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Karakou (Vêtement)

Date de création: 20-05-2025 19:13
Dernière mise à jour: 20-05-2025 19:13
Lu: 17 fois


SOCIETE- PRATIQUES- KARAKOU (VÊTEMENT)

Entre les mains des créateurs de haute couture algériens, il est protégé, revisité, tout en gardant son âme. Parmi ces créateurs, se distingue Dar Azzi, maison de haute couture et de broderie fondée en 1965 par Mohamed Lakhdar Azzi. Son savoir-faire s’est transmis de père en fils pour s’affirmer comme une référence dans le domaine. Son fils Fouad perpétue aujourd’hui cette tradition. Il explique que le karakou trouve son origine chez nous en Algérie. Il a été mis en valeur durant l’époque ottomane, et a été porté par les Algériennes. «Je me suis rendu en Turquie pour mener mes propres recherches. Une historienne spécialisée dans la période ottomane m’a confirmé que le karakou remonte à la période ottomane», précise-t-il.  Apparu au XIXe siècle, il est riche d’influences diverses. Né à la fin de la période de l’empire ottoman, le karakou fut également influencé par l’apport berbéro-andalous. Le styliste évoque d'autres pièces emblématiques du patrimoine vestimentaire algérien, telles que la frimla, la ghlila ou encore la sedriya. Pour lui, à l’origine,  ces costumes étaient confectionnés pour soutenir le corps féminin. «Sedriya était portée sous le karakou et avait éventuellement un autre rôle avec des manches comme un boléro et un décolleté profond pour préserver l’élégance du costume gandoura ou karakou», ajoute-t-il. Avec le temps, ces habits ont évolué pour devenir des tenues traditionnelles, portées notamment sur le badroun m’douar. La ghlila, originaire de Constantine, et la frimla, propre à l’Algérois, remontent, quant à elles, au XVIe siècle. Ce gilet décolleté, avec ou sans manches, était autrefois la tenue citadine par excellence. En se raccourcissant, il a donné naissance à la frimla et en s’allongeant jusqu’aux chevilles, il est devenu le kaftan algérien. Autrefois, ces tenues étaient portées avec dignité. Les orientalistes en ont d’ailleurs immortalisé l’élégance dans leurs tableaux. Dans des patios, les femmes et les fillettes, vêtues de ghlila brodée, prenaient paisiblement leur café, en incarnant la grâce quotidienne d’un art de vivre raffiné. En revenant sur l’histoire et la richesse du  karakou, le créateur le décrit comme une pièce délicate, confectionnée à l’origine sur du mlef, un tissu précieux, orné de perles et brodé avec le motif des feuilles de zarkasha. Ce motif floral, réalisé en fil d’or ou d’argent, était utilisé par les Andalous avant la chute de Grenade pour orner les vêtements de l’aristocratie. À Alger, on les appelle «el noujoum», tandis qu’à Tlemcen, Constantine et même en Tunisie, ces motifs sont connus sous le nom de «l’addes». Cependant, ces matières nobles et fragiles ne permettaient pas à ces habits d’être portés longtemps. «Aujourd’hui, pour garantir leur durabilité, nous utilisons par exemple du velours, une matière résistante, que nous ornons avec les broderies fetla et medjboud», explique le designer. Il ajoute que pour moderniser ces costumes, les stylistes jouent désormais sur les coupes, tout en veillant à préserver la décence et l’élégance qui caractérisent ce vêtement traditionnel. S’agissant des motifs, Azzi indique qu’ils restent variés, allant du floral à des touches géométriques ou animalières, limitées à des symboles légers comme le papillon ou l’oiseau figé. «La fetla reste la matière la plus noble. Le medjboud, quant à lui, était autrefois réservé aux hommes, on le retrouve dans la fantasia, sur les bottes, la selle et le burnous, comme celui porté par l’Émir Abdelkader»,  précise-t-il. Dans les ateliers Azzi, la confection d’un karakou nécessite environ 200 heures de travail, réparties sur deux mois. Selon le spécialiste, autrefois, les matériaux utilisés (alliages d’or et d’argent) rendaient ces pièces extrêmement coûteuses et étaient réservées aux classes royales. «Si l’on utilisait encore ces matières aujourd’hui, les tenues risquent d’être perdues», note-t-il.  C’est pourquoi les stylistes actuels optent pour des matériaux plus accessibles afin de permettre aux familles de s’offrir et de porter ces vêtements, tout en maintenant une certaine noblesse. Pour le moderniser, chaque créateur apporte sa touche personnelle, sur les formes, les finitions et les détails.  La Maison Azzi, quant à elle, défend ce patrimoine sur la scène internationale. Prochainement, ses créations seront exposées au Japon et en Italie, où le karakou promet de séduire un public curieux de découvrir la finesse et la beauté d’un habit emblématique, toujours porté à travers tout le territoire algérien.  Enfin, le créateur lance un appel pour la protection de cet héritage culturel. «Nous travaillons à faire classer le karakou au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce serait un pas essentiel pour assurer sa sauvegarde et sa transmission aux générations futures mais surtout sa protection Le karakou reste un joyau parmi les nombreux trésors vestimentaires que recèle l’Algérie. Ce patrimoine, d’une richesse inestimable, mérite d’être préservé avec soin, chacun à sa manière, tel un héritage vivant que l’on transmet de cœur en cœur.