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Diabète (Complément 2025)

Date de création: 19-04-2025 19:30
Dernière mise à jour: 19-04-2025 19:30
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SANTE-MALADIE- DIABÈTE (COMPLÉMENT 2025)

 © El Watan/ Kamel Benelkadi, 19 avril 2025

Le diabète représente un véritable défi de santé publique en Algérie, tant par son ampleur que par les complications qu’il engendre. 

Cette maladie chronique, multifactorielle et non transmissible affecte de plus en plus la population algérienne. Son évolution, ses causes et ses conséquences méritent une attention particulière, d’autant plus dans un pays vaste et démographiquement en croissance rapide. Tels sont les principaux constats faits hier, lors d’une journée d’information dédiée aux journalistes (17 avril 2025), organisée par les laboratoires Sanofi.

Depuis l’indépendance, l’Algérie a connu une transition épidémiologique majeure. La population est passée d’environ 10 millions à plus de 45 millions, avec une espérance de vie ayant presque doublé (de 47 ans en 1962 à 78 ans actuellement). 

Ce vieillissement démographique s’accompagne d’un allongement de la durée de vie, ce qui a favorisé la prévalence de maladies chroniques, notamment le diabète. 

Selon l’Atlas 2025 de la Fédération internationale du diabète (IDF), l’Algérie compte près de 4 millions de diabétiques connus, mais on estime qu’un adulte diabétique sur deux n’est pas diagnostiqué. Le chiffre réel avoisinerait donc les 8 à 10 millions, un volume préoccupant pour les capacités du système de santé national. 

Selon le Pr Mimouni Zerguini Safia, du service d’endocrinologie et maladie métabolique (Centre Pierre et Marie Curie Alger), «la croissance rapide de l’urbanisation, l’adoption de modes de vie sédentaires et d’une alimentation riche en sucres et en graisses ont contribué à l’explosion des cas d’obésité, un des principaux facteurs de risque du diabète de type

 

Selon sa présentation, «plus de 55% des Algériens sont en surpoids ou obèses, avec une proportion encore plus marquée chez les femmes (63% contre 48% chez les hommes)». 

A cela s’ajoutent «l’inactivité physique, le tabagisme et le manque de campagnes de sensibilisation efficaces». 

Le diabète est aujourd’hui la deuxième affection chronique la plus fréquente en Algérie, après l’hypertension artérielle avec laquelle il est souvent associé : 70% des diabétiques sont également hypertendus. Cette double pathologie aggrave considérablement les risques de complications, notamment cardiovasculaires, rénales, oculaires et neurologiques. 

 

Les complications touchent aussi bien les petits vaisseaux (rétinopathie : 5%, neuropathie : 14,%, néphropathie : 8,9%) que les gros vaisseaux (cardiopathies dans 48% des cas, artériopathies périphériques dans 35%, AVC, insuffisance cardiaque, etc.). 

Environ 62,8% des atteintes rénales chroniques sont dues au diabète, entraînant une forte demande en dialyse. Malgré un système de santé offrant la gratuité des soins pour les malades chroniques, la couverture est inégale, concentrée principalement dans le nord du pays. Dans les régions du Sud et de l’intérieur, l’accès aux spécialistes reste limité.

Le diabète touche également les femmes enceintes, bien que la prévalence soit relativement faible dans la région MENA. Une étude menée à l’hôpital Mustapha a mis en lumière des facteurs de risque spécifiques chez les femmes algériennes : surpoids, antécédents de macrosomie, bas niveau socioéconomique, antécédents familiaux et multiparité. 

Une autre étude a révélé que 15,2% des femmes enceintes présentaient un diabète gestationnel, souvent accompagné de complications obstétricales graves, comme la césarienne (62%) et même le décès périnatal (10%). 

La lutte contre le diabète en Algérie nécessite une réponse globale et urgente, reposant sur la prévention, le dépistage précoce, l’éducation thérapeutique et la réorganisation du système de soins. De son côté, le Pr A. Tebainia, du service de médecine interne, clinique Arezki Kehal (EPH El Biar), université d’Alger 1, a tiré la sonnette d’alarme face à l’explosion des cas de diabète, qualifié de «bombe à retardement» pour le système de santé et la société. 

Entre sédentarité, alimentation déséquilibrée (aliments hyper caloriques) et vieillissement de la population, la maladie «touche désormais toutes les tranches d’âge, avec des conséquences sanitaires et économiques dramatiques». La qualité de vie va être altérée de manière importante. 

Aujourd’hui, près de 10% des Algériens de plus de 60 ans sont diabétiques, un chiffre qui pourrait grimper en l’absence de mesures urgentes. Mais la tendance la plus inquiétante concerne les jeunes : 2% des 18-29 ans sont déjà touchés, et des cas pédiatriques émergent, une première dans l’histoire du pays. «Le diabète de type 2, autrefois réservé aux adultes, se répand chez les enfants à cause de l’obésité et de la malbouffe», a-t-il souligné.  

Le diabète non contrôlé entraîne des complications dévastatrices : macrovasculaires (AVC, infarctus, artérite), principales causes de mortalité, et microvasculaires (cécité, insuffisance rénale, neuropathies). Le diabète est la première cause de dialyse en Algérie, avec des séances coûtant «excessivement cher» à la Sécurité sociale. «Une amputation a lieu toutes les 30 secondes dans le monde. 

En Algérie, chaque complication représente un drame humain et un fardeau économique», a insisté l’intervenant. Face à ce constat, les spécialistes appellent à une mobilisation nationale par un dépistage précoce du «prédiabète» et une campagne de sensibilisation ciblant les jeunes et les familles. «Prévenir coûte 100 fois moins cher que guérir. Agissons avant que les générations futures ne paient le prix fort», a-t-il plaidé. Lorsque la maladie est là, il faut éviter l’handicap.