SANTE- MALADE- PATHOLOGIES NEUROLOGIQUES ET VIEILLISSEMENT
COGNITIF
Les pathologies neurologiques liées au vieillissement
cognitif ont constitué l’axe central d’un double événement scientifique tenu vendredi
9 mai 2025 à l’hôtel El Aurassi d’Alger : le 4e
congrès national de la Société algérienne de neurologie et le 5e congrès de la
Ligue algérienne pour la prise en charge de l’épilepsie. L e
thème retenu cette année, «Les pathologies
neurologiques des personnes âgées», témoigne d’une prise de conscience
croissante face à l’impact du vieillissement démographique en Algérie. Selon
les projections de l’Office national des statistiques, les personnes âgées de 60
ans et plus représenteront 15% de la population à l’horizon 2035. Cette
mutation s’accompagne d’une augmentation notable des affections
neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. Intervenant en marge des travaux, la Pr Lamia
Ali Pacha, cheffe du service de neurologie au CHU Mustapha-Pacha et présidente
de la Société algérienne de neurologie, a souligné les spécificités du
vieillissement cérébral. «Le cerveau, comme tout
organe, vieillit. Mais il est souvent difficile de distinguer un vieillissement
normal d’un processus pathologique, surtout dans les formes précoces d’Alzheimer», a-t-elle expliqué. Parmi les principaux
facteurs de risque identifiés, elle signale la malnutrition, l’isolement social,
la dépression, l’anxiété, ou encore les conditions socio-économiques précaires.
À l’inverse, certains facteurs dits neuroprotecteurs contribuent, affirmet-elle, «à préserver les
fonctions cognitives». Il s’agit d’une
alimentation de type méditerranéen, riche en oméga-3, vitamines et
oligoéléments, une activité physique régulière, un bon sommeil, une vie sociale
active et la stimulation intellectuelle par la lecture, les jeux cognitifs ou
des activités manuelles comme la cuisine ou le jardinage. La scientifique a
également attiré l’attention sur la complexité de la prise en charge
neurologique des sujets âgés. Les
comorbidités – cardiovasculaires, métaboliques ou psychiatriques – rendent les
traitements délicats. « Certains médicaments doivent être évités en raison de
leur impact cognitif. Il faut une approche individualisée, basée sur une
évaluation globale du patient», a-t-elle insisté. De
son côté, la Pr Souhila Amalou,
cheffe de l’unité alzheimer au CHU Frantz-Fanon de
Blida, plaide pour une réponse systémique face à l’augmentation attendue des
cas de démence. «Une fois la perte d’autonomie
installée, le retour en arrière est impossible. Il faut agir en amont, en
identifiant les facteurs de risque et en intervenant dès les premiers signes», préconise-telle. Elle recommande la création de
centres d’accueil de jour spécialisés pour les personnes atteintes d’Alzheimer
et de troubles apparentés, afin de soulager les aidants. Elle a aussi insisté sur l’importance d’un
programme national de formation pour le personnel paramédical, capable
d’accompagner les patients à domicile, quelle que soit la phase de la maladie.
La spécialiste soutient en outre une approche intégrative, associant
traitements médicamenteux et interventions non pharmacologiques (ergothérapie,
musicothérapie, soutien psychologique), la mise en place de pôles de
consultation en neurologie du vieillissement, ainsi que l’adaptation des outils
diagnostiques au contexte culturel et linguistique local.