SOCIETE- PRATIQUES- RÉMOULEUR
© Souha Bahamid/Horizons, 2 juin 2025
Une tradition ancestrale à l’approche de
l’Aid El Adha, les saisonniers
refont surface. Parmi eux, figurent les aiguiseurs de couteaux. Ces artisans
redonnent vie aux anciennes lames souvent usées, indispensables lors du
sacrifice du mouton. P artout des familles s’affairent
pour être fins prêtes à l’occasion de l’Aïd El Adha.
Tous les ustensiles et autres moyens utilisés dans l’opération de sacrifice
refont surface, notamment les couteaux et les haches de coupe. Les aiguiseurs
sont à l’affût de toute sollicitation. Bien que discrets tout au long de
l’année, ils deviennent incontournables à quelques jours de cette fête. En
effet, pour se préparer au mieux à ce rituel religieux, on court vers ces
rémouleurs. Chacun attend son tour au vu du nombre de couteaux en attente d’être
aiguisés. En quelques minutes, la lame
retrouve son tranchant et est prête à être utilisée pour d’couper la viande
dans les règles de l’art.
Traditionnellement liés à l’Aïd El Adha, ces
aiguiseurs sont de véritables acteurs de la fête. «C’est
un savoir-faire qui se transmet de
génération en génération», confie Mohamed, 52 ans, qui exerce ce métier
depuis de longues années. «L'Aïd, c’est notre saison,
on travaille sans relâche, les clients viennent avec leurs couteaux, leurs
hachoirs et même des ciseaux. C’est une tradition qui ne disparaît pas», ajoute-t-il. Malgré la modernisation des équipements
de cuisine, le recours à ces artisans reste bien ancré. «Un
bon couteau, ça s’aiguise à la main», souligne un client venu préparer son
matériel. Car au-delà de l’aspect pratique, faire appel à un aiguiseur de rue,
c’est aussi renouer avec un geste ancestral, un savoirfaire
artisanal qui traverse les générations.
Les tarifs restent les mêmes que les années précédentes, entre 150 et
200 DA pour le petit couteau et jusqu’à 500 DA et plus pour le grand, utilisé
pour l’égorgement du mouton. Dans une ambiance conviviale, jeunes et moins
jeunes se transforment, le temps de l’événement, en spécialistes de l’Aïd El-Adha. Chacun trouve une activité en lien avec la fête et en
profite pour faire de bonnes affaires. Car pour beaucoup de jeunes, cette
période est aussi une opportunité de se faire un peu d’argent. Aiguiser des couteaux, aider à transporter
les moutons, vendre du foin, des petits jobs saisonniers qui leur permettent
d’arrondir les fins de mois tout en participant à l’ambiance de la fête. Yanis,
22 ans, étudiant en langue étrangère, partage son expérience. «Chaque année, pendant l’Aïd, je me transforme en aiguiseur,
le temps de quelques jours. Avec un ami, je fais sortir la petite meule de mon
grand-père que l’on installe au coin de la rue»,
explique-t-il. Pour l’étudiant, ce métier lui est familier. «J’ai
souvent vu mon grand-père le faire, ça fait du bruit mais on s’y applique pour
aiguiser avec précision», ajoute-t-il. Audelà du gain
d’argent, il souligne que c'est aussi une occasion pour discuter avec les Les indispensables outils pour le sacrifice clients,
échanger des conseils. «C’est un petit job saisonnier,
mais je suis fier de rendre service et de contribuer à l’esprit de partage et
l’ambiance de l’Aïd.»