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Médias publics occidentaux 2025/ Etude (I/II)

Date de création: 25-04-2025 17:16
Dernière mise à jour: 25-04-2025 17:20
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COMMUNICATION- ETRANGER- MÉDIAS PUBLICS OCCIDENTAUX 2025/ÉTUDE (I/II)

 

©https://www.swissinfo.ch/ Katy Romy,  22 avril 2025

 

Les médias publics internationaux en péril dans les démocraties

 

Alors que de plus en plus de pays occidentaux se désengagent de leurs médias publics internationaux, les régimes autoritaires les renforcent. Ces médias pourraient continuer à jouer un rôle dans la guerre de l’information, estiment certains experts.

 

La « Voix de l’Amérique » dans le monde pourrait devoir se taire. Mi-mars, le président américain Donald Trump a décidé de mettre fin au financement de l’Agence pour les médias internationauxLien externe, dont font partie « Voice of America », « Radio Free Europe » et   «       Radio Free Asia ».

Une bataille juridique a été lancée pour empêcher leur démantèlement, mais si elle échoue des millions de téléspectateurs, auditeurs et internautes se retrouveraient privés d’une source d’information fiable dans des pays où l’accès à l’information est limité.

«D’un point de vue géopolitique, il s’agit d’une énorme bêtise. Les États-Unis se privent ainsi d’un important outil d’influence pour la défense de la liberté d’expression», estime Tristan Mattelart, professeur en communication internationale à l’Université de Paris Panthéon-Assas. Il souligne que ces médias jouent un rôle essentiel dans des pays où l’information est contrôlée par des régimes autoritaires.

Le désinvestissement des pays occidentaux

Les services d’information internationaux ne sont pas uniquement sous pression aux États-Unis, mais également dans d’autres pays occidentaux. «Ces dernières années, plusieurs démocraties libérales ont reconsidéré ou réduit le financement des médias de service public, en particulier de ceux qui s’adressent à l’étranger», constate Colin Porlezza, directeur de l’Institut des médias et journalisme à l’Università della Svizzera italiana.

Le service international de la « BBC » au Royaume-Uni a par exemple subi de nombreuses coupes depuis une quinzaine d’années. Récemment, il a encore annoncé la suppression de 130 emplois. Lien externe dans le cadre d’un plan d’économie visant à réduire son budget de quelque 6 millions de livres sterling (6,5 millions de francs suisses). «Le BBC World Service subit une importante pression budgétaire, malgré son rôle historique de pierre angulaire du soft power britannique», commente Colin Porlezza.

 « BBC World Service » est l’un des diffuseurs de programmes radio les plus connus, émettant en 28 langues à travers le monde. 

En France également, les moyens alloués à l’audiovisuel extérieur ont diminué de plusieurs millions d’euros.Lien externe au cours des dernières années. «Les médias publics internationaux ont aussi été confrontés à des mesures d’austérité en Finlande, aux Pays-Bas, en Belgique et en Slovénie», énumère Colin Porlezza.

La Suisse n’est pas épargnée par cette tendance. Dans le cadre d’un plan d’économies actuellement à l’étude, le gouvernement veut supprimer sa contribution de 19 millions.Lien externe de francs à l’offre de la Société suisse de radiodiffusion et de télévision (SSR) destinée à l’étranger. Celle-ci comprend swissinfo.ch, le site en italien tvsvizzera.it, ainsi que la collaboration avec les chaînes de télévision internationales « TV5MONDE » et « 3sat ».

Dans le monde occidental, « Deutsche Welle » se distingue. Le gouvernement allemand a attribué 15 millions de francs supplémentairesLien externe à son service international de diffusion dans son budget 2025. «C’est une exception plutôt qu’une règle. Ailleurs, la pression politique augmente», analyse Colin Porlezza.

Les pays autoritaires renforcent leurs chaînes

Dans les pays autoritaires, en revanche, la tendance inverse est à l’œuvre. «Depuis le début des années 2000, la Russie, la Chine, mais aussi l’Iran renforcent leurs appareils de diffusion audiovisuels, notamment en Afrique et en Amérique latine», observe Tristan Mattelart.

Il cite notamment la création des chaînes de propagande russe « RT » et « Spoutnik », ainsi que la mise en place de chaînes de télévision internationales par la Chine, grâce à des investissements de plusieurs milliards de francs. «Il y a un contraste saisissant entre les difficiles négociations budgétaires auxquels doit faire face l’audiovisuel public international aux États-Unis et en Europe occidentale, et les importants financements dont bénéficient les médias d’État internationaux russes ou chinois», constate-t-il.

Mais selon Colin Porlezza, cet élargissement de leur empreinte médiatique internationale a «conduit à des formes d’accaparement des médias, où les médias publics internationaux ne fonctionnent pas de manière indépendante, mais sont contrôlés par des intérêts étatiques».