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Récit Zohra Drif- "Mémoires d'une combattante de l'Aln. Zone autonome d'Alger"

Date de création: 01-08-2025 16:35
Dernière mise à jour: 01-08-2025 16:35
Lu: 22 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RÉCIT ZOHRA DRIF- «  MÉMOIRES D’UNE COMBATTANTE DE L’ALN.ZONE AUTONOME D’ALGER »

Mémoires d’une combattante de l’Aln. Zone autonome d’Alger . Livre d’Histoire de Zohra Drif .Chihab  Editions , Alger 2013. 607  pages, 1 450  dinars (Fiche déjà présentée le 7 décembre 2013)

Elle ne voulait rien dire, rien écrire sur son engagement dans la guerre de libération armée et ses actions au sein de la fameuse Zaa. Durant de longues années, sans doute déçue par les « jeux » politiciens post-indépendance ,  certainement pour oublier le cauchemar vécu alors en pleine jeunesse, et les épreuves traversées , et pour ne plus penser qu’intimement à ses ami(e)s  perdus à jamais, elle avait préféré se retirer de la vie politique en se consacrant à sa famille et à la défense, en tant qu’avocate, des citoyens . Puis , petit à petit, elle « revient à la vie », confortée en cela par l’émergence ou l’existence  d’autres « femmes de liberté »,   et par une conjoncture politique nouvelle, correspondant parfaitement à son caractère et à son expérience ; la libération du paysage politique après Octobre 88 et le retour de la liberté d’expression longtemps écrasée.

Mais , il lui fallait bien plus pour « passer à confesse » et écrire ses mémoires…… qui , pour un résistant de guerre (par  pour les tortionnaires), sont, toujours,  un accouchement douloureux.  Un évènement ! Un jour, il n’y pas très  longtemps, au cours d’un débat public à Marseille, 50 ans après la fin de l’occupation du pays  par la puissance étrangère qu’était la France, elle découvre « abasourdie » (un terme qui étonne ! mais il est vrai qu’elle avait rarement , sinon jamais, assisté à de telles rencontres outre-mer) « que la guerre dont nous étions censés  célébrer le cinquantenaire de la fin n’avait jamais cessé de l’autre côté de la Méditerranée ». Le déclic. Ajoutez-y des amis qui vous encouragent du début à la fin.

Ça, c’est l’avant-propos !

La suite : Mon Dieu ! Quelles histoires . Quelle Histoire. Pour les  moins de la soixantaine , la Révolution avec sa lutte armée urbaine telle qu’ils ne  l’ont jamais  imaginée. Des récits de vie décrits avec minutie.  Des héros (on les connaît , car jusqu’ici, ils ont eu la part belle dans l’histoire de la Révolution : Yacef , Ali la Pointe, Larbi Ben M’hidi, Fettal, Petit Omar, Taleb Abderrahmane, Oussedik Boualem, Habib Reda, Ramel, Debbih Chérif, Louni Arezki, Rachid Kouache, Abdelghani Marsali………) , mais aussi et surtout des héroïnes. Jeunes, très jeunes même, instruites (ou non,l‘essentiel étant l’éducation et la culture) , issues de milieux aisés (presque petite bourgeoise), résolument engagées , courageuses jusqu’à l’inconscience : Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired,Djamila Bouazza, Samia Lakhdari (celle-ci, un véritable « exemple » d’engagement et de courage, ….avec sa maman qu’il faut imaginer , assise à la Cafet’, en tailleur de « gaouriate », elle, l’épouse d’un notable quelque peu conservateur, attendant sa fille qui doit déposer la bombe. Un film,  à elles deux !)  , Danièle Mine, Drif Zohra, Gueddroudj Jacqueline, Peschard Raymonde, …….et toutes les autres, toujours là, toujours prêtes : la maman de Samia Lakhdari, Khalti Zohra, Belhaffaf Lalla, Khalti Baya, Khalti Zaghla, Drif Leila, Khalti Fettouma, Bouhamidi,….les femmes artistes comme Fadhila Dziria, Farida,  Fatiha Hattali….

 Des actions. Des portraits. Des situations. On apprend plus qu’il n’en faut sur l’état de la société de l’époque et l’état de ses combattants, hommes et femmes .  On comprend mieux les ressorts des engagements révolutionnaires……, des peurs,  des « faiblesses » , des lâchetés, et, hélas, des traîtrises. 

 

Avis :    Un véritable ouvrage de  psycho-sociologie politique , mais aussi d’histoire ……véritable « concurrent » des  livres et du film  sur « La Bataille d’Alger »

A noter l’humilité de notre auteure qui , en présentant les autres, se place toujours en retrait

Dommage, qu’il y ait beaucoup de digressions . ..qui auraient pu faire l’objet d’un ouvrage à part. Encore qu’il fallait les faire afin de « mettre les points sur les i »

Madame, merci ! Car, si vous avez permis à beaucoup d’entre-nous de nous  remémorer certaines atmosphères (heureuses ou dramatiques et tragiques)  du passé, votre « confession » sera le livre de chevet de nos enfants et de nos petits-enfants, etc ….  

Extraits : « L’Histoire ne leur (les jeunes d’aujourd’hui ) est enseignée ou présentée que sous une forme abstraite, dogmatique, stéréotypée, bref rebutante. Je voudrais leur raconter, non pas l’Histoire, mais des histoires vécues, dans l’espoir de donner à rêver et à réfléchir…. » (p 14), « (A propos de Camus). Pour lui, des réformes du système suffisent alors que pour nous, la solution réside dans la mort de ce système dont il fait partie » (p 114)