de la
France réside dans le rétablissement des titres d’accès permanents au bénéfice
des agents accrédités de la Mission diplomatique et des postes consulaires
algériens en France. Dès lors que ces badges auront été rétablis,
l’Algérie procédera, de son côté, à la levée des mesures équivalentes qu’elle a
adoptées dans le cadre de la stricte application du principe de réciprocité,
conclut la même source.