ECONOMIE- GOUVERNEMENT- RENCONTRE
AVEC CREA/ CONFÉRENCE/ INTERVENTION PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Dimanche 13 avril 2025 :
À son arrivée sur les lieux, le chef de l’Etat a été accueilli par le Premier
ministre, Nadir Larbaoui, et le président du Conseil
du Renouveau Economique Algérien (CREA) initiateur de cette rencontre sous
le slogan «2025, année de succès économique». «Cette rencontre cruciale sera instaurée comme
rendez-vous annuel à même d’assurer une meilleure prospective dans le domaine
économique et impulser une dynamique de croissance globale à la faveur des
grandes réformes mises en œuvre sur le terrain et qui se sont traduites par des
résultats probants», a affirmé, d’entrée, le président de la République dans
son discours prononcé à l’occasion. Rappelant le taux de croissance
de 4,1 % réalisé en 2023 et
de 3,9 % consacré en 2024, le chef de l’Etat s’est dit «fier de collaborer avec le CREA», notant que
l’économie algérienne pourrait se placer en tête du podium
des économies africaines, ou du moins occuper la deuxième
place dans les deux ans à venir. Dans cette optique,
le Président Tebboune a annoncé une série de décisions destinées à optimaliser
la compétitivité économique à travers un cadrage efficient pour une réalisation
rapide des investissements, dont le nombre enregistré au niveau de l’AAPI
avoisine les 14 000, d’une valeur de 6 000 milliards DA, une meilleure
régulation des exportations et des importations, une
protection réaffirmée du produit national et une lutte endurcie
contre la bureaucratie et la
corruption. A u t a n t de mesures ayant pour o b j e c t i f de hisser la position de l ’ A l g é r i e
parmi les pays émergents dès 2027 avec un PIB de 400 milliards
de dollars, a affirmé le chef de
l’Etat, rappelant qu’il s’agit-là de l’un de ses engagements
pour lesquels il a été réélu pour un second mandat. L’une des décisions
annoncées par M. Tebboune revêt un caractère historique, celle de la
dissolution, depuis hier, de l’Agence nationale de promotion du commerce
extérieur (Algex) créée en 2004. «Algex est désormais obsolète. Son délai a expiré et
vous ne la croiserez plus à l’avenir», a affirmé le
chef de l’Etat à l’adresse des opérateurs économiques qui se sont levés comme
un seul homme pour applaudir cette décision. L’une des étrangetés baroques d’Algex, a
poursuivi le président de la République, c’est d’aller à
contre-courant de la mission qui constitue sa raison
d’être, à savoir favoriser les importations sur fond de
surfacturation, comme ce fut le cas à l’ère de la «issaba», au détriment d’une réelle promotion des
exportations. Autre décision du président de la République,
son instruction faite au gouvernement de procéder à
la création de nouvelles structures avant la
fin mai prochain, l’une chargée des exportations et l’autre
de l’organisation des importations en
fonction des besoins du marché. En la matière, il a insisté sur la dotation
de ces deux organismes d’un syst è m e de veille à tous les niveaux pour préserver le produit
nat i o n a l . L’objectif
est «de maintenir l’équilibre et de compter sur
la production nationale sans créer la pénurie»,
a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agit d’une équation difficile .
Sur la même lignée, le chef de l’Etat a averti
de sanctions sévères quiconque importe des marchandises de l’étranger alors que
leurs équivalents sont produits en Algérie et stockées dans des
entrepôts. Les décisions prises par le chef de l’Etat obéissent en outre
à la logique de remédier à la faille constatée dans la nouvelle économie à
cause de certaines vieilles pratiques. «Ceci
d’autant qu’il existe encore ceux qui regrettent le
fait que les pratiques du passé, notamment le fléau de la
corruption, soient à jamais bannies», a affirmé le Président Tebboune,
assurant que les concernés ne représentent qu’une minorité
insignifiante. D’ailleurs, appuiera-t-il, « en dépit de la présence
d’Algex et de ses dinosaures, l’Algérie a accompli un
miracle en atteignant 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures», soulignant l’impératif de provoquer «un
sursaut» pour atteindre 10 milliards de dollars au titre de l’année en cours.
