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Médias publics occidentaux 2025/Etude (II/II)

Date de création: 25-04-2025 17:19
Dernière mise à jour: 25-04-2025 17:19
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COMMUNICATION- ETRANGER- MÉDIAS PUBLICS OCCIDENTAUX 2025/ÉTUDE (II/II)

 

©https://www.swissinfo.ch/ Katy Romy,  22 avril 2025

 

Les médias publics internationaux en péril dans les démocraties

Une utilité questionnée

Selon Tristan Mattelart, c’est avant tout la rigueur budgétaire qui pèse sur les médias publics internationaux des pays occidentaux depuis plusieurs décennies. Il relève qu’aux États-Unis, « Voice of America » ou « Radio Free Europe » ont dû réaliser des économies dès la fin de la Guerre froide. «Le choc des attentats du 11 septembre 2001 avait toutefois permis de financer de nouveaux médias à destination du monde arabe», ajoute le professeur en communication internationale.

Au-delà des questions de finances, c’est aussi l’utilité de ces plateformes qui est remise en question. «Au cours du 20e siècle, elles ont été considérées comme d’importants instruments de soft power par les États, en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide», souligne Andrew Robotham, chercheur et enseignant à l’Académie du journalisme et des médias à Neuchâtel. 

 « Radio Free Asia » (RFA) a annoncé l’interruption de ses programmes sur ondes courtes pour ses services en mandarin, tibétain et laotien, après la décision de Donald Trump de couper les subventions à l’Agence américaine pour les médias mondiaux. 

La plupart des services internationaux d’information ont vu le jour dans les années 1930, sous la forme de stations de radio qui émettaient en ondes courtes. À l’époque, l’onde courte (l’appellation est trompeuse) était la seule technologie qui permettait d’émettre à l’autre bout du monde.

Par exemple, le « Service suisse des ondes courtes » ou le « SOC » (devenu par la suite « Radio suisse internationale », puis « swissinfo.ch ») a été créé en 1938. L’idée était de répondre à la propagande de l’Allemagne nazie ou de l’Italie fasciste, comme le relate l’historienne Raphaëlle Ruppen Coutaz dans son livre «La voix de la Suisse à l’étranger».

La Suisse ne participant pas au conflit, les informations du SOC étaient très suivies. «Il a gagné le respect international pour ses reportages neutres et est devenu une rare ‘voix libre’ dans une Europe dominée par des régimes autoritaires», explique Colin Porlezza.

Les États misent sur d’autres canaux

Aux yeux d’Andrew Robotham, l’âge d’or de ces services d’information internationaux est cependant terminé. Il observe que les gouvernements privilégient aujourd’hui d’autres canaux pour faire entendre leur voix à l’étranger. «Les États utilisent davantage les réseaux sociaux ou la communication institutionnelle. Ils peuvent ainsi se passer de journalistes qui coûtent cher et qui se montrent critiques», constate-t-il.

Si l’on prend l’exemple de la Suisse, la Confédération mise entre autres sur Présence Suisse.Lien externe pour promouvoir son image à l’étranger. «Du point de vue du gouvernement, ce type de communication a l’avantage d’être taillée sur mesure», commente Andrew Robotham.

Il souligne que le contexte est défavorable à ces plateformes d’information. «D’une part, le financement du service public en général est attaqué un peu partout. D’autre part, il règne un climat de défiance envers les médias traditionnels et les journalistes», observe-t-il.

Le chercheur de l’Université de Neuchâtel est inquiet quant à l’avenir des médias publics internationaux dans les démocraties occidentales. «Il est déjà difficile de maintenir le financement des médias de service public, je vois donc mal comment les services destinés à l’étranger vont survivre dans leur forme actuelle, malgré leur excellente qualité.» Cependant, Andrew Robotham garde une lueur d’espoir: «Peut-être que ce qui se passe aux États-Unis permettra un sursaut quant à l’importance du service public et des services internationaux.»

Tristan Mattelart se montre plus optimiste. «Ces médias démontrent leur utilité dans les périodes de vives tensions pour assurer un pluralisme médiatique dans certains contextes autoritaires.» À ses yeux, ils pourraient ainsi jouer un rôle important dans la guerre de l’information qui oppose les pays démocratiques aux régimes autoritaires. «Tant qu’il y aura des régimes autoritaires, leur mission demeurera», affirme-t-il.