DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- TÉMOIGNAGE
ACHOUI ABDELOUAHAB- « DANS L’ENFER DE LA DÉCENNIE ROUGE »
Jeudi 10 juillet 2025. « Dans
l’enfer de la décennie rouge ». Témoignage de Achoui
Abdelouahab (Commissaire principal de police à la retraite). El Amir Edition,
Marseille 2025 ( ?) , 256 pages, 1500 dinars.
« Dieu sait que je ne dis pas tout ça par
rancune, même s’il y a de quoi être rancunier .Non, c’est uniquement parce
que, en vertu de mon métier, et du lieu où je l’exerçais, j’avais vu ce que vous
n’aviez pas vu et entendu ce que vous n’aviez pas entendu et vécu ce que vous
n’aviez pas vécu ». C’est tout dit !
Pour la première fois, me semble-t-il, on a un
praticien de la Sécurité publique, membre actif de la Sûreté nationale, qui
nous raconte , du dedans, ce qu’il a vu, ce qu’il entendu, ce qu’il a vécu, ce
qu’il a subi durant toute une décennie , temps tragique du pays durant lequel
il a donné la coloration exacte......puisqu’elle a entraîné des dizaines et des
dizaines de milliers de morts......ceci dit sans parler des innombrables
atteintes psychologiques générées sur les rescapés, tout particulièrement les
femmes et les enfants.Un enfer !
Il nous dit , aussi, avec, assurément une passion
compréhensible, parfois maladroite, ce qu’il a pensé et ce qu’il pense encore
des acteurs de la tragédie. Tout y passe. On a donc des faits et aussi des
personnes, toutes identifiables par le lecteur âgé bien que les noms exacts
des « meneurs » n’aient pas été évoqués
L’Auteur :Né
le 18 mai 1959 à Alger. Sous-officier contractuel au sein de l’Anp
(Transmissions).Court passage aux Douanes algériennes.Carrière dans la Sûreté
nationale durant plus de trente ans.Retraite en 2026 avec le grade de
commissaire principal de police
Table des matières :
Dédicaces/ 1.Mémoire de la Patrie/......et 21 chapitres/Références
bibliographiques
Extraits :
« Je suis un policier et tout au long de ma vie, je continuerai à penser
avec la mentalité du policier » (pp 45-46), « Cette marche (note :
10 octobre 1988) était le premier pas des autres mille et un pas que cette
personne-que je me suis interdit d’en prononcer à jamais le nom- va
entreprendre pour l’effusion de sang, le sang des Algériens.. » (p 46),
« Quand je dis la prière du vendredi, cela n’avait rien à voir avec la prière,
car elle n’en portait que le nom et le lieu.Ce qui était censé être un prêche
était de la propagande, rien que de la propagnade pour le parti.. » (p57),
« La machine de propagande pour l’extrêmisme religieux en Algérie a
bénéficié du soutien de la propagande occidentale , et aussi, en particulier,
de l’incitation et de l’obscurantisme arabes basés sur l ’argent étranger,
dont la force réside dans les prédicateurs (oulémas) qui parlaient au nom de
partis bien connus » (p198), « Pour nous, ces élections (note :
Elections présidentielles ayant vu la victoire de L. Zeroual) furent la vraie
victoire sur les terroristes, la participation du peuple avec une telle intensité
fut pour nous le début de la fin pour les criminels » (p235),
« Lorsque le président Bouteflika est arrivé au pouvoir, le terrain était
déjà prêt » (p236)
Avis :
Un
essai ? Un témoignage ?Un pamphlet ?Un mélange un peu confus de
genres tout de même assez instructif sur une période délicate. Des détails du
plus folklorique au plus tragique de l’histoire de la « décennie
noire » (rouge !) du pays. Une histoire décrite de l’intérieur
par un homme qui a vécu directement et du dedans les événements. A lire,
évidement !
Citations :
« Avec le temps, on avait le sentiment qu’on devait choisir entre la mort,
la mort professionnelle et celle spitituelle.Nous avions choisi la vie, même si
le prix était la mort, que nous mourrons, mais que vive la patrie » (p 50)
« Pendant plus d’une décennie, l’Algérie avait été isolée et soumise à un
siège terrible.Elle avait affronté , toute seule, le terrorisme et en avait payé
le prix fort pour elle-même et pour les autres » (p 67), « Le brave
meurt une fois et le lâche meurt cent fois » (dicton d’une Ecole de
formation de l’Anp, p 233)