CULTURE- MUSIQUE- KHELIFI
AHMED
Le 18 mars 2018 marquait la
disparition de Khelifi Ahmed, une figure emblématique
de la musique algérienne. Sept ans après sa mort, son héritage demeure intact,
témoignant de l'importance de son apport à la chanson saharienne et à la
culture populaire. Khelifi Ahmed, de son vrai nom
Abbas Ahmed Ben Aïssa, voit le jour en 1922 à Sidi Khaled, une localité ancrée
dans la tradition bédouine de la région d'Ouled Djellal. Dès son plus jeune âge, il est initié à l'art du
chant et de la poésie par son oncle maternel, un ancien chanteur du genre
saharien. Cette immersion précoce dans le patrimoine musical local l'amène à
accompagner son mentor lors de soirées de «madih» organisées à Messaâd,
Djelfa et Biskra. Cette formation traditionnelle lui forge une base artistique
solide, mais il finit par se séparer de son précepteur pour tracer sa propre
voie. Après une période d'errance marquée par des difficultés, Khelifi Ahmed s'installe à Ksar Chellala,
où il est accueilli par un menuisier passionné de musique. Travaillant comme
apprenti, il retrouve dans cet environnement un élan nouveau pour renouer avec
sa passion artistique. C'est à partir de 1943 qu'il prend son envol vers Alger,
où il intègre la radio durant la période coloniale ; un véritable tremplin pour
sa carrière musicale. En 1949, il pose les fondements d'un nouveau courant
musical au sein de la chanson saharienne, le genre «Eyey». À la fin des années 1940, il se produit dans
diverses villes algériennes. Son répertoire est marqué par des interprétations
magistrales des plus grands poètes du Malhoun, parmi
lesquels figurent Mohamed Ben Guittoun avec «Hiziya», Abdallah Ben Kerriou
avec «Gamr Ellil», et Cheikh Aïssa Ben Allal avec «Guelbi Tfakar Orbane
Rahala». Par ses compositions et ses interprétations,
il préserve et diffuse un art authentique qui renforce l'attachement des
Algériens à leur patrimoine. Son engagement patriotique s'exprime également à
travers les messages codés que ses chansons et celles de ses contemporains
véhiculent en soutien à la Révolution algérienne. Maître du «Eyey», Khelifi Ahmed
impose son style grâce à sa voix puissante. Son répertoire, nourri de poésie
populaire, explore des thèmes universels. Son talent est couronné par plusieurs
distinctions, dont la médaille d'or décernée lors du Festival de la chanson
arabe à Damas, en Syrie, pour son interprétation de «Kelemni ou nkelmek bel
téléphone», sur des paroles du grand Rabah Deriassa.
En Algérie, son apport exceptionnel à la musique traditionnelle lui vaut de
nombreux hommages. Son nom demeure indissociable de l'authenticité de la
chanson algérienne, et il est reconnu comme l'un de ses piliers