Il a appelé, en outre, à la création d’un nouveau climat d’affaires ainsi
qu’une nouvelle génération d’hommes d’affaires, afin de tourner la page du
passé douloureux marqué par les détournements et la corruption. «Il faut compter sur la jeunesse algérienne et sur les
start-up, car leurs mains sont propres de toute corruption, et ils sont en
train de réaliser des accomplissements dont nous pouvons être fiers», a-t-il
indiqué. D’un ton solennel, le président de la République a affirmé que
toute personne prétendant craindre la prison pour justifier sa lenteur dans ses
fonctions, «raisonne comme les corrompus et les saboteurs».
Sur un autre volet, le chef de l’Etat a aussi fustigé
«ceux qui ne veulent voir l’Algérie qu’en noir». «Pour
ceux-là, nous n’avons aucun remède pour lever le voile de leurs yeux», dirat-il. «Certains pays nous
critiquent, mais ils ne disposent pas de nos chiffres économiques, pourtant
impressionnants dans la région du bassin méditerranéen (…) Si les
institutions financières internationales ou continentales trouvaient une faille
dans nos chiffres, elles seraient les premières à nous critiquer», a-t-il
appuyé. Il a affirmé, par ailleurs, que l’argent détourné d’Algérie est
devenu «un facteur de protection pour ceux qui ont
causé du tort au pays et qui ont ensuite fui à l’étranger». Revenant sur les
réformes engagées par l’Etat pour améliorer le climat des affaires, simplifier
l’acte d’investissement et mettre à disposition le foncier, notamment dans le
cadre de la nouvelle loi sur l’investissement, le président de la République a
souligné que «l’Etat ne spécule pas sur les opérations
de vente de terrains destinés à l’investissement, mais contribue à faciliter
l’accès au foncier afin de favoriser la concrétisation des projets». Mettant
l’accent sur l’impératif de libérer l’initiative en matière d’investissement,
le chef de l’Etat a parlé de la création prochaine d’un guichet
unique, d’ici deux à trois mois, pour accompagner, encadrer et orienter les
projets d’investissement en vue de garantir une répartition équitable du
développement à travers le pays. «Ce guichet, qui
comptera des représentants de différents secteurs ministériels et des banques»,
«jouissant de toutes les prérogatives», apportera «une solution radicale» à
toutes les problématiques rencontrées par les porteurs de projets. Dans le
domaine de l’industrie, où l’Algérie a enregistré un bond qualitatif, le chef
de l’Etat à plaider en faveur de l’augmentation de la part de l’industrie dans
le PIB à 13-14 %. «Nous devons sortir l’Agence AAPI
d’une terrible contradiction : des dizaines de milliers de projets enregistrés
en l’absence de foncier pour leur réalisation», a-t-il insisté, précisant que
ladite agence «assume des charges audessus de
ses capacités».
Notes : -Evoquant le
partenariat algéro-européen, le chef de l’Etat a indiqué
que «les pays européens, qui sont des partenaires de
l’Algérie, ont accepté l’idée de la révision de l’Accord d’association, nous ne
leur demandons pas l’impossible». «Nous avons une très
bonne relation avec l’ensemble des pays de l’UE», a-t-il certifié, ajoutant à
l’adresse des opérateurs présents : «Vous faites partie intégrante de cette
révision.»
-«Il est honteux que le président de la République ait à parler du prix
de la pomme de terre… mais personne ne me forcera à en importer. Nous devons
maîtriser ses prix», a affirmé, par ailleurs, le
président de la République qui a rappelé que l’Algérie a économisé,
cette année, 1,2 milliard de dollars en atteignant 81 % d’autosuffisance en blé
dur. Le Président Tebboune a également encouragé les opérateurs économiques à «créer leur propre banque pour renforcer leur présence dans
l’administration», soulignant qu’«une fortune colossale est stockée dans des
caves — investissez-la dans la création de banques privées». Il a aussi
exhorté les concernés à investir dans la création de
compagnies maritimes de transport de marchandises.