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Roman Amira Ghernim- "Le désastre de la maison des notables"

Date de création: 11-06-2025 20:02
Dernière mise à jour: 11-06-2025 20:02
Lu: 4 fois


 

 POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ROMAN ALMIRA GHENIM- « LE DÉSASTRE DE LA MAISON DES NOTABLES »

Le désastre de la maison des notables. Roman de Amira Ghenim. Editions  Barzakh, Alger2024. 491 pages, 1 500 dinars

Tunisie , 1935.Un pays en pleine ébullition politique. Deux grandes familles bourgeoises (bourgeoisie moyenne). L’une, celle des Naifer,  rigide et conservatrice, l’autre , celle des Rassa, libérale et progressiste.

Une nouvelle jeune épouse de Mohsen Naifer,  , Zbeida Rassa , est soupçonnée d’entretenir une « liaison » (ou simple grande admiratrice) sur « dénonciation » d’un beau-frère jaloux,  avec Tahar Haddad, un intellectuel d’origine modeste connu pour son militantisme syndical et ses positions avant-gardistes, notamment en faveur des droits des femmes.

Secrets et souvenirs de familles vont alors se dérouler , les membres des deux familles r evenant lors des décennies suivantes sur les répercussions de cette « liaison ».

En fait, c’est soixante années d’histoire socio-politique de la Tunisie ( sous protectorat français,  occupée par les Allemands, libérée du colonialisme, dirigée par Bourguiba à partir de 1957, à l’avènement de la République tunisienne, « révolution » de 2011..) qui sont décortiquées à travers l’histoire de nos deux familles, si proches mais si éloignées. A travers des combats en faveur des droits des femmes. C’est aussi  un hommage rendu à une figure exceptionnelle  (1899-1935) , Tahar Haddad, qui a lutté activement en faveur des droits syndicaux des travailleurs, de l’émancipation de la femme tunisienne et de l’abolition de la polygamie dans le monde arabo-musulman. Mis au ban de la société , Tahar Haddad , véritable réformateur social et restaurateur religieux, ancien étudiant d’Ez-Zitouna , qui avait alors vendu une propriété familiale pour publier son ouvrage-clé, devenu « l’ennemi » de la nation encore très largement conservatrice et rétrograde ,  accusé d’hérésie par les cheikhs d’Ez-Zitouna, « qui ont lâché leurs chiens enragés sur lui » , meurt de maladie, dans la misère , en 1935.

 

L’Auteure : Née en 1978 à Sousse (Tunisie).Agrégée d’arabe, Docteure en linguistique , enseignante universitaire. Auteur de plusieurs essais et romans. Ce roman (finaliste de l’Arab Booker Prize et prix Comar d’Or en Tunisie, en 2021) est son deuxième, mais le premier à être traduit (par Souad Labbize) en français

Table : Note de la traductrice/ Prologue/ XI chapitres

Photographie de couverture : Porte, Médina de Tunis

Extraits : « L’époque de ton aïeul ne tolérait pas qu’une femme sorte à visage découvert, c’était impudique, alors que, dans les campagnes, les femmes sortaient déjà tête nue. C’est Bourguiba qui a apporté l’indépendance et l’égalité dans le dévoilement entre Bédouines et

citadines » (p 29),  « Faisons taire les réactionnaires, qu’ils ne nous perturbent pas avec leurs voix haineuses criant à travers ces linceuls élimés dont nous voulons sortir vivants parmi les vivants, alors qu’eux entendent les conserver et se promener comme des morts parmi les vivants ! » (p122), « La seule arme en notre possession pour lutter en faveur des femmes, c’est précisement la religion.En restant attachés à l’interprétation générée par nos coutumes et notre tendance à la discrimination, nous avons jusqu’à présent falsifié sa véritable essence, son sens profond, et nous nous en sommes moqués dans nos vies comme dans nos actes » (p128), « Est-ce que la poésie peut être prêtée ? C’est une excellente idée du point de vue économique.....Cela résoudrait la crise bancaire mondiale. Le client demanderait un prêt de cinquante mille francs et la banque lui remettrait cinq poèmes  dont il pourrait disposer à sa guise » (pp 428-429)

 

Avis : « Un roman polyphonique (note : écriture à plusieurs  voix) palpitant et plein d’humour ? ». C’est bien vrai.Faut-il seulement dire que la lecture est assez difficile....pour le lecteur francophone peu habitué à une telle accumulation de récits croisés et de détails, certains bien inutiles, alourdissant ainsi l’ouvrage. De l’histoire à travers du vécu de familles petites bourgeoises , avec ses côtés flamboyants et/ou sordides

Citations : « La bonne qui cherche le réconfort dans le marbre de la maison du maître ressemble à une vache qui attend la douceur d’un couteau aiguisé » (p 34), « La queue du chien restera toujours tordue, même longtemps ajustée dans un moule » (p67), « L’important est de ne pas laisser s’éteindre la flamme de la résistance.Tout ajout dans le poêle nourrit la braise » (p 161), « Le sentiment

 amoureux ressemble à l’eau :il n’a pas de couleur et coule de manière implacable.Il trace son propre cours où bon lui semble.Toutefois, il a souvent un goût et une odeur.Il sent le vent de la tromperie, qui se lève sans prévenir quand on s’y attend le moins » (p204), « L’âme tend naturellement vers qui la caresse » (p 221), « Ce qui est prévu par le destin doit arriver et ce qui est inscrit sur le front sera lu par les yeux » (p 233), « Le regret a une odeur qui trahit, quoi que l’on fasse par orgueil pour taire un secret » (p321),