HISTOIRE- PERSONNALITÉS- LES SŒURS BEDJ
Les soeurs Bedj, deux jeunes filles, Messaouda, dite Meriem et Fatma, dite Lalia.. Natives d'Orléansville, aujourd’hui Chlef, les deux sœurs ont été
élevées au sein d'une famille originaire de Laghouat.
Leur
conduite était appréciée de tous. Messaouda, l'aînée
des deux sœurs (née le 7 mai 1933) .Sa famille
l’inscrit à l’école de filles de la ville, ce qui était assez rare à l’époque.
Studieuse, elle passe sa 6e et se retrouve, en 1945, à l’âge de 12 ans, au
lycée où elle apprend les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. A partir de cette date, la jeune Messaouda n’est plus la même et cela a des répercussions
sur ses résultats scolaires. Elle continue néanmoins ses études jusqu’en classe
de terminale en 1953. Engagée dans le mouvement des Scouts musulmans algériens
(SMA), dirigés par M. Tedjini et présidés par
Mustapha Lachraf. Elle est marquée par la situation
délétère que vit le peuple algérien. Durant l’été de cette année 1953, en
rendant visite à plusieurs reprises à une parente hospitalisée, elle côtoie les
infirmières et apprécie leurs valeurs professionnelles : sa vocation est née,
elle veut devenir infirmière. Avec l’accord de ses parents, elle s’inscrit à
l’école paramédicale d’Alger en qualité d’interne à l’hôpital de la Croix-Rouge
(actuel hôpital de neurologie). En 1956 elle prend le maquis après l'appel du
FLN à la grève des étudiants. Elle rejoint les rangs de l'ALN dans la zone 1 de
la wilaya 4 où était acheminée la majeure partie des étudiants grévistes qui
avaient opté pour la lutte armée. Elle a traversé les monts de Blida, puis le
Zaccar pour se fixer dans le Dahra dans le Djbel
Bissa en automne 1956. Elle était la principale animatrice du 1er service de
santé organisé par le Dr Harmouche "Si Said" aidé par Youcef Khatib "Si Hassan",
plus tard colonel de l'ALN. Elle prendra en charge le 1er centre de santé de la
wilaya IV, érigé à Tamezguida. Son dévouement et sa
compétence lui vaudront les félicitations du commandant de la wilaya IV, Si Sadek (Slimane Dehiles) qui la
chargera de la création d’un autre centre de santé dans le maquis de Bouzegza où elle soignera de nombreux moudjahidine.
Toujours avec Si Hassan, elle installera plusieurs centres de santé dans cette
wilaya IV (Adaouia, Bissa dans la région de Ténès,
mont du Zaccar, etc.)
Courageuse,
dynamique, elle n'a jamais failli a
sa tâche. Dans le Dahra, elle a laissé le souvenir d'une combattante qui honore
la femme Algérienne.
C'est là
qu'en 1958, elle tomba au champ d'honneur. Après plusieurs années passées au
chevet des des blessés, elle est proposée par le
commandement de la wilaya IV pour poursuivre des études en médecine à
l’étranger dans les pays amis de l’Algérie. Avec d’autres bénéficiaires de
cette formation. Elle doit faire le trajet à pied à travers les montagnes pour
atteindre la frontière où elle devait rejoindre le pays formateur.
Tout à
coup, une embuscade tendue par l’armée française dans le Sersou
bloquera la progression du groupe et malgré la riposte, l’unité de l'ALN est
submergée. Messaouda meurt les armes à la main.. Elle a tout abandonné, le confort dans lequel elle
vivait, ses études alors qu'elle allait avoir son diplôme de sage femme à Alger.
Messaouda était
la première femme à Orleanville a rejoindre la maquis. Elle a tout sacrifié pour
l'honneur. Elle a choisi la mort pour l'amour et la liberté de son pays.
Quant à
sa sœur Fatima, dite Lalia (née le 6 octobre 1935),
la cadette de deux ans, était petite, menue, et sensible, contrairement à sa
sœur aînée. Mais derrière cette douceur et cette candeur se cachait une jeune fille
dotée d’une forte personnalité, ce qui était un atout pour elle, lorsqu’à l’âge
de 22 ans, elle a dû convaincre ses parents de rejoindre les rangs de l’ALN.
Ces derniers, eux aussi acquis à la cause révolutionnaire, n’hésitèrent pas à
donner leur bénédiction à leur fille. Celle-ci rejoint alors le maquis le 8 mai
1957. Diplômée en secourisme, Fatima apportera une aide considérable aux
moudjahidine. Elle soignera les blessés au front ainsi que les populations des
douars dont elle sera partie intégrante.
En 1958,
alors que sa sœur aînée vient de mourir en martyre, Fatima n’en saura rien, du
moins pas au moment des faits. Elle apprendra la nouvelle plus tard et aura
cette réponse courageuse : «C’est le chemin que nous
avons choisi.» Après trois années au maquis, Fatima tombera, à son tour, au
champ d’honneur en 1960.
L'hôpital
de Chlef porte aujourd'hui leur noms, « Hôpital
les sœurs Bedj ».