CULTURE-
PERSONNALITÉS- ABDELHAMID BENACHENHOU (HISTORIEN, THÉOLOGIEN...)
Abdelhamid Benachenhou (Tlemcen 1907-1976), Historien, Théologien, Moudjahid: Un parcours riche et un engagement
©Extraits, Le Quotidien d’Oran/ Mourad Benachenhou, mardi 15 avril 2025

Mohammed, dit Abdelhamid Benachenhou,
dont le nom a été donné à l'Institut de Formation du personnel de l'Education,
sise à Oran, est né le 7 décembre 1907 dans la maison familiale située à Qorann el kebir. Son père,
Bouziane, est savetier et tient une petite échoppe prés
de la mosquée du quartier. Sa mère est Hasna Nedjar,
dite Nana.A l'époque l'administration coloniale avait
interdit l'usage du prénom «Abdelhamid,» qui faisait
référence au sultan ottoman Abdelhamid II, avec lequel l'Etat français était en
conflit. Donc la famille a inscrit le nom de Mohammed à l'état civil, pendant
qu'elle utilisait le nom de Abdelhamid pour l'appeler.A l'âge de 4 ans, Mohammed est inscrit à
l'école coranique attachée à la mosquée. A l'âge de 9 ans, il termine la
mémorisation des 60 hizib du Qoran.
Son oncle paternel Wassini insiste pour qu'il soit
inscrit à l'unique école «indigène pour garçons » de
Tlemcen à l'époque, «l'école Décieux, maintenant
appelée Ecole «El Abili,» du nom d'un grammairien
arabe célèbre. A l'époque les enfants «indigènes»
devaient être scolarisés pendant 7 années et recevoir un «certificat d'études
primaires indigène,» qui constituait, pratiquement, le plus haut niveau
scolaire auxquels ils pouvaient accéder. A 16 ans, Mohammed termine ses études
primaires. Comme il ne pouvait pas s'inscrire au collège de Slane,
réservé alors exclusivement aux enfants de colons européens, il trouve un
travail comme télégraphiste dans la poste d'un village colonial, appelé «el Bouni,» situé dans la la région d'Aïn Témouchent. Il
apprend à cette occasion le langage «morse.» Après une
année, il décide de trouver un moyen de continuer ses études. Comme il ne
pouvait pas réaliser son rêve en Algérie, il demande à ses parents de le
laisser partir étudier à l'université «Qarawiine,»
située à Fès au Maroc et fondée par une femme au Xème siècle. En 1930, Mohammed
reçoit le diplôme final des Qarawiine, appelé «idjaza» ou «licence.» Il doit
faire son service militaire dans l'armée coloniale et est affecté comme
interprète militaire dans un village de l'anti Atlas marocain, appelé «Outat el Hadj,» situé dans une
région berbérophone. Il y a apprend la langue «tamazight»
locale.A la fin de son service, il passe le concours
d'interprète, et est affecté dans le village de «Roumani,»
situé à une trentaine de kilomètres à l'est de la ville de Rabat.Il
est ensuite transféré à la direction des Affaires chérifiennes, dont les
bureaux étaient situés dans l'enceinte du palais du sultan du Maroc, alors sous
protectorat.
Il est également nommé professeur titulaire à l'Institut d'études supérieures
marocaines, où il enseigne le droit administratif en langue arabe, et l'arabe
moderne. Il s'intéresse à l'histoire du Maghreb, et publie plusieurs articles
dans la revue scientifique «Hespéris,»
revue publiée par l'Institut.Il est également très
actif parmi la communauté algérienne au Maroc, relativement faible, mais
essentiellement composée d'intellectuels, enseignants, médecins, pharmaciens,
interprètes, juges, avocats. En 1942, il crée, avec l'aide financière d'un
riche propriétaire terrien, Mohammed Khattab, la
Fédération des Algériens musulmans du Maroc, dont il est élu président en 1947,
poste qu'il abandonne en 1956 au profit du Dr Damerdji,
mort ensuite en chahid, et dont le nom a été donné à
l'ex rue de Paris à Tlemcen.A partir d'oût 1956,
Mohammed devient très actif dans le mouvement nationaliste marocain. Il aide à
la création et à l'armement de l'Armée de Libération marocaine, créée par le
Docteur Khatib, un Algérien originaire de Chlef.A
l'indépendance du Maroc, en mars 1956, Mohammed est nommé Directeur des
Affaires générales au ministère de l'Intérieur marocain, puis Secrétaire
général du même ministère.
Dans ces fonctions, il aide l'ALN et le FLN à s'implanter et développer un
réseau de relations avec le palais royal et la classe politique marocaine.De plus, il fait plusieurs missions secrètes à
Alger, comme agent de liaison entre les membres du Commandement de la lutte de
Libération installés au Maroc, et les membres du Comité de Coordination et
d'Exécution encore présents à Alger. (..................).En
1962, le roi du Maroc propose à Mohammed le poste de ministre de l'Intérieur,
et lui demande de renoncer à sa nationalité algérienne, ce qu'il refuse. Il
quitte le Maroc pour l'Algérie en 1964 et est nommé directeur du Journal
officiel algérien, poste qu'il détient jusqu'à son décès à Tlemcen le 31 août
1976. Il est enterré au cimetière de sidi Snouci.
Il a été membre de l'Association des Oulamas, qu'il a
rejoint en 1936. Il a collaboré aux publications de cette association, et a
écrit plusieurs articles dans la revue «El Bassair,» sous un pseudonyme, malheureusement oublié.
Il a fait partie de l'UDMA et était un ami personnel de Ferhat Abbas, qu'il a
accueilli à plusieurs reprises à Rabat, avant même le déclanchement de la lutte
de Libération nationale. Il a reçu «les Palmes
Académiques françaises,» qui ont récompensés ses travaux scientifiques, et le
«Wissam Alaouite marocain,» pour l'aide qu'il a fournie à la lutte du peuple
marocain pour son indépendance.Il a été membre du «
Haut Conseil Islamique,» et a présenté plusieurs communications dans ce cadre.
Il est l'auteur d'un livre en français sur l'Islam, parmi les 35 livres qu'il a
écrit, dont un en arabe sur l'histoire de Tlemcen, qu'il a terminé alors qu'il
était sur son lit de mort.Au
cours de sa carrière de chercheur et d'écrivain, il publie ses livres en
langues arabe et française, étant parfait bilingue. Il contribuait
régulièrement à la revue de l'ANP «El Djeich» et animait une émission d'histoire du Maghreb à la
Radio algérienne. Il a également enseigné l'arabe à l'Ecole nationale
d'Administration.
Plusieurs ouvrages dont : Léon l'Africain,Juba
II, Maghreb, histoire et société, Goethe et l'islam,L'État
algérien en 1830,