COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- LIBERTE DE
LA PRESSE 2025/ CLASSEMENT RSF
« En Algérie (Note :
classée par Rsf 126è /sur 180......139ème en
2024) , la liberté de la presse est confrontée à de nombreuses lignes
rouges. Le simple fait d’évoquer la corruption et la répression des
manifestations peut valoir aux journalistes menaces et interpellations.
Paysage médiatique
Le paysage médiatique en Algérie n’a
jamais été aussi détérioré : les médias indépendants sont sous pression, les
journalistes sont régulièrement emprisonnés ou poursuivis, et plusieurs
sites Internet sont bloqués. Les médias les plus importants sont les
chaînes de télévision privées comme Ennahar
TV, Echorouk TV et El
Bilad TV, alors que les médias considérés comme
les plus sérieux et crédibles sont le quotidien El Watan pour
la presse écrite, et TSA et Interlignes pour
la presse en ligne.
Contexte politique
Le climat politique est très tendu,
notamment depuis l’élection du président Abdelmadjid Tebboune, en décembre
2019. Médias et journalistes subissent de nombreuses pressions, dont la
majorité sont exercées par la présidence de la République, les partis
politiques, les services de sécurité et les autorités locales. Il est très
difficile pour les reporters d’effectuer leur travail de manière libre et
indépendante alors que le pouvoir politique a une influence directe sur la
nomination et le licenciement des responsables des médias et des autorités de
régulation.
Cadre légal
Le cadre législatif est de plus en plus
contraignant. Si l‘article 54 de la Constitution garantit la liberté de la
presse, il encadre la diffusion d’informations et d’opinions qui doivent
respecter “les constantes et les valeurs religieuses et culturelles de la
nation”. Une réforme du Code pénal de 2020, criminalise de un à trois ans de prison la diffusion de “fausses
nouvelles” et de “discours haineux” visant à porter atteinte “à l’ordre et à la
sécurité nationale” ou à “la sûreté de l’État et à l’unité nationale”. Des
textes régulièrement utilisés pour condamner les journalistes. Dans ce
contexte, censure et autocensure sont très répandues. Un nouveau
Code de l’information de 2023 renforce l’encadrement du travail des
journalistes et introduit notamment de nouvelles sanctions et une interdiction
aux médias algériens de bénéficier de tout financement ou aide matérielle
directe et indirecte étrangers sous peine de fortes amendes.
Contexte économique
Le secteur privé souffre depuis 2019, et
plusieurs médias et chaînes de télévision ont dû fermer, notamment car les
organes de presse sont privés de publicité. Par ailleurs, les subventions
d’État ne sont octroyées qu’aux médias publics ou aux médias privés proches du
régime.
Contexte socioculturel
L’environnement social et culturel des
journalistes diffère du nord au sud. Dans les villes de l’intérieur du pays,
les associations locales, le préfet et les groupes religieux ont un pouvoir
important et imposent la censure aux journalistes. Le conservatisme social et
religieux ont également un poids certain, et les
reporters ne peuvent pas aborder les sujets liés à la sexualité ou à la
religion.
Sécurité
Les menaces et intimidations auxquelles sont
confrontés les journalistes sont en constante augmentation, et il n’existe
aucun mécanisme de protection. Les reporters critiques des autorités peuvent
subir des détentions arbitraires, font l’objet d’une surveillance et sont
placés sur écoute. Les journalistes indépendants ou proches du Hirak, le mouvement de contestation populaire lancé en
février 2019, peuvent être la cible de menaces en ligne et de campagnes de
haine lancées par des “mouches électroniques” (“doubab”),
des comptes anonymes proches du pouvoir. »