© El Watan, 25 mai 2025
C’est un retour au
premier plan qui n’est pas passé inaperçu dans les cercles sécuritaires
algériens. Hier, le général d’armée Saïd Chanegriha,
ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale et chef d’état-major
de l’Armée nationale populaire (ANP), a présidé, le samedi 24 mai 2025, la cérémonie
d’installation officielle du général Abdelkader Aït Ouarabi
à la tête de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), en
remplacement du général Haddad Abdelkader. La cérémonie s’est déroulée au siège
de la DGSI, sous l’autorité du président de la République, chef suprême des
Forces armées, Abdelmadjid Tebboune.
La nomination du Général Aït Ourabi, plus connu sous le nom de
«Général Hassan », marque le retour d’un officier supérieur dont le
parcours a été indissociable des grandes étapes de la lutte antiterroriste en
Algérie. Né au début des années 1950, Abdelkader Aït Ouarabi
intègre les Forces navales algériennes en 1963. Proche du général Mohamed Mediène, dit «Toufik », il dirige
de 2006 à 2013 le Service de coordination opérationnelle et du renseignement
antiterroriste (Scorat), un organe clé dans la lutte
contre les groupes armés islamistes.
Il s’est illustré par son efficacité et
sa discrétion dans la traque des groupes armés durant la
«décennie noire» et même au-delà. Son expérience de terrain, sa
connaissance fine des réseaux terroristes et sa capacité à coordonner des
opérations complexes ont fait de lui une figure respectée au sein de l’appareil
sécuritaire. Il a notamment été l’un des architectes de l’approche
multidimensionnelle qui a permis à l’Algérie de démanteler la plupart des
cellules terroristes opérant sur le territoire national.
Le
héros deTiguentourine
Le nom du général Aït Ouarabi reste étroitement associé à l’opération
spectaculaire menée en janvier 2013 contre le groupe terroriste ayant pris en
otage le complexe gazier de Tiguentourine, près d’In
Amenas, dans le Sud-Est algérien. A la tête des forces spéciales déployées sur
place, il a piloté une intervention d’une rare complexité, permettant la
neutralisation des terroristes et la libération de la majorité des otages,
malgré un contexte explosif et la présence de ressortissants étrangers. Cette
opération, saluée à l’international pour son efficacité et sa rapidité, a
renforcé la réputation du général Aït Ouarabi comme
l’un des meilleurs experts de la lutte antiterroriste en Afrique du Nord.
Elle a également mis en lumière la
capacité de l’Algérie à gérer seule des crises majeures, sans intervention
étrangère directe, et à préserver la souveraineté nationale dans des situations
extrêmes. Malgré ce parcours exemplaire, le général Aït Ouarabi
a connu une éclipse brutale de la scène sécuritaire.
En 2015, dans le contexte de la
restructuration profonde du DRS et de la montée en puissance du défunt chef
d’état-major Ahmed Gaïd Salah, il est arrêté,
poursuivi, puis incarcéré. Ce procès, largement perçu comme politique, a
suscité l’émoi dans les rangs de l’armée et de nombreux observateurs, qui voyaient
en lui un professionnel loyal, victime de règlements de comptes internes du
temps de la «îssaba».
Après plusieurs années de détention, le
général Aït Ouarabi a été réhabilité, bénéficiant
d’un non-lieu puis d’une réintégration progressive dans les cercles
sécuritaires. Sa nomination à la tête de la DGSI est interprétée comme une
reconnaissance de son expertise et un signal fort de la volonté des autorités
de s’appuyer sur les compétences éprouvées pour faire face aux défis sécuritaires
contemporains.