ECONOMIE- ETUDES
ET ANALYSES- CROISSANCE ÉCONOMIQUE ALGÉRIE 2024.2025/RAPPORT BANQUE MONDIALE
La croissance économique de l’Algérie est restée
solide en 2024. Mais selon le dernier rapport de la Banque mondiale, cette
dynamique devrait ralentir en 2025, avec un ralentissement hors hydrocarbures
et un déficit budgétaire en hausse. Pour soutenir une croissance durable, le
rapport plaide pour une amélioration de la productivité, une meilleure qualité
des dépenses publiques et une diversification plus marquée de l’économie.
« La croissance économique de l’Algérie est
demeurée robuste en 2024, mais devrait ralentir modérément en 2025 »,
indique la Banque mondiale dans
son dernier rapport de
suivi de la situation économique de l’Algérie, publié le 30 mai et intitulé
: « Accélérer les gains de productivité pour une Croissance
diversifiée et résiliente – Printemps 2025 ».« La forte dynamique de
l’investissement et une croissance robuste de la consommation des ménages,
toutes deux alimentées par la dépense publique, ont soutenu l’activité
manufacturière et des services, tandis que la production agricole
s’accélérait », explique l’institution financière internationale, et
d’ajouter : « La croissance de la demande intérieure a cependant stimulé
les importations qui, combinées à la baisse de la production et des
exportations des hydrocarbures, ont lesté la croissance. Somme toute, le PIB
hors-hydrocarbures a cru à un rythme de 4,8 %, compensant la contraction de 1,4
% du PIB des hydrocarbures. »
Selon le rapport : « La croissance du PIB
réel est projetée à 3,3 % en 2025, portée par le rebond de la croissance de la
production des hydrocarbures (+1,6 %), stimulé par celui des quotas de
production de l’OPEP et de la production gazière. » « La croissance
hors-hydrocarbures ralentirait (+3,6 %), du fait de la consolidation attendue
des dépenses publiques, plus marquée pour l’investissement. La production
agricole demeurerait robuste malgré une pluviométrie limitée, compensant le
ralentissement dans l’industrie et les services », prévoit la même
source.« Après deux années d’excédents, la balance du compte courant est
redevenue déficitaire en 2024 », relève la Banque mondiale, qui explique
: « La contraction des exportations (–10,2 %) s’est combinée à la
hausse des importations (+9,7 %), notamment alimentaires, d’équipement et de
véhicules, pour générer un déficit du compte courant à hauteur de 1,7 % du
PIB. » « La baisse des prix du pétrole en 2025 entrainerait un
creusement de ce déficit (6,6 % du PIB) et, avec un ralentissement modéré de
l’importation, une baisse dans les réserves de change », note la même
institution.
Le rapport souligne que « le déficit
budgétaire s’est creusé en 2024 et devrait persister en
2025. » « Le déficit budgétaire s’est creusé, atteignant 13,9 %
du PIB en 2024 — soit son niveau le plus élevé depuis 2015 — la hausse continue
des dépenses publiques (+9,0 %, après une hausse de 63,3 % entre 2021 et 2023)
étant désormais renforcée par la chute des recettes des hydrocarbures (–31,1
%) », détaille la Banque mondiale, qui prévoit que « le déficit
budgétaire atteindrait 14,5 % du PIB en 2025, avant de se résorber, la baisse
des recettes d’hydrocarbures étant amortie par la rationalisation des
dépenses. »« La dette publique n’a augmenté
que modérément en 2024, atteignant 48,5 % du PIB, l’utilisation du reliquat du
Fonds de Régulation des Recettes (FRR), à hauteur de 19,9 milliards USD (soit
7,4 % du PIB) assurant la majorité du financement du déficit », note la
même source, et d’ajouter : « Toutefois, les besoins importants de financement,
couplés à l’épuisement du FRR, amèneraient la dette publique à augmenter
sensiblement à partir de 2025. »Le rapport note
également que « l’inflation a nettement ralenti en
2024 ». « La croissance de l’indice des prix à la consommation a
chuté de 9,3 % en 2023 à 4,0 % en 2024, principalement en raison de la
désinflation des produits agricoles frais, elle-même soutenue par
l’autorisation de l’importation de viande, le dynamisme agricole, la stabilité du
taux de change et le ralentissement de la croissance monétaire, malgré une
politique monétaire demeurée accommodante et une croissance dynamique du crédit
au secteur privé », explique la Banque mondiale.
« Dans une économie mondiale sous pression, il est
essentiel d’accélérer l’effort de diversification de l’économie algérienne et
de réduction de la dépendance aux exportations d’hydrocarbures », rappelle
l’institution financière, et d’expliquer : « Les incertitudes
exceptionnelles associées aux évolutions du commerce et de l’économie mondiale,
renforcées par celles géopolitiques, menacent les prix du pétrole et du gaz,
qui représenteraient toujours 79 % des recettes d’exportation et 43 % des
recettes budgétaires en 2025. »Dans ce contexte,
poursuit la Banque mondiale, « la diversification de l’économie
notamment à travers l’augmentation de l’investissement privé, national et
international, et les gains de productivité est pressante, afin de diversifier
les recettes externes et fiscales, et d’engager l’économie algérienne sur une
trajectoire de croissance résiliente, moins tributaire de la dépense
publique. »« Compte tenu du poids du financement des déficits
budgétaires dans l’épargne nationale, et les risques qu’ils font peser sur la
stabilité monétaire, un rééquilibrage des finances publiques soutiendrait la
croissance », préconise la même source, et d’ajouter : « Au vu
du niveau élevé de dépenses dans une perspective internationale, ce
rééquilibrage serait notamment tributaire d’une amélioration de la qualité de
la dépense, informée par des revues des dépenses et une priorisation accrue des
investissements. »
Selon la Banque mondiale : « L’analyse des
tendances de productivité dans les différents secteurs offre des pistes de
réflexion pour accélérer la transformation structurelle de l’économie algérienne. » « Le
modèle de croissance tiré par la dépense publique a été le fer de lance
d’importantes réalisations économiques et sociales dans les années 2000, avant
un ralentissement durant la dernière décennie alors que le rythme de croissance
des dépenses devenait insoutenable », explique-t-elle, et de souligner
: « Ce faisant, ce modèle de croissance a orienté l’emploi dans des
secteurs à faible valeur ajoutée, notamment les services non commerciaux et la
construction. »Par ailleurs, ajoute la même
source, « une analyse comparative de la productivité algérienne
suggère une performance hétérogène, la forte dynamique dans le secteur agricole
contrastant avec des gains limités dans le secteur
manufacturier. » « Ainsi, l’accélération de la croissance
pourrait être réalisée grâce, d’une part, à des gains accrus de productivité
dans les secteurs manufacturiers et des services, et, d’autre part, à une
réallocation graduelle de l’emploi vers les secteurs à haute valeur ajoutée,
qui irait de pair avec un rééquilibrage progressif des dépenses
publiques », selon la Banque Mondiale, qui estime qu’« une telle
transformation de l’économie appelle des politiques transversales et
sectorielles ciblées pour soutenir la croissance et l’emploi dans le secteur
privé, tout en outil lant les travailleurs avec les
compétences nécessaires. »