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Roman Meryem Belkaid- "Ecris et je viendrai"

Date de création: 30-05-2025 18:58
Dernière mise à jour: 30-05-2025 18:58
Lu: 16 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MERYEM BELKAID- «  ÉCRIS ET JE VIENDRAI »

 

Écris et je viendrai. Roman de Meryem Belkaïd. Casbah Editions, Alger 2024, 175 pages, 1 000 dinars.

 

Une histoire toute simple, presque banale. C’est l’histoire d’un amour entre deux jeunes gens des années 90 qui, fréquentant le même lycée algérois, sont profondément amoureux l’une de l’autre -  coup de foudre ou coup de cœur, comme il vous plaira -  mais n’osent exprimer leurs sentiments. Une bonne éducation, une société bardée de pesanteurs conservatrices,et une  vie petite-bourgeoise ne souhaitant pas trop bouleverser son quotidien, ce n’est pas rien .De plus , on se retrouve dans la lourde ambiance du terrorisme islamiste qui s’était mis à assassiner tout ce qui pensait, tous ceux qui résistaient.

Donc Ali , fils de psy’ (qui sera assassiné dans la cage de son immeuble) et Leïla (fille unique d’enseignants et orpheline de mère ) s’aiment, sans le dire,  mais se retrouvent séparés  , étudiants , l’un en France et l’autre , après le lycée Molière à Paris et la Sorbonne, ira s’installer aux États-Unis. Mais, ses recherches en Histoire la ramènent vers le pays natal, aux Etats-Unis......chacun vivant , bien  sûr, de son côté et à sa manière. Librement....mais toujours attachés au pays, à la famille, à leurs sentiments premiers. Ils restent prisonniers  de leur mutisme, de l’incompréhension et bien que  l’exil ne soit pas et ne sera pas leur tombeau, on aura un grand amour inachevé. Les circonstances finiront par séparer les 2 jeunes qui resteront fidèles l’un à l’autre, au-delà du silence et des mots.

Ils se retrouveront un jour, laissant leurs sentiments et leur corps exulter....mais l’appel de la liberté les laisse .....séparés. Sacrés Algériens !À l'image d’une décennie qui a brisé bien des élans de toute une jeunesse, alors si prometteuse. Pour emprunter à un confrère, c’est là toute l’histoire d’ « une adolescence qui s’arrête, un amour naissant qui peine à trouver ses mots et un pays qui se fige. Et aussi, et surtout, la difficulté pour les femmes et les hommes de se relever d’un traumatisme aussi bien national que familial et individuel pour se reconstituer et avancer. Un traumatisme monumental soldé dans un silence amnésique, sans leçon tirée pour la collectivité, sans leçon pour l’avenir, avec la peur paralysante d’y retomber ».

 

 

L’Auteure :Née en Algérie en 1977 et y  a grandi. Vit et enseigne les études francophones aux Etats-Unis (Université Bowdoin Collège) depuis 2013. Premier roman.Photo de couverture : Nasser Medjkane.

Extraits : « Il faisait trop français.Un privilégié, coupé des réalités du pays, probablement incapable d’interagir avec les gens et de la protéger si nécessaire » (p15), « Leïla avait été très surprise lorsqu’elle avait , quelques années plus tard, découvert qu’il était végétarien.Ce n’était pas un truc d’Algérien ça , de ne pas manger de viande.Encore moins un truc d’homme » (p 41), « Il ne pensait

 pas qu’il était possible de s’oublier totalement en faisant l’amour.De se donner complètement » ( p 159), « Les New Yorkais ne leur demandaient pas systématiquement d’où ils viennent.Certains n’avaient que faire de leurs origines, dans cette ville aux mille visages et aux mille accents » (p 162).

 

Avis : Un roman plutôt rose.....avec des taches rouges liées à la décennie noire.En fait, une sorte de récit, mélange de confessions intimes et de description d’une réalité traumatisante .Beaucoup trop de morts et de fantômes, ce qui en fait un roman quelque peu tristounet. Pour emprunter à un confrère, tout le livre est empreint de cette douce mélancolie qu’on retrouve chez Malek Haddad dont un vers est placé en exergue. Lecteurs quinquagénaires ou un peu plus , ne ratez pas ce livre.....pour vous re-souvenir de l’atmosphère de l’époque...et pour enfin guérir ....et pour les « un peu moins », pour savoir.

Citations « C’est étrange les désirs d’un adolescent.Ça surgit à des moments inattendus » (p 26), « Il savait écouter et parler aux autres, le psychiatre.Le guérisseur des âmes tourmentées et des esprits fêlés » (p 50) , « Le mépris est difficile à quantifier pour une historienne » (p 148)