SANTE- MALADIES-TROUBLES DU SOMMEIL
Les troubles du sommeil restent
sous-diagnostiqués et mal compris, avec des conséquences graves sur la santé et
la société. Tels sont les principaux messages délivrés le 29 avril 2025 par le Pr Smail Daoudi,
chef de service neurologie au CHU Tizi Ouzou lors de la 11e session du Beker Media training organisé à Alger. Le thème central
porte sur «Les pathologies du sommeil :
décrypter, informer, sensibiliser». Nous avons vu des enfants catalogués comme
paresseux, des étudiants jugés manquant de motivations, des adultes qualifiés
de déprimés, alors qu’en réalité, ils souffrent de troubles du sommeil non
diagnostiqués.
Il en ressort, entre autres, que le
sommeil est une équation biologique complexe, régie par deux mécanismes :
l’horloge interne (rythme circadien) qui régule l’alternance veille-sommeil via
la mélatonine, l’hormone du sommeil et les synchronisateurs externes telles que
la lumière (surtout la lumière bleue des écrans), la température ambiante,
l’activité physique et les repas.
Chaque soir, des millions de personnes
s’endorment avec leur smartphone à la main, inconscientes du danger. La lumière
bleue émise par nos écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs) agit comme une
véritable «bombe à retardement» pour notre sommeil.
Elle envoie à notre cerveau le signal qu’il fait jour et notre horloge
biologique se dérègle complètement.
Trois conséquences immédiates à ce
comportement : temps d’endormissement allongé (parfois +1h), sommeil moins
profond et moins réparateur et réveils nocturnes plus fréquents. A l'ère du
tout-numérique, préserver son sommeil devient un acte militant. «En modifiant quelques habitudes le soir, nous pouvons
retrouver des nuits réparatrices et une énergie durable», conseille
l’intervenant.
Il faut savoir que près de 20% de la
population souffre de troubles du sommeil, souvent ignorés ou confondus avec
d’autres problèmes. L’insomnie est le trouble le plus connu : 30 à 35% des
adultes en font l’expérience ponctuelle.
Il y a aussi l’hypersomnie, moins connue
mais tout aussi grave, elle se manifeste par une somnolence excessive durant la
journée, malgré des nuits longues et des endormissements involontaires (au
travail, en conduisant, etc.). L’impact sociétal est énorme. La somnolence
au volant est une cause majeure d’accidents mortels en plus des difficultés de
concentration, absentéisme et erreurs professionnelles.
Les recherches récentes révèlent que le
sommeil joue un rôle clé dans la prévention des maladies. En effet, durant le
sommeil, le système glymphatique (équivalent du système lymphatique du cerveau)
élimine les déchets comme les protéines toxiques liées à Alzheimer ou
Parkinson. Un mauvais sommeil favorise l’obésité, le diabète et l’hypertension.
Face à cette réalité, il est urgent d’agir. Urgent de sensibiliser,
d’éduquer et de former les professionnels à mieux détecter ces troubles.