CULTURE- PATRIMOINE- STATUE AIN FOUARA (SETIF)
-La ville
de Sétif est une nouvelle fois le théâtre d’un acte de
vandalisme visant sa statue emblématique, Ain Fouara.
Dans un incident survenu mardi soir 29 juillet 2025, un individu en état
d’ébriété avancé a défiguré le visage de l’œuvre, marquant la troisième attaque
de ce type et ravivant l’indignation des habitants. Il s’agirait du même homme
qui avait déjà été condamné pour des faits similaires.
Selon la presse
, l’agresseur, déjà connu des
services de police pour avoir ciblé la statue par le passé et purgé une peine
de prison pour ces actes, est récidiviste. Les forces de l’ordre sont
rapidement intervenues pour l’interpeller et l’ont conduit au poste pour
interrogatoire.
La statue d’Ain Fouara,
qui représente une femme nue, est bien plus qu’une simple œuvre d’art ; elle
est un symbole fort de l’identité et de la mémoire collective de
Sétif. Pourtant, son histoire est jalonnée de tentatives de destruction.
- 1997 :
L’attentat de la Décennie Noire. En plein cœur de la période noire de
l’Algérie, une bombe vise la statue le 22 avril. Malgré l’ampleur des
dégâts, la statue est restaurée en moins de 24 heures, témoignant de la
détermination des Sétifiens à préserver leur héritage.
- 2006 :
En mars, un jeune sous l’emprise de drogues s’en prend au
buste de la statue avec un marteau, ciblant les traits de la femme.
- 2017 :
En décembre, un homme s’acharne sur le visage et la poitrine de
la statue à coups de marteau. Cet acte, largement médiatisé, relance le
débat sur le rejet de l’art figuratif et la place des symboles culturels
dans la société. Les autorités locales procèdent alors à une restauration
minutieuse.
- 2022 :
Un jeune homme jette une pierre sur la statue après un match de football,
mais est rapidement appréhendé.
Aujourd’hui, en 2025, la statue
d’Ain Fouara continue malheureusement d’attirer des
individus aux motivations diverses, mais dont l’action vise invariablement à la
dégrader.
Ces attaques trouvent souvent leur
origine dans le rejet de la nudité de la statue, considérant sa représentation
comme une atteinte à la pudeur.
Néanmoins, la population de Sétif a
toujours clamé son attachement inconditionnel à cette œuvre, la considérant
comme une partie intégrante de son patrimoine et de son identité, célébrée
dans les chants et poèmes locaux.
Face aux pressions, le ministère de la
Culture a réaffirmé la protection du statut de la statue. En 2018, il a
catégoriquement refusé tout déplacement de la statue vers un musée, afin
d’éviter de créer un précédent et de favoriser le retrait de biens culturels
des espaces publics.
En 2022, Soraya Mouloudji, alors
ministre de la Culture, a souligné que la statue d’Ain Fouara
est classée sur la liste des biens culturels protégés. Cette
classification, établie par la décision du 3 novembre 1999 (publiée au Journal
Officiel n° 87 du 8 décembre 1999), interdit formellement son déplacement de
son site géographique et de son contexte historique. La ministre a insisté sur
l’attachement des Sétifiens à cette « œuvre d’art » et sa
« symbolique » pour la ville.