CULTURE- THÉÂTRE- ALLALOU (ALI
SELLALI)
-Allalou
est considéré comme le pionnier du théâtre algérien, avec sa célèbre pièce Djeha, présentée en 1926, marquant par ce fait la naissance
du quatrième art algérien, authentiquement nationaliste, interprété en arabe
dialectal et, surtout, porteur de message identitaire et de mobilisation contre
l’ordre colonial. L’histoire retiendra à jamais que c’est Ali Sellali, de son vrai nom, dit Allalou
dans le milieu artistique, né en 1902 à La Casbah d’Alger, qui a eu l’honneur
d'interpréter le premier spectacle 100% algérien, un certain 12 avril 1926 à l’exthéâtre Kursaal à Bab El-Oued, à Alger. Orphelin à un
jeune âge, il commence à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille,
d’abord comme laborantin dans une pharmacie, ensuite traminot dans la Société
des tramways algériens au début du XXe siècle. Passionné de scène depuis son
jeune âge, il commence, à partir de 1917, à animer des modestes spectacles,
sketchs et tours de chants fantaisistes, avant de songer à monter ses
spectacles, dont les textes traitent des sujets inspirés de la vie quotidienne
des Algériens et dans le langage usuel de la rue. Il va parfaire sa passion
musicale en s’initiant au solfège auprès d’Edmond Yafil,
qui lui apprend les rudiments de la musique et les techniques musicales,
notamment à partir de 1921, via l’association El-Moutribia.
Après des monologues et sketchs, Allalou a créé en
1925 la troupe théâtrale Zahia, avant de signer, une année plus tard, son
baptême de scène officiel à travers Djeha, première
pièce écrite en arabe algérien, présentée en compagnie de Brahim Dahmoun. Franc succès auprès de la population algéroise, le
spectacle se joue en deux dates à guichets fermés, confirmant l’approche
ingénieuse d’Allalou de s’adresser au public en «darijda» et marquant la rupture
avec le théâtre en arabe littéraire, grand échec à l’époque. Rachid Ksentini doit à Allalou sa
première apparition sur les planches en 1926, à travers Zouadj
Bou Akline. La collaboration des deux hommes se
poursuit avec des adaptations par Allalou des
séquences des Mille et une nuits, où Rachid Ksentini
obtient les premiers rôles. Allalou a collaboré
également avec un autre géant du théâtre algérien, Mahieddine
Bachtarzi, avec qui il signe plusieurs pièces à
succès, dont Antar lehchaichi en 1930, El khalifa wa essayed ou encore Hallaq Gharnata (le Barbier de Grenade), en 1931. En six ans de carrière
seulement, Allalou s’est fait un nom et a gratifié la
population algéroise de plusieurs spectacles, à l’exemple d’Abou Hassan el moughafal, en 1927, ou encore le Pêcheur et le génie, en
1928. L’artiste prend sa retraite de manière très prématurée, autrement dit en
1932, alors âgé à peine de 30 ans ! ne pouvant pas alors gagner sa vie dans le
milieu artistique. Il retourne à son métier de traminot, pour subvenir aux
besoins de sa famille. Il est décédé le 19 février 1992 à Alger. Précurseur
d’une pratique théâtrale authentiq u e m e n t
algérienne, la contribution d’ Allalou
a inspiré toutes les associations et partis politiques du début du XXe siècle à
la création de sections théâtrales, afin de sensibiliser le peuple algérien et
lui permettre de s’identifier dans son patrimoine culturel, transmis de façon
orale