CULTURE- PERSONNALITES- FADELA M’RABET (ABADA)
Date de première création: 05-12-2021 19:07
Avant-dernière mise à jour: 05-12-2021 19:07
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Fadéla M'Rabet (née
Abada) naît en 1935 à Skikda (et décédée la 14 mai 2025 à l’âge de 90 ans, à
Paris) . Elle y vit dans une grande maison
abritant une vingtaine de personnes et plusieurs générations, notamment sa
grand-mère (Djedda) dont elle est proche. Ses parents appartiennent au
mouvement oulémiste, un mouvement culturel et
religieux lancé par le cheikh Ben Badis, un ami du père de Fadéla, dans les années 1920. Le mot d’ordre de ce
mouvement est : « L’Islam est notre religion, l’arabe est notre langue et
l’Algérie est notre pays ». Ce père est également le premier à envoyer ses
filles à l’école, bien qu’on y parle français. À l’école et dans la ville, les
relations sont tendues entre les communautés algérienne et française.
Elle poursuit des études supérieures à Strasbourg, et
devient docteur en biologie. En 1962, elle revient en Algérie devenue
indépendante. Elle y épouse Maurice Maschino,
militant français pour l’indépendance algérienne. Elle est elle-même une
militante FLN. Ils enseignent l’un et l’autre et animent de 1963 à 1967 des
émissions à la radio Alger Chaîne 3. La radio est alors, dans ce nouvel État,
un média de masse, plus accessible que la presse écrite et plus répandue que la
télévision : le nombre de postes de radio dans cette période est estimé à 1
million, soit un pour 12 habitants. Fadéla M'Rabet et Maurice Maschino animent
en particulier trois émissions : Le magazine de la jeunesse, Cinq minutes
d’histoire de l’Afrique et Des livres et des hommes.
C’est à l’occasion de la première de ces émissions
qu’elle reçoit des lettres et des appels au secours de jeunes femmes : « J’ai
tenté de donner la parole aux jeunes filles qui vivaient dans des conditions
lamentables. Elles étaient soumises au mariage forcé. Leurs parents n’avaient
jamais imaginé que leurs filles allaient mettre fin à leur vie ». Elle commence
à écrire pour souligner quelques aspects du sort qui est réservé aux femmes,
dans « un pays qui se dit socialiste ». Elle écrit un premier ouvrage pour en
témoigner, « La Femme algérienne » en 1965. Mais l'année 1965 est
marquée en Algérie par un coup d’État qui marque l’éviction du président Ahmed
Ben Bella au profit d’Houari Boumédiène. Le
nouveau régime se caractérise par une volonté d'unifier le pays et une mise
sous contrôle des médias qui doivent être au service de la « Révolution ». Deux
ans plus tard, en 1967, elle approfondit son propos dans un deuxième ouvrage,
« Les Algériennes ».
Elle cherche à souligner la
conditions des femmes, et remet en cause les privilèges des hommes.
Cette situation est la même, selon elle, au cœur du FLN puisque les anciennes
militantes ont été, après l'indépendance, écartées, face à des hommes se pliant
aux traditions. Elle explique que ces enjeux existent dans tous les groupes
politiques, et pas seulement chez les plus à droite. Les femmes sont « toujours
mineures ». Elle défend la mixité dès l'école maternelle, pour que les garçons
voient les filles « comme des humains ».
Elle doit interrompre ses émissions de radio, ne peut
plus proposer de reportages à la presse et est radiée de son poste d’enseignante.
« On disait que j’incitais à la débauche, dit-elle, alors que je soutenais
qu’on doit se libérer par la culture, par le travail, par l’instruction ».
Ces ouvrages ont parfois été critiqués par certains, qui y voyaient des femmes
décrites en permanence comme des victimes.
En 1971, son mari et elle partent s’installer en
France. Ils écrivent ensemble « L'Algérie des illusions . La
révolution confisquée », publiée en 1972. Pendant 10 ans, elle ne
peut retourner en Algérie, n’arrivant pas à renouveler son passeport. Elle
devient maître de conférences et praticienne au CHU Broussais Hôtel-Dieu à
Paris, tout en animant des conférences et en intervenant comme journaliste.
En 1984, quand le Code de la famille algérien est
révisé, elle dénonce des traditions qui ne changent pas : polygamie et hommes
favorisés dans le cas d'un divorce, garde de l'enfant et héritage.
Elle recommence à publier des ouvrages à partir de
2003. En 2003, elle est également invitée par la ministre Algérienne de la
culture, Khalida Toumi,
au Salon du livre d'Alger